Une veillée d’hiver à Culan
Les ballades de notre nouvelle grande communauté de communes, le sud du département du Cher, faisaient étape à Culan le 6 février pour une veillée musicale aux couleurs de l’ailleurs.
Le ton est donné d’emblée avec une samba interprétée par une Fabienne Magnant à la guitare, totalement pénétrée par sa musique et un François Kokelaere aux percussions, très expressif sur sa conga : nous voici tout de suite à Rio.
Au Brésil se mêle un peu de l’Afrique dans les choros, ces musiques populaires jouées le plus souvent dans la sphère privée. On y trouve un bel équilibre entre les deux instruments, une percussion tout en douceur qui se fond dans le jeu de la guitare : pas facile que la puissance de la percussion n’écrase la mélodie de la guitare !
François Kokelaere varie les percussions : après la conga d’Amérique latine, la tumba africaine s’offre un petit concerto avec la guitare jouée désaccordée ; la sanza, petit lamellophone, un piano à pouce pourrait-on dire, est utilisée tout en douceur, parfois simplement en caressant la caisse de résonance ; le sikko, tambour carré, a été modifié en insérant des cordes de guitare dans la caisse de résonnance pour apporter un effet de sonnailles.
Après cet aperçu, Fabienne Magnant délaisse sa guitare classique, pour la viola caïpira : guitare à dix cordes, d’origine portugaise. Utilisée à l’origine à des fins religieuses, elle est devenue l’instrument emblématique de la musique populaire brésilienne, notamment du Nordeste, avec ses cinq cordes métalliques doublées.
Le solo de viola interprété par Fabienne Magnant nous montre une très belle sonorité, assez différente de celle de la guitare, raffinée, peut être plus proche de la mandoline. Cette interprétation nous permet d’apprécier le grand professionnalisme de Fabienne avec une belle précision du toucher. Le public a lui aussi beaucoup aimé !
De son côté, François Kokelaere nous présente un berimbau, arc musical, sans doute d’origine préhistorique, additionné d’un résonateur, et dont la corde est frappée avec une baguette ou frottée avec un galet. Nouveau solo pour nous montrer toutes les possibilités de cet instrument dont les vibrations évoluent également en fonction de la position du résonateur par rapport au corps du musicien. François Kokelaere va encore chercher d’autres vibrations en bougeant l’instrument dans l’espace, tandis qu’il tient des hochets, comme sonnailles, dans l’autre main ; impressionnant !
Voilà, nous avons découvert ces instruments étranges qui reposaient sur la scène lors de notre entrée. Maintenant nous assistons à un récital de duos viola/berimbau, tous composés par Fabienne. Elle nous fait ainsi voyager du Nordeste à Sao Paulo avec quelques incursions africaines ; superbe ; à noter à chaque fois le soin apporté aux finales.
Le public en redemande, mais, pour le bis, les artistes acceptent de jouer à condition que le public participe. Bon, tout le monde fait un effort, même si tous ne sont pas d’excellents musiciens !
Après le concert, les artistes s’ouvrent au dialogue avec le public pour parler de leurs instruments et de l’interprétation de leurs duos dans lesquels le sens du rythme est primordial, les instruments se répondent jusqu’à ce que leurs univers respectifs fusionnent … et cela prend du temps !
Une caractéristique de ses musiques populaires par rapport aux musiques « classiques » est l’omniprésence de sons grésillant, de sonnailles, qui perturbent les sons purs, étirent le tempo, donnent de l’espace à la musique…
Une très belle soirée à Culan grâce à nos deux artistes dont la complicité sur scène avec leurs deux instruments nous a enchanté.