Dans les pas des Maitres Sonneurs

Suivant l’itinéraire des cornemuseux entre Nohant-Vic et Huriel décrit par George Sand dans son roman "Les Maîtres Sonneurs", la randonnée « Dans les pas des Maitres Sonneurs » se déroule une année dans l’Indre, une année dans le Cher, une année dans l’Allier ; l’année dernière c’était à Châteaumeillant (18), cette année c’est à Huriel (03), devant la tour de la Toque  que nous nous retrouvons ce samedi 1^er juillet.

Quelques consignes et la troupe prend le départ, musique en tête, dans la belle campagne bourbonnaise.  Suivant les chemins verdoyants, et après quelques petites côtes, nous arrivons à la Brande des Mottes où nous attend un fastueux ravitaillement avec douceurs salées et sucrées faites maison.

Mais c’est aussi là, à la Brande des Mottes, que s’est déroulé un moment de l’histoire républicaine rurale en 1849. En appui à la révolte organisée par Ledru-Rollin à Paris contre la violation de la constitution de la nouvelle république, ici, huit cents hommes se sont réunis avec l’intention de marcher sur la mairie d’Huriel puis sur Montluçon. Mais à Paris la révolte de Ledru-Rollin a été réprimée et le rassemblement de la Brande des Mottes tourne court.

Après la traversée du ravin de la Meuzelle et le passage à Nocq qui fut paroisse jusqu’en 1888, nous arrivons  à Chambérat, sur le champ de foire. Le site est fort ancien, il aurait été occupé par des gaulois rendant hommage au dieu Lug et à Epona, la déesse gauloise associée au cheval.  Chambérat est connu pour sa foire qui autrefois était consacrée aux chevaux et maintenant plutôt aux melons et au fromage. Toujours est-il que Chambérat qui n’était qu’un champ de foire est maintenant une commune qui a détrôné Nocq. Là, Mr le Maire nous présente sa commune avec sa grande spécialité fromagère : Le Chambérat, mais aussi ses autres productions liées à l’élevage. Mic, quant à lui, nous présente les cornemuses et tandis qu’il entonne quelques airs, certains ressentent des fourmillements dans les jambes.

Tout cela ça creuse, un repas copieux servi sous la ramée par notre traiteur de St Désiré. Evidemment on goûte au Chambérat puis on repart en musique.

Le retour vers Huriel se fait par des sentiers magnifiques en sous-bois avec des arbustes moussus du plus bel effet. Bon, il y a bien un petit crachin qui nous accompagne mais il n’est pas vraiment gênant.

 De retour à notre point de départ, après quand même une boucle de 25km, Mr le maire d’Huriel nous offre un encas avec de bons produits locaux, nous goutons au vin gris d’Huriel. De la présentation des projets de Mr le Maire, nous, touristes, nous retiendrons les travaux de mise en valeur de la place de la Toque et de son environnement.

Repus (ô combien) mais bien fatigués, nous ne trainerons pas ce soir avant d’aller nous coucher car demain, dimanche, à Archignat, le départ est à 8h du matin !

 Et ce dimanche, après un passage au joli village de Frontenat, il faut affronter de belles côtes pour arriver à Jarges au milieu d’un massif granitique avec des mégalithes disséminés dans les prés. L’arrêt au ravitaillement est le bien venu pour le souffle et c’est l’esprit clair que nous pouvons écouter les explications sur le lieu.

Nous sommes au pied du « Signal de l’Age », point culminant de la région (572m). Là a été installé un point de triangulation lors de la mesure du méridien terrestre en 1790. Mais c’est aussi le  lieu de bien des légendes, celle de la pauvre Madeleine, bien tentée par le trésor sous la pierre Giraud mais qui faillit bien perdre son enfant pour cela. Mic est là pour nous raconter !

La poursuite vers le plan d’eau de Treignat est plus facile. La municipalité nous reçoit agréablement entre camping, chalets et plan d’eau pour un petit en-cas. Elle nous présente un historique de la commune rédigé par un érudit local tandis que les « Brûlés de Chazemais » nous accompagnent en musique au son des vielles et des cornemuses. Treignat est un lieu de frontière et de contact entre Bourbonnais, Berry, Auvergne et Limousin. Les lieux de contact favorisent le commerce. Treignat en a pleinement profité avec l’arrivée du train. Depuis, la cité s’est un peu assoupie.

Quittant le plan d’eau, nous passons près du site où est prévue l’implantation d’une carrière de granulat. Une association de lutte contre cette implantation nous expose ses craintes quant à la destruction de l’espace naturel, en particulier concernant les sonneurs à ventre jaune, espèce de crapaud rare mais présente ici. Cette lutte contre l’implantation de la carrière est le point de cristallisation actuel à Archignat. A notre arrivée, c’est le sujet principal que nous développe Mr le maire lors de la présentation de sa commune, lui,  prenant le problème d’un point de vue plus économique et au regard des nuisances engendrées.

Mais nous revenons aux Maîtres Sonneurs par une « exégèse » de Mic sur le roman de George Sand notamment sur la dernière partie du livre où Joset peut être assimilé à Chopin. Mic mentionne également les mœurs parfois brutales des Maitres Sonneurs de l’époque, défendant âprement leur pré carré, un système dans lequel un génie ne peut survivre !

Et retour également sur les Maîtres Sonneurs d’aujourd’hui avec de vrais musiciens qui sont capables d’interpréter la musique populaire en leur donnant leur touche personnelle, en apportant des variations à l’œuvre originale. Yanis Dupplessis et Quentin Millet, l’un berrichon et l’autre morvandiau, sont de ceux-là ! Ils nous offrent un beau concert d’une demi-heure.

Avec de tels musiciens, l’avenir de la cornemuse s’éclaircit : alors que voilà une vingtaine d’années la cornemuse était un instrument de musique en voie de disparition, on assiste à un regain d’intérêt tant au niveau de la fabrication des instruments que des artistes qui le choisissent.

Dimanche 2 février 2017, 17h : les deux jours de randonnée sur les pas des maîtres sonneurs se terminent. Cette année la participation a été plus faible mais les participants ont beaucoup apprécié. La date a percuté celle d’autres manifestations susceptibles d’intéresser le même type de public telle la journée de l’âne à Glénic  ou la balade gourmande des châtaignes à St Priest ; un petit travail de coordination sera à prévoir pour l’année prochaine.