Baudelaire au Magny
La saison poétique au Magny a débuté ce dimanche 19 janvier par une lecture-concert de poèmes de Baudelaire. Ce spectacle était assuré par la Compagnie « Pace » de Bourges.
Un spectacle basé sur des poèmes de Baudelaire, n’est-ce pas un peu aride ? Eh bien pas du tout ! D’abord la Compagnie Pace avait choisi les « Petits poèmes en prose », ces poèmes courts, finement ciselés, permettent de donner du rythme au spectacle. Et si Baudelaire n’a pas la réputation d’un joyeux luron, ces poèmes relèvent aussi de l’humour noir et la Compagnie Pace a plus insisté sur le côté humour que sur le coté noir.
Au-delà des faciles récriminations de l’artiste incompris par le public «à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l’exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies. » ( Le chien et le flacon), Baudelaire exprime tout de même un doute sur son génie : « accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers qui me prouvent à moi-même que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise ! » (A une heure du matin)
On découvre ainsi l’homme aux prises avec la société, à ses problèmes de communication dans le couple et se réfugiant dans ses rêves « Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. » (Les fenêtres) peut-être nonchalant « Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ? » (Les projets).
Enfin le conseil pour devenir un grand poète : « Enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »
Ce fut donc un spectacle plein d’intelligence et d’humour merveilleusement présenté par quatre acteurs de la compagnie, accompagnés à la clarinette de mélodies inspirées notamment des cafés-concerts.
Et merci en plus à la municipalité du Magny pour le délicieux gâteau aux pruneaux à la fin de la représentation.