Un causse berrichon au printemps : La Périsse
Le domaine de La Périsse, près de Dun sur Auron est le plus grand causse du Berry (du bassin parisien ?). Une couche de calcaire jurassique recouvert d’une couche de calcaire lacustre, compact. C’est très sec, tout juste bon pour les moutons ! Un ilot de pauvreté au milieu de la riche champagne berrichonne. Mais ce sont les moutons qui ont créé la pelouse : sans eux le terrain serait recouvert de petits arbustes épineux.
Cette pelouse calcicole est un trésor pour les botanistes, elle abrite nombre de plantes rares ; elle est classée « Espace naturel sensible » et gérée en collaboration avec le Conservatoire d’Espaces Naturels Centre-Val de Loire. Le mercredi 7 juin, Jean-Paul Thévenin, le gestionnaire du site, nous en a fait la visite.
Le domaine de La Périsse pratique depuis 250 ans l’élevage extensif du mouton. Il a été à l’origine de l’introduction du mérinos en France, permettant une amélioration de la qualité de la laine française. Puis, quand vers 1830, le marché de la laine s’est effondré, du minerai de fer fut découvert sur le domaine et le relais a été pris par la métallurgie. Cette activité s’est prolongée jusqu’à la fin du 19ème siècle. Depuis le début du 20ème siècle , le domaine de La Périsse est retourné à l’élevage du mouton mais maintenant pour la viande. Il accueille actuellement environ 700 brebis.
Le relief est très marqué. Les zones basses, dans lesquelles s’écoule le ruisseau drainant le marais de Contres, adjacent, sont plus favorables à la prairie et le brome domine. Cette graminée, de très bonne qualité, est la base de l’alimentation des moutons. Mais ce sont dans les zones élevées, plus arides, que se concentrent les plantes les plus rares. Pendant notre petite déambulation, nous en avons noté une bonne vingtaine, dont la plupart ne sont présentes que dans de très rares endroits. Quelques unes sont présentées à la fin de l’article, accompagnées de leur photo.
Le printemps est la saison idéale pour étudier les fleurs sur le causse. L'été le paysage est bien différent et on peut s'intéresser davantage aux insectes http://nous-en-boischaut-sud.over-blog.com/2016/09/des-patrimoines-a-la-perisse.html
Jean-Paul Thévenin nous fait remarquer une butte de terre dans le paysage. Il pourrait bien s’agir d’un tumulus. D’autres buttes, plus petites ont été fouillées par Mr De Grossouvre et ont apportées des éléments intéressants.
Nous retrouvons la trace des anciennes mines de fer à ciel ouvert, au sol des pisolithes, nodules de fer insérés dans une gangue. Ce minerai se trouvait à l’interface entre les deux couches de calcaire. Il était ensuite lavé dans un « patouiller », le bâtiment qui abritait cet outil existe encore, puis le minerai était expédié vers les forges, nombreuses dans la région.
A notre retour à la ferme pédagogique, nous sommes reçus par Mr Emmanuel Heurtault de Lammerville. Il gère le domaine que son ancêtre a acquis en 1773 et qui est toujours resté dans la famille. Il nous présente la bergerie modèle construite par son ancêtre dans un grand souci d’hygiène et de fonctionnalité avec ses quatre enclos sous un même toit séparés par un grand espace central et une hauteur sous plafond importante pour permettre une bonne circulation de l’air. Actuellement il conduit trois troupeaux : un de Mérinos Précoce, un de Berrichonne de l’Indre et un troupeau mixte de races modernes (Suffolk, charmoises, South-Down...). Mais aujourd’hui cet élevage de moutons est peu rentable : « Dans les années 50, en vendant un mouton on payait un ouvrier pendant un mois, actuellement il faut 20 moutons pour cela ! »
Dans la cour de la demeure du 18ème siècle se trouve de curieux chenils jumeaux : les chiens étaient logés dans l’un puis on les changeait de chenil et on mettait le feu à la paille pour détruire les puces !
Quelques plantes vues sur la pelouse de La Périsse (nous avons surtout remarqué les plantes qui étaient en fleur en ce moment !).