14 juillet dans la cour du musée de Châteaumeillant
En ce 14 juillet 2016, la cour du musée de Châteaumeillant se partageait entre l’antiquité, la période gauloise et le 15ème siècle.
De son abri, un savant grec, s’appuyant sur sa vision pythagoricienne, nous expose sa connaissance totalement cohérente de la marche du monde : tout est lié. Il maitrise aussi bien l’astronomie, l’astrologie, les mathématiques, algèbre, géométrie, que la musique ou la philosophie, car dans son monde, tout est nombre.
Il est évident que la terre est ronde et tourne sur elle-même, elle se déplace également autour du soleil ; le cycle des astres est parfaitement connu, en particulier celui de la lune qui dure 19 ans ! Ces connaissances lui ont permis de construire l’astrolabe qui lui permet de calculer l’heure, même la nuit, et de déterminer notre latitude.
Mais il maîtrise également la musique qui repose également sur les nombres : la longueur de la corde vibrante détermine le son.
Tout est cohérent, évident, génial !
Mais de la musique, parlons-en. Le poète, dans son théâtre improvisé nous en apporte les origines, divines évidemment avec nos grecs !
Tout commence avec Hermès. Dès son berceau, ce fils de Zeus et de Maïa est un inventeur de génie. Trouvant une carapace de tortue, celle-ci devient caisse de résonnance et Hermès invente la lyre. Il échange son invention avec Apollon contre le troupeau divin : c’est vraiment aussi le dieu du commerce !
Pan, le plus laid des dieux, est amoureux de la nymphe Syrinx. Ce n’est pas vraiment partagé ; pour lui échapper, elle se transforme en roseau, alors Pan brise le roseau en sept morceaux. Pris de remords, en essayant de reconstituer la nymphe, il se trompe dans l’arrangement des morceaux et obtient la flute avec laquelle il défie Apollon lui-même et sa lyre.
Athéna aussi est musicienne, elle invente une flute, l’aulos. Mais elle se fait tellement moquer d’elle par les olympiens voyant son visage déformé lorsqu’elle souffle dans son instrument, qu’elle jette l’éponge.
Mêlant conte, musique et chants, voilà une façon pas bête donner un éclairage sur la mythologie en la remettant au goût du jour, avec force humour, burlesque mais aussi parfois une pointe de tragique.
Dans un coin, le forgeron gaulois martèle le lingot de fer porté au rouge pour fabriquer ses outils. Sa forge, avec ses deux soufflets n’est peut-être pas strictement identique à celle qu’utilisaient les gaulois mais elle devait bien ressembler à celle-là. En fait, on ne dispose pas réellement de documents fiables. La forge gauloise est éphémère : lorsqu’elle est abandonnée, il n’en reste pas grand-chose. Les archéologues ne peuvent pas nous en fournir une description très précise.
A côté, les enfants apprennent les rudiments de la gravure sur pierre sous une tente viking.
Dans un autre coin de la cour officie l’apothicaire. Nous sommes au 15ème siècle, et cet homme connait tout des quatre humeurs qui gouvernent le corps humain : sang, eau, bile et bile noire.
Devant ses fioles et avec tous ses ustensiles pour distiller, réduire en poudre, mélanger, injecter … il prépare des remèdes à partir des trois règnes de la nature : extraits végétaux (plantes, épices) minéraux ou animaux. Son objectif : lutter contre les déséquilibres des humeurs chez ses patients.
Mais la vie n’est pas toute rose : il doit défendre son monopole face aux espiciers qui n’ont pas les mêmes connaissances !
A partir de bases scientifiques qui nous semblent aujourd’hui bien discutables, il a néanmoins acquis une connaissance intime des effets des plantes et des composés chimiques.
Au 15ème siècle, la ventrière, elle aussi connait la théorie des quatre humeurs. Chez la femme, c’est l’eau qui l’emporte : son caractère est lymphatique, elle est aussi plus « intellectuelle ». Lorsqu’une naissance se prépare, c’est la ventrière qu’on appelle. Elle arrive avec tout son arsenal médico-mystique, mais elle apporte également sa technicité. Elle a également le pouvoir d’ondoyer l’enfant pour leur éviter d’errer indéfiniment dans le domaine des limbes mais lorsqu’une césarienne s’avère nécessaire, là, cela dépasse ses compétences.
C’est tout un pan de la vie domestique de l’époque qui nous est livré, avec beaucoup d’humour et de dynamisme, mais avec beaucoup de respect pour les personnages présentés.
Pour transmettre ce savoir, au 15ème siècle, l’écriture est le moyen de choix. Mais l’écriture date des égyptiens, elle servait alors pour consigner des documents administratifs ou religieux. Les égyptiens écrivaient sur papyrus et la fabrication du papyrus était jalousement gardée. A Pergame (aujourd’hui en Turquie) on réussi à contourner le papyrus comme support de l’écriture avec la découverte du parchemin fabriqué à partir de peaux. En plus le parchemin est beaucoup moins fragile que le papyrus, il n’est plus nécessaire de le rouler, ainsi nait le livre ! Plus tard, venu de Chine, le papier fait son apparition en Europe, beaucoup moins cher il détrône le parchemin.
N’empêche que le livre reste excessivement cher et son utilisation est monopolisée par la classe ecclésiastique, ce qui a le don d’irriter Charlemagne. Alors que lui-même ne savait probablement ni lire ni écrire, il cherche à développer l’enseignement pour s'affranchir de l’emprise des moines.
Beaucoup d’anecdotes, tout cela donne envie d’en savoir un peu plus, d’ailleurs les animateurs ont été très sollicités !
Ce 14 juillet dans la cour du musée de Châteaumeillant fut un grand plaisir : un moment d’une détente enrichissante, une approche ludique de l’histoire qui donne l’envie d’aller plus loin ; c’est peut être aussi cela la mission d’un musée ? Dimanche, c’était une réussite totale, bravo aux organisateurs et aux animateurs !