Ecoutez voir ces thiaulins !
Le vendredi 7 aout, à la tombée de la nuit, dans la cour du château du Plaix, c’était la dernière conférence « Ecoutez voir » de la saison, proposée par les Thiaulins de Lignières.
Plutôt qu’une conférence, Mic Baudimant et Romain Personnat nous ont proposé une projection d’images commentée, en relation avec l’exposition présentée tout l’été au château : la traction animale.
Commençons par l’animal roi de la traction : le bœuf.
La documentation ne manque pas : déjà des représentations d’attelages de bœufs sont gravées dans la vallée des Merveilles. Elles ont entre 4000 à 5000 ans ; ce thème est repris par des artistes locaux comme Maurice Sand ou Fernand Maillaud puis par des photos. On nous montre des animaux plutôt petits (l’amélioration des races ne date que de la fin du 19ème siècle).
D’une force impressionnante, les bœufs sont utilisés en attelage de 2, 4, 6 ou 8, pour tous les travaux de force : du labour aux foins, de la moisson à la batteuse. Toujours appairés avec le même compagnon, en Bas Berry, ils sont aiguillonnés par le « touchoir », longue perche de bois (ailleurs on peut se servir du fouet) et si l’un des bœufs vient à mourir, l’autre décline rapidement.
C’est également une paire de bœufs qui tire le corbillard, et lorsque les bœufs s’arrêtent cela signifie que le mort réclame une prière, tout le monde s’exécute. Ainsi fut enterré Roger Pearron, le fondateur des Thiaulins.
Un nombre impressionnant de bœufs se retrouve dans les foires, dont les plus célèbres, comme à La Berthenoux, drainent des foules immenses d’animaux et de gens, des foires où s’échangent non seulement des animaux mais également des idées ; ainsi progressera l’agriculture au 19ème siècle.
Dans ces foires, à côté des bœufs, les autres vedettes sont les chevaux, notamment à Baugy ou à Chénerailles. Les chevaux à vendre arrivent la queue parfaitement tressée ; la tresse sera dénouée lorsque la vente sera conclue. L’acheteur aura acheté un simple licol de toile pour emmener son nouveau cheval tandis que le vendeur repartira avec le licol de cuir.
Les chevaux qu’on y voit ne sont pas toujours d’excellente qualité mais progressivement, les petits chevaux berrichons, « brandins » (se nourrissant en liberté dans les brandes) sont améliorés par l’apport de percherons. Toujours, ils font la fierté de leur propriétaire, qui les monte en amazone.
Les haras nationaux ont été un élément clé de l’amélioration de la race. Lignières en était un centre important et le défilé des étalons, le dimanche matin était très suivi.
L’armée, avec le régiment d’artillerie de Bourges, suit de près l’élevage et le commerce de chevaux pour la remonte.
Pour les plus modestes, l’âne est le cheval du pauvre. Leur commerce est ici dominé par les Manouches qui font circuler leurs troupeaux de la Creuse jusqu’à Orléans. A côté d’eux, les marchands d’ânes de Lignières sont réputés. Comme de 1890 à 1940, chacun veut posséder son lopin de terre, pour les tout petits propriétaires, faute de pouvoir acheter un cheval, l’âne est indispensable pour l’ensemble des travaux.
L’âne est également utilisé comme animal de renfort pour aider les attelages de bœufs ou de chevaux à monter une côte particulièrement difficile, voire, sur certaine gravure, à aider la femme à tirer la charrue tandis que l’homme la conduit !
La mule est, elle, fondamentalement un animal de bât. Elle est très largement utilisée par l’armée mais également par les forges : ainsi les forges de Tronçais, dans les années 1860, commandent 900 mules !
Les chiens ont également servi comme moyen de traction. Si de nombreux témoignages existent, peu de photos ont été retrouvées, nous n’en parlerons donc pas.
Mais dès le début du 20ème siècle, la motorisation sonnera petit à petit le glas de la traction animale. Un autre monde se met en place, un monde qui a également ses avantages : le nombre d’accidents avec la traction animale était beaucoup plus important que maintenant !
Ainsi se poursuit la conférence, avec un public très à l’écoute, intervenant très fréquemment pour commenter, apporter une précision, une nuance ; un public de connaisseurs, un public passionné.
Il fait maintenant nuit noire sur le château du Plaix, la conférence proprement dite se termine, la discussion reprend en petits groupes autour d’un verre.
Vous n’avez pas pu assister à cette conférence, en voilà un aperçu, maintenant il vous faut aller voir l’exposition au château du Plaix :