Rencontres théâtrales à Châteaumeillant
Jean Paul Zennacker a accueilli, pendant une dizaine de jours, quinze comédiens professionnels dans son « Domaine de l’Acteur ». Ils venaient de Paris, de la région parisienne ou de la région Centre ; ils ont travaillé ensemble dans le cadre d’un stage d’entrainement ; au programme : Georges Courteline.
Pourquoi Courteline ? S’il faut bien sûr, cette année, commémorer le centenaire de la Grande Guerre, nous n’allons pas rester sur les atrocités de la période. Détendons-nous également et savourons le regard caustique que ce grand maître du vaudeville portait sur la société bourgeoise de cette époque.
Ce samedi 16 aout, nos quinze comédiens professionnels venaient à la rencontre du public dans la salle des fêtes de Châteaumeillant.
Le spectacle commence par une mise en bouche, dans l’intimité d’un coin de la grande salle ; une mise en scène des plus sobres : une table, deux chaises ; le face à face de deux acteurs, et voici la lecture théâtralisée de trois saynètes de Courteline.
Nous commençons avec « Un mois de prison », échange épistolaire savoureux entre une dame accusée de détournement de mineur et un député ; texte et jeu vont crescendo, tout en finesse, jusqu’à la dernière réplique : cruel coup de griffe au monde politique.
Suit « Monsieur Badin », saynète drôle et fraiche sur la vie de bureau ; coup de patte à l’administration certes, mais de nos jours, on peut également trouver à ce texte des aspects beaucoup plus moderne lié au stress généré par le travail.
Enfin « Les grues » nous présente une approche très marketing du métier.
Ces trois textes, très courts, sont des sprints pour nos acteurs, gestuelle et attitudes se doivent de camper immédiatement les personnages ; pas de temps mort !
Nous nous relevons de ce sprint pour rejoindre le buffet campagnard préparé par Festiv’Val : excellents les champignons et fonds d’artichaut farcis ; et puis le jambon à l’os ...
Pour la deuxième partie du spectacle, ce sont plus de 140 spectateurs qui ont rejoint la salle des fêtes. Sur scène nous retrouvons Georges Courteline et nos acteurs dirigés par JP Zennacker pour trois courtes pièces en un acte.
D’abord voici « Le gora », pièce basée sur les pataquès d'une jeune écervelée. Une occasion pour Courteline de se moquer de la bourgeoisie, entre bêtise des uns et suffisance des autres. Une dispute conjugale naît à partir d’une simple faute de liaison entre deux mots, mais peut-être est-ce la fin d’une autre liaison ! Nous approchons du burlesque.
Puis « Le commissaire est bon enfant ». Le commissaire de police voudrait bien avoir la paix, mais il est sans cesse importuné. Folie du pouvoir, perversité, méchanceté gratuite, voici un mélange de gaité et de noirceur bien typique de l’humour désabusé et sans concession de Courteline. Nous entrons dans le domaine de l’absurde et tout le monde en prend pour son grade.
Enfin « Gros chagrins » : un gros chagrin qui va des larmes aux rires et des rires aux larmes. Courteline met en scène deux bourgeoises du début du siècle, présentant un tableau misogyne de la légèreté féminine de l’époque ; mais nous l’avons vu, les hommes ne sont pas mieux lotis.
Fin du spectacle.
Autour d’un verre, les spectateurs ont l’occasion de remercier les acteurs pour la qualité de leur prestation et de s’étonner de la rapidité avec laquelle ils ont pris en main l’ensemble de ces textes ; de leur côté, les acteurs nous ont souligné le professionnalisme, les qualités de pédagogue et les qualités humaines que JP Zennacker a montrés au cours de ce stage.
Malheureusement cette « Rencontre festivale » se termine ; nous ne pouvons que regretter la réduction du format de cette rencontre par rapport aux éditions précédentes, ce qui ne nous a pas permis, cette année, de retrouver Jean Paul Zennacker sur scène.
Cette soirée sera rééditée, le 22 août prochain, à Epineuil-le-Fleuriel.