Michel Cegarra à l'AREMC : L'Annonciation dans les peintures italienne et flamande entre les XIVe et XVIe siècles

Publié le par nous-en-boischaut-sud

Monter le chemin vers l'ancienne forteresse, dont il ne reste que les ruines de ses puissants murs de fortifications, puis en haut du coteau, pénétrer dans l'enceinte des jardins paisibles des bâtiments de l'AREMC (Association Régionale pour l'Expansion de la Musique et de la Culture) et, enfin, dans le beau salon de cet édifice aux parquets cirés où a lieu la conférence, vous met déjà en condition pour recevoir, avec toute l'attention et la disponibilité d'esprit nécessaire, la sensibilité et l'érudition qu'un tel sujet requiert.

La salle est comble ; une quarantaine de personnes très attentives assistent à cette conférence passionnante.

Michel Cegarra saura captiver son auditoire d'un bout à l'autre de son propos.

Diplômé des Beaux-Arts, titulaire d'une agrégation d'Arts Plastiques, ancien directeur du département des Beaux-Arts de l'Université de Lille III, Michel Cegarra a aussi étudié la littérature et la philosophie.

Ce ne sont pas moins de dix-sept œuvres qui seront projetées et commentées au cours de cette conférence : deux de Simone MARTINI, quatre de Fra ANGELICO, trois de Sandro BOTICELLI, une de Giovanni BELLINI, toutes essentiellement de tempera ou de détrempe sur bois ; à l'occasion, nous apprendrons que l'on réserve le terme de tempera pour les peintures dont les pigments sont liés et fixés à l'aide de blanc d'œuf ; lorsque l'on utilise la gomme arabique, on parle alors de détrempe. Passé le XVIe siècle, les artistes ont perdu la technique ; c'est le règne de la peinture à l'huile et la toile remplacera petit à petit le bois.

Toutes ces œuvres ont des points communs et répondent souvent à une vision théologique : on y trouve les paroles de l'ange directement écrites sur le tableau ou dans un phylactère, le jardin clos, symbole de la Vierge Marie et de sa virginité, souvent le tableau offre une vue du jardin d'Eden et d'Adam et Eve qui en sont chassés.

Michel Cegarra à l'AREMC : L'Annonciation dans les peintures italienne et flamande entre les XIVe et XVIe siècles

On reste proche de l'Icône qui dit le divin. Dans un certain nombre de ces tableaux, des parties importantes sont recouvertes de feuilles d'or ; la vibration aurifère est la manifestation de la divinité

Michel Cegarra à l'AREMC : L'Annonciation dans les peintures italienne et flamande entre les XIVe et XVIe siècles

Dans une des Annonciations de Fra Angelico (celle du couvent San Marco de Florence), l'ange possède des ailes prodigieuses telles celles d'un papillon : on est encore dans le merveilleux de l'église primitive

Michel Cegarra à l'AREMC : L'Annonciation dans les peintures italienne et flamande entre les XIVe et XVIe siècles Michel Cegarra à l'AREMC : L'Annonciation dans les peintures italienne et flamande entre les XIVe et XVIe siècles

Celle de Fra Angelico, actuellement au musée du Prado à Madrid, qui est un retable avec prédelles (les petits tableaux situés au dessous de l'œuvre) est une détrempe sur panneau de bois

Tandis que le grand tableau présente la voie officielle de l'église, les prédelles sont l'expression d'une mystique populaire.

Pour les Flamands, nous admirerons les Annonciations de

Hubert et Jan VAN ECK,

Michel Cegarra à l'AREMC : L'Annonciation dans les peintures italienne et flamande entre les XIVe et XVIe siècles

Rogier VAN DER WEYDEN

Michel Cegarra à l'AREMC : L'Annonciation dans les peintures italienne et flamande entre les XIVe et XVIe siècles

et Robert CAMPIN (Le Maître de Flémalle)

Michel Cegarra à l'AREMC : L'Annonciation dans les peintures italienne et flamande entre les XIVe et XVIe siècles

Dans la peinture flamande, on trouve toujours une grande précision des décors et des costumes ; on peut reconstituer le mobilier ...

Par opposition aux décors symboliques des Annonciations des peintres italiens des XIVe et XVe siècles, les tableaux flamands montrent la scène insérée dans le monde citadin des marchands que l'on devine par les ouvertures et les fenêtres

Les donateurs apparaissent également en pied sur les bords du tableau ou du retable

Nous terminerons par des œuvres un peu plus récentes qui s'éloignent petit à petit des codes plus anciens :

- d'abord l'énigmatique Vierge de l'Annonciation d'Antonello de Messine ;

Michel Cegarra à l'AREMC : L'Annonciation dans les peintures italienne et flamande entre les XIVe et XVIe siècles

C'est une œuvre mystérieuse ; l'ange est parti, la Vierge est sortie de la scène ; elle est perdue dans son émotion intérieure. Antonello a joué un très grand rôle dans l'installation de la peinture à l'huile

- puis l'œuvre déjà baroque du Titien, huile sur toile de l'église San Salvatore de Venise qui date de 1560 ou 1565

Michel Cegarra à l'AREMC : L'Annonciation dans les peintures italienne et flamande entre les XIVe et XVIe siècles

Le XVIe siècle connaît beaucoup de bouleversements ; le monde devient « rond » avec Copernic et Gallilée ; une grande angoisse traverse toute la peinture : il n'y a plus de dessin préalable ; le pinceau peint et dessine ; on ressent la fougue du pinceau dans cette œuvre qui met en scène une nuée d'anges et où le Saint-Esprit traverse tout ; il y a volonté d'exaltation de la foi, irruption du sacré dans l'humain,

- et enfin celle du Tintoret, huile sur toile également, de la Scuola Grande di San Rocco peinte entre 1582 et 1585 Tintoret fut élève du Titien.

Michel Cegarra à l'AREMC : L'Annonciation dans les peintures italienne et flamande entre les XIVe et XVIe siècles

La scène de l'Annonciation a lieu dans un lieu très pauvre.

On peut noter la présence de Joseph, à gauche, dans ce monde matériel chaotique et miséreux.

Merci à Michel Cegarra pour nous avoir permis de comprendre et appréhender un peu mieux cette peinture au travers du thème de l'Annonciation !

Le vendredi 22 mai prochain aura lieu, dans ce même cadre, une nouvelle conférence sur le thème de l'Adoration des Mages.

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