Musique et vin avec l'Orchestre d'Harmonie de la Région Centre

L'automne est le moment ultime des récoltes ; c'est notamment la période des vendanges.

Depuis le mois de septembre, ce furent de bien belles vendanges qui se sont déroulées à Châteaumeillant, et pas seulement celles du jus de la treille : d'abord, les manifestations, liées au Programme d'animations du réseau des bibliothèques du Cher intitulées « Les Raisins de la Culture », auxquelles Châteaumeillant a participé, nous ont offert :

• une journée portes ouvertes au musée Emile Chenon intitulée « Histoire d'une amphore vinaire & Travail de la vigne à travers les outils »
• puis une visite randonnée des « Cabinets de Vigne » autour de Châteaumeillant,
• enfin un concert de «Chansons autour du Vin » par le groupe « La Part des Anges » qui a enchanté le public nombreux du Pôle de l'Etang Merlin,

Tout cela en septembre et octobre.

La Communauté de Communes « Terres du Grand Meaulnes et Boischaut – Marche » ne fut pas en reste et a organisé, samedi 8 novembre, en l'église Saint Genès de Châteaumeillant, un concert intitulé « Musique et Vin » avec l'Orchestre d'Harmonie de la Région Centre (OHRC) qui, cette année, a préparé tout un programme musical en relation avec le vin.

Pour cet événement, la plus vaste église romane du Berry se remplit bien avant l'heure ; et c'est dans une église pleine à craquer que le concert commence. Un éclairage approprié met en lumière et en couleurs les voûtes et les chapiteaux qui n'ont jamais été aussi bien mis en valeur. Ainsi, lors des discours officiels qui précédent l'événement, lorsque vient le tour du Père Marie Laurent, en charge de la paroisse, il ne manque pas de faire, comme un clin d'œil, le souhait que les illuminations demeurent après la fin du concert. Toute l'architecture est sublimée par ces lumières rasantes et participera à l'enchantement qui va suivre.

En lever de rideau, c'est la Société Philharmonique du Châtelet qui se produit :

D'abord avec « Trois danceryes » de Claude Gervaise, compositeur de la Renaissance.

Des danses de la Renaissance interprétées par un Orchestre d'Harmonie, cela peut paraître incongru : un beau travail sur les sonorités et l'adjonction de deux vielles à roues (amplifiées pour que leurs voix intimes et subtiles ne soient pas noyées dans la masse sonore) font merveille ; en quelques mesures, les musiciens et leur chef, Gérard Remondin nous ont transportés quatre cents ans en arrière, à la cour de François 1er

Philippe Ferro, le chef de l'Orchestre d'Harmonie de la Région Centre (OHRC) prend alors le relais et l'Harmonie du Châtelet nous interprète une pièce de Robert Fienga, compositeur français très contemporain (né en 1955) intitulé « Gymnopedia » ; le clin d'œil à Erik Satie est évident : un tempo calme, des subtilités harmoniques et beaucoup d'humour qui font osciller la musique entre poésie et sourire.

Vient ensuite la « Sinfonia Classica » de Ted Huggens, musicien néerlandais qui se cache derrière un pseudonyme, mort il y a peu d'années, qui est un véritable petit concerto exécuté avec brio : L'Harmonie du Châtelet est ovationnée ; sa prestation est digne des grands.

L' Orchestre d'Harmonie de la Région Centre s'installe ensuite ; la différence d'échelle est flagrante : plus du double d'exécutants s'installent dans le chœur de l'église ; soixante-dix musiciens, tous jeunes ou très jeunes, professionnels, jeunes musiciens en cours de professionnalisation ou amateurs de bon niveau, mais tous sont bénévoles et travaillent ensemble pour l'amour de la musique. Tous les instruments sont représentés :

- les bois (flûtes, hautbois, bassons, clarinettes, saxophones),

- les cuivres (cors, trompettes, saxhorns, euphoniums, tubas),

- les percussions au grand complet.

Et les premiers sons enchanteurs emplissent l'espace et les voûtes avec le « Cortège de Bacchus » qui fait partie du ballet Sylvia de Léo Delibes. Tout y est : le défilé, les outrances des Bacchanales mais aussi la poésie champêtre.

Suivra un autre morceau en remplacement du « Silène » de Claude Pichaureau (autre musicien tromboniste et compositeur français) qui nécessitait une contrebassiste, absente, accidentée le matin même, nous a-t-on dit. (Espérons que rien de grave n'est arrivé) :

Il s'agit de « Ikiru Yoroboki » titre japonais signifiant « joie de vivre » … du compositeur français Roger Boutry (né en 1932, Grand Prix de Rome 1954, longtemps chef de l'Orchestre de la Garde Républicaine).

Ce second morceau suscite le même enthousiasme chez les auditeurs.

Un petit entracte d'un quart d'heures précède le gros morceau du concert : chaque année, l'OHRC s'attache à commander une œuvre auprès d'un compositeur.

Cette année, il s'agit du « Concerto Bacchique pour trombone et orchestre d'harmonie » qui suit l'entracte.

Le compositeur sollicité est Jean-Pascal Beintus : Ce jeune Français a composé pour les plus grands, notamment la Philharmonie de Berlin, l'Orchestre National de Russie, a fait des musiques de films pour lesquels il a reçu un Grammy Award, a au moins cinq œuvres de commande en chantier … et le tromboniste dédicataire n'est pas moins renommé : il s'agit de Fabrice Millischer qui a remporté de nombreux concours depuis le début de sa jeune carrière, notamment le Concours International de l'ARD de Munich et une Victoire de la musique classique en 2011.

L'œuvre est riche de rythmes endiablés, de moments de méditation, de sonorités pleines qui emplissent l'espace ou de dialogues plus intimes entre le clarinette solo, le hautbois, la flûte et le trombone capable de douceur exquise dans la sonorité, de rondeur qui caresse l'oreille et toujours d'une virtuosité vertigineuse. L'œuvre a des sonorités et des rythmes contemporains, mais qui, je pense, n'ont heurté personne dans l'assistance.

A la fin des trois mouvements que comporte ce concerto, le public applaudit à tout rompre.

Une dernière œuvre brillante intitulée « Bacchus on Blue Ridge » que l'on peut traduire par « Bacchus sur les Montagnes bleues » de Joseph Horovitz, compositeur anglais né en Autriche en 1926, terminera le programme ; œuvre brillante, elle avait bien sa place en fin de concert.

Bien sûr, nous réclamerons un petit instant musical supplémentaire : ce seront quelques minutes de musique ibérique brillante et virevoltante appelant de nouveaux applaudissements enthousiastes.

En un geste symbolique, Philippe Ferro tient à saluer et entraîner sur le podium Madame Mathieu, Conseillère Régionale, présente lors de ce concert.

Merci à tous, organisateurs, musiciens, chefs, petites mains des travaux de l'ombre pour ce moment exceptionnel que nous avons vécu.

On en redemande !

En attendant, on pourra être attentif à la date exacte à laquelle la Philharmonie du Châtelet donnera son concert annuel de Sainte Cécile et s'y rendre !

Vive le vin (à consommer avec modération, bien sûr) qui nous vaut de si beaux moments musicaux et que vive la musique, toujours, surtout lorsqu'elle atteint ces sommets !