Mauprat : une création théâtrale à Châteaumeillant
C’est à une véritable création théâtrale à laquelle nous avons assisté le 15 aout à Châteaumeillant pour la finale du Festival Acteurs en Berry 2015.
Jean Paul Zehnacker a repris « Mauprat », le roman et la pièce de théâtre de George Sand pour en faire une nouvelle œuvre théâtrale.
Il a investi la salle Georges de Vandègre, créée une grande scène sur toute la largeur de la salle, divisée celle-ci en différentes pièces accessibles au regard des spectateurs à travers une fille grille transparente, et l’a décorée avec l’aide de M. Smajda et B. Bardelot.
Mauprat reprend les thèmes favoris de George Sand : l’impérieuse nécessité de l’éducation, ses convictions sociales, la défense de la condition féminine …
L’action se déroule dans une géographie bien connue ici : entre le château de Ste Sévère, celui de la Roche Mauprat (la Roche Guillebeau) et la Tour Gazeau. La pièce se présente comme le récit que fait Bernard de Mauprat (J.P. Zennacker) à la fin de sa vie à sa confidente (Christine Le Serbon).
Au départ, Bernard de Mauprat, entraîné par ses oncles (les « mauvais » Mauprat, du château de la Roche Mauprat), est un être frustre, violent. Il rencontre par hasard sa cousine Edmée (Deborah Coustols), des « bons » Mauprat du château de Ste Sévère, et en tombe follement amoureux. Accueillie à Ste Sévère par le père d’Edmée (Pierre Hentz), celle-ci n’accepte de l’épouser qu’à condition que lui-même accepte de s’éduquer, l’éducation selon elle étant celle du cœur et de l’esprit, non l’apprentissage de règles toutes faites. Il y parviendra grâce à l’abbé Aubert et à Patience (Hervé Jouval ) adepte des théories rousseauistes. George Sand montre au passage que l’éducation est possible pour tous et est susceptible de renverser les équilibres sociaux. Bernard de Mauprat luttera avec La Fayette pour l’indépendance de l’Amérique avant de revenir en Berry demander la main d’Edmée.
George Sand montre dans cette pièce une Edmée maitresse de son destin, se mariant selon sa volonté et ses sentiments, elle incarne un modèle de femme idéale selon George Sand.
Face à JP Zennacker au jeu toujours aussi solide, Deborah Soustols a fait beaucoup mieux que tenir le choc ; par sa prestance, son regard, sa voix, elle éclate et impose avec force son personnage, le véritable premier rôle de cette pièce. Pierre Hentz et Christine Le Serbon mettent toute leur expérience au service de rôles tout en douceur, tandis que Hervé Jouval se permet de jouer avec beaucoup de subtilité deux personnages au caractère fort différent : d’une part l’abbé, plutôt de cour, d’autre part l’ermite très indépendant.
C’est ainsi devant plus de 200 spectateurs enthousiastes que c’est terminé le 4ème Festival des Acteurs en Berry. A la sortie de cette création, le public bruissait de commentaires de satisfaction.
D’année en année la qualité des spectacles de ce Festival se maintient à un niveau d’excellence, et le public se développe toujours. Même dans nos zones rurales, le public du théâtre ne se limite donc pas aux pièces les plus faciles, les pièces classiques et sérieuses sont parfaitement acceptées à condition que la qualité soit au rendez-vous. Merci Mr Zehnacker pour cette leçon.