Culture du safran à Nouzerines
Ce mercredi 9 octobre, Châteaumeillant Nature nous avait donné rendez-vous au Verger sur la commune de Nouzerines pour la visite de la ferme des « Terres de Haute Marche ». C’est une soixantaine de personnes qui ont été reçues avec beaucoup de gentillesse par Grégory Guérinet qui exploite cette ferme depuis un à deux ans.
Cette exploitation repose sur trois productions :
- l’élevage de volailles de race limousine,
- l’élevage de chevaux pur sang arabes,
- et bien sûr la culture du safran.
Pour son élevage de volailles, Grégory a choisi une race locale, la race limousine. La couleur de cette race n’est pas stabilisée, la couleur bleue (grise), la plus recherchée, est issue d’un croisement entre une race noire (à caractère dominant et qui est à la base de toutes les races noires locales, dont la noire du Berry) et une race blanche ; ainsi une couvée dont les deux parents sont bleus pourra donner naissance à des poulets blancs, des poulets noirs et des poulets bleus.
Cette race très rustique est une pondeuse moyenne (150 œufs par an) et seuls les coqs ont une carcasse intéressante pour la chair. Ces volailles sont donc essentiellement vendues vivantes comme volaille de race, pour le reste, les carcasses sont valorisées dans des préparations utilisant le safran.
Concernant l’élevage de chevaux, Grégory a une longue expérience de soigneur, son élevage s’appuie sur un étalon pur sang arabe. Actuellement deux poulinières sont présentes sur l’exploitation : une pur sang arabe et une trotteuse. Le pur sang arabe, le cheval du désert, se caractérise par sa très grande résistance.
Les poulains sont gardés jusqu’à l’âge de trois ans lorsqu’ils sont débourrés.
Pour la culture du safran, nous sommes arrivés trop tôt dans la saison, cette année, la végétation a trois semaines de retard et juste quelques pousses de safran sortent de terre, mais nous aurons droit aux explications.
Les bulbes sont plantés en été, espacés de 15 cm en tous sens. La végétation n'apparait qu'en hiver à partir d'octobre (pas de végétation au printemps). Les bulbes supportent un gel jusqu'à – 15°C sans protection en dessous un bâchage est nécessaire, mais la neige peut servir d’isolant. Ils sont productifs 4 ans, ils se multiplient rapidement et doivent être séparés pour leur éviter l'étouffement et les maladies.
La fleur apparaît avant le développement des feuilles. Il y a 3 fleurs par bulbe. Lorsque la fleur s’ouvre, apparait un pistil présentant trois fourches, chacune se terminant par un stigmate cramoisi, voici l’épice.
La récolte s'étale sur 1 mois, les pistils sont ramassés tous les jours, à la mi journée. Les fleurs sont cueillies et les stigmates coupés manuellement avant d’être séchés au four à 40°C. Si possible les trois stigmates sont cueillis reliés ensemble pour permettre l’identification et éviter les fraudes. Après séchage, le safran peut se conserver 2 à 3 ans à l’abri de la lumière.
150 000 fleurs produisent 1 kg de safran (pistil) valant 30 000 € le kilo, c’est essentiellement le prix du travail (ramassage à la main, aucune mécanisation possible, désherbage à la main en période de végétation) soit 25 fois le SMIC.
Sur la ferme des Terres de Haute Marche », la production de safran en est à sa troisième année, l’année dernière, Grégory a récolté environ 80g de safran sur ses 1500m2. Cette année, il pense doubler sa récolte. Une floraison à 100% correspondrait à 30 000 fleurs.
Actuellement cette épice est valorisée en produits transformés : confitures (réalisées avec les fruits récoltés sur la ferme dans lesquelles on incorpore une infusion de safran) et jus de pomme dans lequel est inséré un stigmate de safran.
Justement nous retournons à la ferme pour la dégustation : confitures de mirabelles, de framboise, jus de pomme, le tout au safran.
Dans ces préparations, le safran sert essentiellement d’exhausteur de goût, il dilate les papilles et permet de mieux apprécier les arômes.
Ces produits ont dû être très appréciés car les achats furent nombreux !
Merci à Nadine