Alain Carnesecca au piano ...

Publié le par nous-en-boischaut-sud

C'est un artiste d'exception qui a ouvert la saison 2015 - 2016 du Pôle Culturel de l'Etang Merlin à Châteaumeillant le 11 septembre dernier : aveugle de naissance, Alain CARNESECCA commence ses études musicales à l’âge de 4 ans avec sa mère. Plus tard, il travaille avec Alfred Cortot, Yvonne Lefébure et Pierre Sancan, des noms prestigieux qui font rêver ...

Il obtient un Premier Prix de Piano au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, à l’âge de 17 ans !

En 1966 à Moscou, il reçoit un Prix au prestigieux Concours International Tchaïkovski. Il n’a que 20 ans.

Il donne des concerts en Europe, Turquie, Japon, Tunisie …etc

Aujourd'hui encore, il est professeur d’enseignement artistique de la Ville de Strasbourg.

Sous les applaudissements de bienvenue du public, venu très nombreux, c'est un petit monsieur assez frêle qui se dirige lentement, guidé par son épouse vers le grand piano à queue loué pour l'occasion.

Alain Carnesecca au piano ...

Alain Carnesecca a choisi, pour commencer, des œuvres connues, qui trouveront un écho certain auprès des auditeurs, mais qui restent des œuvres exigeantes.

Il nous donne d'abord à entendre la 11ème sonate en la majeur de W. A. Mozart dite « alla turca » : le premier mouvement est un andante avec six variations d'une grande virtuosité mais, comme toujours chez Mozart, d'une grande élégance ; dans le « menuetto » central, Mozart nous emmène, sous les doigts d'Alain Carnesecca, dans un voyage inattendu truffé de modulations, de changements de tonalités audacieuses ; le troisième mouvement de cette sonate est le fameux « rondo alla turca » que tout le monde a dans l'oreille et qui nous ravit sous les doigts de ce virtuose.

Alain Carnesecca au piano ...

La « Sonate Pathétique » en do mineur de L. van Beethoven est ensuite interprétée par Alain Carnesecca ; elle aussi est très connue et souvent jouée : le premier mouvement se compose d'une introduction grave, puis d'un allegro molto con brio qui n'a rien d'allègre mais plutôt de tourmenté, pour revenir, en fin de mouvement, au thème du début.

La gravité teintée de tristesse caractérise aussi l'adagio central dont nous pourrions tous fredonner le thème :

do ↓ sib ↑ mib b ↓do ↑ mib ↑ lab ↑ sib ↓ mib ↑ mi ↑ fa ↓ sib ↑do ↑ réb ↑ mib la ↑

b ↓do ↓sib ↓ lab ↓sol ↑sib ↓ lab

Le rondo allegro final est une véritable envolée romantique

La suite du concert de notre pianiste n'est pas moins brillante : Alain Carnesecca nous interprétera, l'une après l'autre, les douze études de l' « opus de 10 » de F. Chopin, celles qu'il dédia à F. Liszt et que peu de pianistes se risquent à jouer dans leur entier tant elles sont difficiles : il nous présentera chacune d'elles dans le détail et dans l'ordre : celle qui fait travailler spécialement la main droite, puis le chromatisme, la troisième, une étude mélodique dont Serge Gainsbourg s'est inspirée dans l'une de ses chansons, la virtuosité de la quatrième qui fait passer sans cesse la mélodie de la main droite à la main gauche, la cinquième dédiée aux touches noires, la sixième qui est une étude mélodique, la septième, elle, fait particulièrement travailler la mobilité du bras, la huitième est encore une étude de virtuosité, la neuvième une étude d'expression lyrique, la dixième fait travailler la rotation du poignet, la onzième qui contient des arpèges « diaboliques » selon les dires du maître … et la douzième, c'est la Révolutionnaire, cette pièce tempétueuse que Chopin composa lorsqu'il apprit la nouvelle de l'occupation de Varsovie par les troupes russes au cours de l'insurrection de novembre 1830 !

Les applaudissements nourris qui suivent vont d'abord à Alain Carnesecca qui a accompli cet exploit mais aussi à Chopin, me semble-t-il, qui réussit à faire de la musique – et quelle musique ! – avec des pièces qui sont des exercices mais qui nous emportent avant tout au paradis de la musique !

Après un petit entracte bien mérité, c'est C. Debussy qui sera à l'honneur avec son prélude pour piano n°1 titré « Les danseuses de Delphes » : c'est un mouvement lent et grave, avec des harmonies apaisantes … et qui « swingue » avant l'heure : on comprend pour quoi les jazzmen des années cinquante ont tant aimé Debussy !

Tout naturellement, le caractère de cette courte pièce introduit à merveille les trois préludes de G. Gerschwin qui suivent et qui terminent ce concert : ce sont, nous dit notre pianiste, les seules pièces pour piano seul de Gerschwin ; la première et la troisième sont un « allegro ben ritmato et deciso », la seconde, un « andante con moto e poco rubato » : on y retrouve ce mélange de musique classique et de blues qui caractérise souvent la musique nord-américaine du début du XXème siècle, avec notamment dans le troisième prélude, le dialogue musical qui fait alterner mode majeur et mode mineur, tout au long de la pièce.

Alain Carnesecca au piano ...

Le public enthousiaste ne veut pas quitter la salle … et demande encore un peu de musique à Alain Carnesecca … qui s'exécute avec simplicité pour remercier le bon accueil du public castelmeillantais

Il nous donne à entendre, pour notre plus grand plaisir, une pièce de F. Liszt : le « troisième nocturne des chants d'amour », plus familièrement intitulé quelquefois « Rêve d'amour »

Et c'est avec ce nocturne que nous quittons nuitamment le Pôle Culturel avec de la musique plein les oreilles

Un grand merci à Alain Carnesecca !

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