A nouveau des découvertes archéologiques remarquables à Châteaumeillant en 2016

Publié le par nous-en-boischaut-sud

Après les découvertes archéologiques exceptionnelles de 2012 à Châteaumeillant, le cru 2016 des fouilles archéologiques s’est à nouveau révélé tout à fait remarquable. Ce samedi 10 juin, Sophie Krausz, responsable des fouilles, avait invité la population pour lui présenter ces dernières découvertes ; le pôle culturel de l’étang Merlin était comble.

Ces découvertes datent de moins d’un an, donc à ce stade toutes les analyses sur les objets trouvés ne sont pas faites et toutes les interprétations ne peuvent pas être élaborées.

A nouveau des découvertes archéologiques remarquables à Châteaumeillant en 2016

L’objectif principal de l’année 2016 était la fouille du puits 512. Ce puits a la particularité d’être situé à l’intérieur d’une fosse rectangulaire ; il a donc fallu la dégager pour fouiller le puits. Cette fosse (5mx3m profonde de 2.3m) s’est avérée être une cave contenant une soixante d’amphores, cassées. Certaines sont marquées et décorées sur la panse. Elles peuvent être datées d’environ 50 avant JC. C’est la première découverte d’une cave à amphores depuis une trentaine d’années à Châteaumeillant.

A nouveau des découvertes archéologiques remarquables à Châteaumeillant en 2016

Les analyses à venir pourraient fournir des éléments pour élucider l’énigme de l’utilisation de ces amphores à Châteaumeillant. Une remarque cependant : certaines de ces amphores ont été découpées en cylindre, cela pourrait être l’œuvre d’ateliers de récupération (alors qu’à Beuvray, les amphores étaient simplement cassées pour en faire des pavages).

Le puits a été creusé à l’intérieur de cette cave à amphores préexistante et certaines amphores sont tombées dans le puits. C’est un puits à section carrée de 2.1m de côté et de 6m de profondeur. C’est un puits gaulois typique. Cependant ce puits n’atteint pas la nappe phréatique (à environ 12m) mais atteint une nappe perchée à 4.5m. S’agissait-il d’un puits ou d’une citerne ? Au fond de ce puits a été trouvé un dépôt rituel constitué d’une statue en pierre, d’un crâne humain et d’un chenet en terre cuite.

La statue est anthropomorphe, dolichocéphale, avec la bouche tombante et peut-être la présence de moustaches. Elle porte un gros torque autour du cou (signe d’appartenance aristocratique) et tient un autre torque avec son bras droit. Cette statue est cassée sous ce torque. Miraculeusement, une pierre découverte en 2008 à quelques mètres de là s’adapte parfaitement à cette statue cassée. L’ensemble forme une statue buste de 50cm de hauteur qui était destinée à être fiché dans le sol. Visiblement la cassure a été faite volontairement avant de mettre une partie de la statue dans le puits. La bouche tombante indique qu’il s’agit d’une statue mortuaire. La découverte de statues gauloises est très rare.

A nouveau des découvertes archéologiques remarquables à Châteaumeillant en 2016

Le crâne humain a été déposé dans le puis et non jeté, il reposait sur son coté gauche. Il s’agit d’une personne jeune (17 à 25 ans) probablement un garçon. C’est le plus ancien castelmeillantais connu ! La peau avait été retirée du crâne (c’était apparemment une pratique courante). Le crâne est également dolichocéphale, lien de parenté avec le personnage représenté sur la statue ?

Le chenet est une terre cuite de 1m de hauteur. Il a été cassé et seule la tête de chenet a été trouvée. C’est un protomé qui représente une tête de cheval avec de gros yeux globuleux. Un collier est incisé et on relève des traces de peinture blanche. Cet objet revient de restauration et sera exposé dans les tout prochains jours au musée Emile Chénon de Châteaumeillant.

Il faut bien avoir à l’esprit que ces trois objets sont des dépôts rituels, ils ont été placés là intentionnellement même si la signification de ce geste nous échappe aujourd’hui.

2016 a également vu un nouveau départ pour la fouille du rempart. Nous savons que l’oppidum de Châteaumeillant était constitué d’un « murus gallicus » assemblage de poutres entrecroisées avec un parement de pierre. Au moment de la guerre des Gaules, ce mur avait été renforcé localement par un rempart massif qui devait mesurer 14m de hauteur et était précédé d’un fossé à fond plat de 45m de largeur et 3 m de profondeur ainsi que de douves remplies d’eau. Ce système défensif avait été fouillé dans les années 70. Maintenant il n’est plus question, comme à l’époque d’E. Hugoniot et J. Gourvest de pratiquer une tranchée de 10m de hauteur ! Pour des raisons de sécurité la fouille se fait par paliers de 1.3m ce qui a permis d’analyser comment a été construit ce rempart massif. Il a été constitué à partir des matériaux provenant du creusement du fossé, l’argile a été renforcée de cailloux pour constituer un blindage externe tandis que la rampe interne est constituée de micaschiste broyé. Il semblerait que le sommet du rempart ait été équipé d’un parapet. Cette configuration est la seule de ce type connue en Europe.

Les fouilles reprendront au début du mois de juillet 2017. Elles se focaliseront sur la fouille du puits 504, adjacent au puits 269 qui avait donné les belles trouvailles de 2012 avec en particulier le lion en bronze. Fébrilité !

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