La St Jean d’été de Jean Louis Boncoeur par la Cie du Mot Cœur.
Ce 11 décembre, la Compagnie du Mot Cœur présentait à Châteaumeillant, au pôle de l’étang Merlin, une lecture théâtralisée de « La St Jean d’été », la pièce de Jean-Louis Boncoeur.
Bon, une lecture théâtralisée, ce n’est pas tout à fait une pièce de théâtre, il n’y a pas le décor ; mais là, pour cette pièce patoisante, la lecture théâtralisée a le grand avantage de nous permettre de se concentrer sur le texte de Jean-Louis Boncoeur. La compréhension du patois berrichon ne pose aucun problème, certes la signification de quelques mots peut échapper aux non berrichons mais la compréhension du texte reste toujours évidente. Tout l’intérêt de cette lecture théâtralisée est de nous permettre de découvrir la grande richesse de ce parler berrichon qui a largement disparu.
De plus le texte est porté par la Compagnie du Mot Cœur, émanation des Thiaulins de Lignières. Cette troupe est dirigée par un acteur professionnel, Vincent Chatraix. Si tous les acteurs de la troupe ne sont pas des professionnels du théâtre, ils connaissent intimement les personnages du milieu rural berrichon. Ils les ont étudiés sous tous leurs aspects depuis leur prime jeunesse. Ils ne jouent pas le vieux paysan, le valet ou la fille de la ferme, ils sont chacun leur personnage ! Le ton est juste, rien n’est sur-joué.
Jean Louis Boncoeur, lors de création de la pièce, en 1947 avait bien compris tout l’intérêt de faire appel à un groupe « folklorique » pour représenter sa pièce ; et déjà, à l’époque, il avait fait appel aux Thiaulins de Lignières.
La pièce : un drame qui traite des champis du 19ème siècle qui sont devenus les « Enfants de l’Assistance » du 20ème siècle, nombreux en Berry, sans doute pour tenter de compenser l’exode rural du 19ème. Mais Jean-Louis Boncoeur sait prendre le temps de camper ses personnages, de les affiner ; il sait faire rire son public avant d’amener l’émotion et le drame. Bon, la dernière partie tourne certes un peu au mélodrame !
A 35 ans, lorsqu’il écrit cette pièce, Jean Louis Boncoeur a déjà une belle maitrise de son métier d’écrivain. Cette pièce lui a valu, à l’époque, le prix Gabriel Nigond.
Ce fut une soirée émouvante, ce 11 décembre au Pôle de l’étang Merlin. Beaucoup des spectateurs ont découvert un Jean-Louis Boncoeur méconnu, lui qui est généralement cantonné dans une image de raconteur d’histoires du terroir ; et un grand bravo à la Compagnie du Mot Cœur pour cette interprétation au plus juste.