Fanchette par les Sonneurs de la vallée noire
Ce dimanche 24 novembre, les Sonneurs de la Vallée Noire présentaient leur nouveau spectacle à la salle des fêtes de La Châtre. Les Sonneurs de la Vallée Noire ? C’est maintenant une cinquantaine de musiciens, des danseurs, dont beaucoup de jeunes, ce qui donne une sacrée présence sur scène.
Mais ce groupe, à l’instar d’autres groupes folkloriques, a beaucoup évolué. Aujourd’hui, ce n’est plus un spectacle de musique et de danse folkloriques qu’il nous présente mais une véritable adaptation théâtrale, incluant certes musiques et danses traditionnelles berrichonnes mais le projet est beaucoup plus ambitieux.
Cette année, ils nous mettent en scène une George Sand justicière, défendant les plus basses classes sociales face aux mépris des autorités, s’indignant et faisant éclater le scandale.
Pour cela Les Sonneurs de la Vallée Noire se sont emparés d’un épisode assez peu connu des écrits de George Sand, datant de 1843, dans lesquels elle prend la défense de Fanchette, une « idiote » (aujourd’hui on dirait une handicapée mentale) indignement traitée par l’hospice de La Châtre. A partir de là, elle met en cause la complicité des autorités religieuses, judiciaires et préfectorales et prend à témoin l’opinion à travers son journal « La Revue Indépendante ».
Voici l’histoire (véridique) : Fanchette, une fille d’environ 15 ans ne parle pas, bien qu’elle ne soit ni sourde ni muette ; on ne sait d’où elle vient. Un médecin la confie à l’hospice de La Châtre, mais celui-ci, dans le plus grand secret, décide de s’en débarrasser et la confie, contre monnaie, à un voiturier pour qu’il l’abandonne dans la région d’Aubusson. Fanchette sera retrouvée par la police, quelques temps plus tard, dans un cirque de bohémiens, à Riom.
Autre scandale, l’affaire se conclue par un non-lieu judiciaire. C’est là que George Sand s’empare de l’affaire. Elle démonte point par point les arguments du procureur, montrant la volonté délibérée de l’hospice de perdre la jeune fille. George Sand cherche à éditer une brochure sur place pour tenter d’émouvoir la population, mais elle se heurte aux pressions préfectorales sur les imprimeurs locaux. Finalement elle doit faire appel à un imprimeur parisien.Elle récupère cependant une somme suffisante pour héberger cette pauvre Fanchette à l’asile de Châteauroux.
A partir de cette affaire, dont l’écriture n’a rien d’une pièce de théâtre, les Sonneurs ont réalisé une pièce avec une récitante, très juste, dans le rôle de George Sand rédigeant ses lettres.
Les scènes tirées du récit (à noter en particulier les scènes du cirque bohémien) s’intercalent avec des scènes de village où nos paysans commentent l’affaire, (à noter la prestation de Jules Michaud qui prête main forte aux Sonneurs).
Mais bien sûr, les Sonneurs de la Vallée Noire ne sont pas une troupe de théâtre comme les autres ; ils nous délivre également tout leur savoir faire en matière de chants et de danses berrichonnes.
En final, le pays d’Aubusson, où a été perdue Fanchette, est évoqué par la chanson-hymne des maçons de la Creuse.
A saluer le magnifique travail de cette troupe. Le public ne s’y est pas trompé : plus de 1100 spectateurs ont applaudi ce spectacle lors des quatre représentations à la salle des fêtes de La Châtre.