Voyage en Uruguay

Un riche éleveur uruguayen achète vaches et taureaux en Normandie : facile, mais ensuite il faut convoyer les animaux en Uruguay ! Là est l’histoire du petit vacher normand chargé du travail ; l’histoire emblématique de toute une vie, une histoire tant de fois racontée et transmise dans la famille.

Cette histoire se passe au début des années 50 ; maintenant le petit vacher normand n’est plus mais l’histoire continue à vivre par l’intermédiaire de son petit-fils. Elle est donc reprise ici par Clément Hervieu-Léger, mais, avec le temps, on ne sait plus trop ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, on ne peut plus démêler l’histoire, la vraie, de la légende.

Guillaume Ravoire, seul sur scène dans le superbe théâtre Maurice Sand de La Châtre, passe du petit fils dans la ferme maintenant abandonnée, au grand-père vacher et à son épopée.

Mais quelle épopée pour ce jeune normand qui connaissait certes toutes les routes de son canton, mais guère plus : le voyage en train avec ses bêtes jusqu’à Rotterdam, brinqueballant entre les bottes de paille, et puis la traversée ! Deux mois sur un bateau mixte cargo-paquebot où les animaux sont l’attraction n°1 des passagers. Quelle aventure ! Le fumier ? Par-dessus bord ; sauf que des passagers ont leur cabine juste en dessous ! Et puis une naissance dans le troupeau : quelle affaire sur le bateau !

Arrivés à Recife, tous les passagers quittent le navire. La chaleur est étouffante, les animaux souffrent. Ouf, tout se termine bien, le petit veau s’en sortira ! Enfin Montevideo, solitude du petit paysan normand au milieu d’une ville où la langue lui est inconnue avant l’accueil en héros par le nouveau propriétaire du troupeau dans sa majestueuse hacienda. Celui-ci lui demandera même d’épouser sa fille et de s’installer avec lui au pays ! Mais les pleurs de la mère lors de son départ le détacheront de l’aventure et de la promotion sociale annoncée.

Ainsi d’une histoire naît une légende ; avec verve, dynamisme et entrain Guillaume Ravoire et la Compagnie des Petits Champs lui donne vie et nous la raconte à merveille. Le texte est si visuel que l’on pourrait en faire un film.

C’était au théâtre Maurice Sand le 3 février.