A Felletin en autorail avec Châteaumeillant Nature
Sept heures et demie du matin le 10 septembre, sur le champ de foire de Châteaumeillant, pas de retardataire, on a un train à prendre ! Tous dans le car et direction la gare de Guéret. Là nous sommes accueillis par un représentant de l’association « L’autorail Creusois » pour une visite touristique jusqu’en gare de Felletin. L’autorail X2800 est à quai, embarquement immédiat.
Et c’est parti à toute allure jusqu’à la gare de Busseau sur Creuse avec un guide passionné et intarissable sur tout ce qui touche à la voie ferrée et à la région que nous traversons.
La gare de Busseau mérite un arrêt pour nous parler du viaduc au-dessus de la Creuse que nous allons traverser à la sortie de la gare. D’abord, il n’est pas de Gustave Eiffel ! C’est le premier pont en France comportant des piles métalliques, même si celles-ci sont limitées ici à une hauteur de 30m. Il a permis de désenclaver le bassin d’Ahun en acheminant la houille vers Montluçon et Bourges.
Après toutes ces explications, un croissant et un petit café ne seront pas de refus !
Notre trajet reprend avec notre guide, toujours aussi disert, qui nous montre les ouvrages d’art qu’a nécessité la réalisation de cette ligne : bien sûr les viaducs, métallique ou en maçonnerie, mais aussi les ponts routiers, curieux celui-ci en pente, les tunnels, ils sont nombreux … et bien d’autres ouvrages.
Un petit arrêt en gare d’Aubusson, juste le temps d’admirer la belle gare, nous croisons les maisons de garde-barrières, restaurées ou non, occasion de revenir sur la vie du personnel ferroviaire à cette époque.
Et nous arrivons en gare de Felletin où nous sommes pris en charge par les charmantes représentantes de l’office de tourisme. Une courte balade en ville par la rue des Fossés qui se situe à l’emplacement des anciens remparts (ça ne vous rappelle rien ?), une tour en porte témoignage. Nous arrivons aux Ateliers Pinton.
L’accueil à la tapisserie se fait de façon toujours aussi spectaculaire par le magasin d’écheveaux de laine avec l’immense gamme de couleurs.
Et nous commençons par la découverte d’une technique de fabrication semi mécanique de tapis de sol : les tapis tuftés. Une touffe de brins de fils est piquée à l’aide d’un pistolet à laine à travers une trame verticale très tendue. L’envers du tapis est ensuite encollé. Puis les bords et la surface du tapis sont finis à la main.
Mais les ateliers Pinton fabriquent également les tapis traditionnels sur les métiers de basse lisse selon la technique d’Aubusson.
Au dire de notre guide, les activités de l’atelier sont florissantes pour chacune de ces deux techniques.
Midi : l’Auberge Felletinoise nous attend avec une bonne cuisine familiale et un excellent accueil.
Nous nous rendons ensuite à la filature Terrade, située au bord de la Creuse. Cette petite filature artisanale traite aussi bien de la laine mérinos venant principalement d’Australie ou de Nouvelle Zélande que des laines de provenance locale apportées par de petits éleveurs.
La laine arrive lavée et désuintée. Elle est mise en flocons par un « loup broyeur » avant d’être cardée, filée, torsadée, assemblée sur d’énormes machines datant des années 50 avec tout le bruit caractéristique des mécaniques de l’époque.
Après le filage, les écheveaux sont teints, selon la demande du client, avec des colorants synthétiques ou naturels. Là est le règne du coloriste ; il faut toute son expérience pour ajuster le dosage des colorants et la durée du bain pour reproduire la teinte demandée. Ensuite la teinture est fixée sur la fibre à l’acide acétique.
Un petit tour en car pour rejoindre un autre quartier de Felletin, près du beau pont Roby pour une découverte insolite : le passé diamantaire de la ville.
Il était une fois un maçon creusois qui était monté à Paris … Il profita de son séjour pour se former comme tailleur de diamant. Revenu au pays, il constata que la région de Felletin possédait les atouts nécessaires pour développer cette activité : des chutes d’eau pour fournir l’énergie et une main d’œuvre qualifiée, venant des ateliers de tissage, pour les travaux de précision. En 1912 il fonde une coopérative ouvrière diamantaire à Felletin, sur le modèle de celles du Jura à St Claude. Celle-ci emploiera jusqu’à une soixantaine de personnes.
Les diamants sont polis par usure à la pâte de diamant. Chaque ouvrier est responsable du diamant qu’il travaille et, le soir, il le ramène chez lui dans une petite bourse attachée à sa ceinture !
Après cette visite, comme il nous reste un peu de temps avant le départ de notre autorail, nous passons à la chapelle du château où se tient une magnifique exposition de tapisseries, anciennes et modernes, sur le thème de l’eau.
C’est en musique que se déroule notre retour vers Guéret en autorail. Nous retrouvons notre guide de l’association « Autorail Creusois ». Il nous dira tout sur le bassin houiller d’Ahun, l’activité de la mine, la vie des mineurs et leurs combats sociaux, tous voués à l’échec. Au passage, saluons la charmante chef de gare de Busseau !
L’heure c’est l’heure ! Et c’est avec moins d’une minute d’avance que notre autorail arrive à Guéret. Notre car nous attend pour un transfert à Châteaumeillant. Dans le car, on entend que des commentaires élogieux sur cette journée, agréable et enrichissante.
Il faut souligner le professionnalisme de chacun, tant de l’association « L’autorail Creusois » que de l’office de tourisme de Felletin : une organisation précise et soignée sans temps morts.
Une belle journée de visites à recommander pleinement.
D'autres photos de cette belle journée sont sur : http://chateaumeillant-nature.over-blog.com/album-2015-felletin-par-autorail.html