L'art ça passe par l'oeil ... et par le cerveau
Isabelle Vandenbosch est une artiste plasticienne bien connue dans notre région où elle anime l’atelier de croquis de Sidiailles. C’est aussi une conférencière et guide touristique, spécialisée notamment pour les déficients visuels. L’art, la vue, tout cela est intiment lié et cela passe par le cerveau ! Elle nous présentait ce dimanche 13 décembre une conférence sur ce thème au Pôle de l’étang Merlin à Châteaumeillant.
Tout commence donc par l’œil, cet organe fragile, qui vieillit vite, c’est un merveilleux appareil photo qui capte l’image sur la rétine et retransmet directement l’information au cerveau. Finalement, l’œil n’est qu’une extension du cerveau !
La vision occupe la partie la plus importante du cerveau, tant au niveau de l’hémisphère gauche, siège des émotions (activé par l’œil droit) que de l’hémisphère droit, siège de la rationalité (activé par l’œil gauche). Le cerveau capte l’image dans son intégralité, il reconnait l’objet, le remet en place s’il n’est pas dans une position habituelle ; même s’il en manque une partie ou si une partie est déformée, le cerveau est capable de reconnaitre l’objet. Inversement le cerveau se concentre sur ce qui lui parait important et néglige les détails.
Mais le cerveau peut aussi se tromper, en particulier les hémisphères droit et gauche peuvent ne pas être d’accord ! Une image fixe, plane, peut prendre des effets de relief, peut bouger, des objets de même taille peuvent nous apparaitre très différents… Toutes ces impressions pourront être exploitées par l’artiste.
Par contre si un motif est trop uniforme, l’œil se fatigue, il ne sait pas où se fixer. Il lui faut s’appuyer sur des contrastes, contrastes de forme, contrastes de couleur. Pour l’artiste, à quel rythme faire ces contrastes pour que l’ensemble paraisse harmonieux ? L’homme a toujours cherché des lois mathématiques à l’esthétique, du nombre d’or aux suites de Fibonacci ou aux fractales.
Une remarque technique encore : lorsque l’œil appréhende une feuille, il la parcourt selon la diagonale en commençant par le tiers supérieur : important à savoir pour composer une œuvre !
La création d’une œuvre d’art
Comment ces données techniques vont-elle intervenir lors de la création d’une œuvre artistique ? Vous avez trouvé un sujet qui vous plait ? Réfléchissez : qu’est-ce qui vous plait dans le sujet ? Pourquoi cela vous plait-il ? Il vous faut dégager cette intention et éliminer ce qui ne correspond pas à cette lecture. Le cerveau complètera les manques, même si, pour chacun des spectateurs la lecture de l’œuvre sera différente, car elle contient une part émotionnelle et restitue le non-dit.
Par contre pour que l’œil du spectateur apprécie l’œuvre, il doit y retrouver les règles de l’esthétique : intégration du contraste, mode d’association des formes… Ainsi, si l’arrivée de la photographie, art à part, a libéré le peintre du devoir de ressemblance, cependant les règles de l’esthétique demeurent. Après l’impressionnisme et le cubisme toutes sortes d’abstractions ont été étudiées : abstraction gestuelle, géométrique, figurative … (la différence entre figuratif et abstrait n’est pas nette : le figuratif peut paraitre abstrait si on n’a pas le code), mais toujours contraste et règles de construction sont présentes.
Enfin toute œuvre doit être montrée et si toutes n’entreront pas dans un musée, Isabelle nous parle, sur un ton critique, de la façon dont les musées exposent leurs œuvres. Se souvenant que les musées accueillent principalement deux types de population : les groupes scolaires et les personnes d’un « certain âge ».
Pour que la visite d’un musée donne de la « délectation » quelques règles doivent être respectées, notamment le cheminement, la lumière et la hauteur de l’accrochage adaptée aux enfants et aux porteurs de lunettes à verres progressifs !
Maintenant, tous à vos crayons et à vos pinceaux !