Architecture romane et vitraux contemporains avec la Grange aux Verrières.
Rendez-vous à l’église St Martin d’Ardentes pour le départ du nouveau circuit « Architectures romanes, vitraux contemporains » organisé ce 30 aout par les amis de la Grange aux Verrières ». Attention, il s’agit bien de la petite église de St Martin et non de l’église principale !
Les explications nous sont données par Christian CRIBELIER pour la partie architecture et Jean MAURET , pour la partie vitrail.
St Martin d’Ardentes était en quasi état d’abandon lorsque sa restauration fut entreprise dans les années 1990. C’est une charmante petite église prieurale du début du 12ème siècle, avec une façade ouest au décor simple et un large portail au nord. L’intérieur comporte des chapiteaux assez grossièrement sculptés. A l’intérieur nous reconnaissons le style de Jean Mauret sur l’ensemble des vitraux, le regard est tout de suite attiré par le vitrail bleu dans la chapelle sud.
Pour la restauration l’ensemble des vitraux était à réaliser. L’occasion pour Jean Mauret de nous présenter les différentes étapes de sa réflexion lors de la prise en charge d’un tel projet. Au départ est une réflexion sur l’ensemble de la structure avec les tons et les formes dominants (l’idée du point bleu était là depuis le départ), ensuite est réalisé le dessin au 1/20 qui sera présenté aux décideurs, mais la réflexion et les dernières modifications se poursuivent jusqu’à la réalisation finale (qui ne sera donc pas strictement identique au projet présenté).
Jean Mauret nous expose également sa conception du vitrail : interface par laquelle la lumière pénètre dans l’édifice. L’objectif est de faire « vibrer » cette lumière pour qu’elle participe à la spiritualité du lieu, en notant bien que la lumière est éminemment variable !
Ici, avec ce vitrail bleu ou ces autres vitraux plus clairs, dans cette lumière du matin, ce schéma fonctionne parfaitement.
Sassierges St Germain
L’église de Sassierges St Germain est également du 12ème siècle. Plus haute que celle d’Ardentes, la structure a dû faire face à des poussées plus importantes. Des renforts massifs ont été ajoutés pour maintenir la voûte.
A l’intérieur, des vitraux de la 2ème moitié du 19ème siècle, âge d’or du vitrail en France. Ces vitraux figuratifs sont très didactiques, ils peuvent créer une atmosphère spirituelle forte pour les personnes de culture catholique. A cette époque, où la demande en vitraux de la part de l’Eglise était très importante, se sont créés d’importants ateliers spécialisés où œuvraient de véritables spécialistes de la peinture sur verre ; le vitrail est essentiellement un travail de peinture.
Ambrault
Nous poursuivons vers Ambrault où l’église n’a rien de roman : la nef est moderne et le chœur est du 13ème siècle. Sur le fronton ouest, un vitrail, de Jean Mauret, très différent de ceux que nous lui connaissons : une œuvre de jeunesse, qu’il ne renie pas même s’il le réaliserait très différemment aujourd’hui ! D’autres vitraux contemporains dans la nef, différents également mais pas inintéressants. Le principe est assez similaire à celui recherché actuellement par Jean Mauret : utiliser des motifs géométriques pour créer une émotion qui transcende l’intellect, contrairement à l’utilisation de motifs figuratifs ou abstraits.
Les vitraux du chœur sont du 19ème siècle. La qualité technique laisse à désirer, le dessin s’efface, probablement à cause de cuisson insuffisante.
Vouillon
La petite église de Vouillon est curieuse avec son aspect asymétrique. C’est une reconstruction à partir d’une grande église abbatiale existant primitivement sur le lieu et comportant un clocher-porche. Cette église étant ruinée, une reconstruction a été réalisée à partir des structures restantes, une partie du flanc sud de l’ancienne église a été abandonnée.
A l’intérieur, le sol fortement surélevé donne à voir le haut des chapiteaux à hauteur d’homme ! Très décorés, ils sont d’autant plus intéressants ; à noter également une vierge à l’enfant réalisée dans un style naïf assez amusant.
Le chœur de l’église donne sur une petite place herbue et ombragée, l’endroit idéal pour notre pique-nique !
Vouillon possède également une lanterne des morts, probablement du 12ème siècle. Cet édifice était placé dans, ou à proximité, du cimetière. Une lanterne était fixée au sommet et éclairait le lieu (symbolisme de la lumière). Ce type de monument était répandu dans l’Aquitaine (au sens large) ; une particularité de l’édifice de Vouillon : il est carré alors que les lanternes des morts sont généralement cylindriques.
Bommier
Pour la visite de l’église de Bommier, nous étions accompagnés par Mr le Maire qui nous a rejoint à Vouillon. La commune a entrepris des restaurations dans les bâtiments annexes à l’église, des fouilles archéologiques préventives sont en cours et Mr le maire est très au fait des découvertes qui ont été réalisées.
L’église de Bommier est une église prieurale du 12ème siècle, elle est située sur un terrain en pente et cette déclivité se retrouve à l’intérieur de l’édifice. Elle comporte des passages berrichons et les piliers de la croisée du transept supportent de beaux chapiteaux historiés. Une coupole octogonale est posée au-dessus.
Cette église a été souvent restaurée au cours des siècles et il est difficile de comprendre quelle en était la structure à l’origine.
Les chapelles latérales comportent des vitraux de 1850, c'est-à-dire du tout début de l’époque du renouveau de l’art du vitrail ; à ce titre, ils sont importants à conserver comme témoins de l’art du vitrail de cette époque charnière.
Une autre particularité est la présence de stalles sculptées, du début du 16ème siècle. Ces stalles n’étaient pas initialement destinées à l’église de Bommiers mais à un ancien couvent des Minimes tout proche ; elles ont été transférées dans cette église avant 1790. Elles doivent être très prochainement restaurées.
Chézal Benoit
Nous arrivons devant l’imposante basilique de Chézal Benoit. Pourtant cette basilique était encore beaucoup plus imposante à l’origine puisque seule la nef est encore présente : l’effondrement du clocher a entrainé dans sa chute tout le chœur.
Nous sommes là en présence d’un édifice de grande ampleur dont l’architecture est finement ouvragée. L’intérieur de cette vaste nef comporte de nombreuses stalles décorées, certaines comportant des motifs coquins !
Lors de la restauration dans les années 1990, l’ensemble des vitraux a été réalisé par Jean Mauret. La façade côté ouest comporte de larges verrières, avec des vitraux très colorés, tandis que les vitraux des faces sud et nord ont des colorations plus discrètes.
Pour ce travail, comme dans beaucoup d’églises romanes, Jean Mauret a voulu souligné la géométrie des ouvertures de l’édifice.
Il nous explique, échantillons de verres à l’appui, les techniques du maître verrier ; pour sa part, il utilise beaucoup des verres plaqués comportant une fine couche colorée déposée sur un verre clair, le dessin est obtenu par élimination du verre coloré sur certaines surfaces, par meulage ou par attaque acide. Cette technique permet « d’extraire » la lumière du vitrail et, si on pourrait obtenir le même résultat par la peinture, l’approche est différente.
Ce circuit est terminé mais une visite de la Grange aux Verrières est toujours possible jusqu’au 5 octobre à St Hilaire en Lignières.