Culan, c’est toute une histoire !
Une bonne trentaine de personnes s’est retrouvée ce 11 aout 2017 pour la visite du vieux Culan, organisée par la commission tourisme et guidée par Colette Thomas. Pour commencer, elle nous emmène au fond du champ de foire, face à la vallée de l’Arnon pour bien montrer la topographie du lieu.
1- Aujourd’hui, la renommée de Culan est essentiellement due à son château. La première mention du château de Culan date de 1080, il s’agissait d’un simple château en bois. Avant ? Rien ! A l’endroit où nous sommes : des bois, des landes , des rochers, un paysage assez tourmenté dominant la vallée de l’Arnon ; car tout ce qui est plat dans le Culan d’aujourd’hui est fait de la main de l’homme : le champ de foires par exemple, date de la fin du 18ème siècle, juste avant la révolution française.
Le château, construit sur un éperon rocheux bénéficie d’un excellent site défensif, il permet de surveiller la vallée de l’Arnon qu’il surplombe de plus de 20 mètres. Sur les ruisseaux, des moulins peuvent être installés. Alors que l’ancienne paroisse de Prahas se trouvait sur la rive droite de l’Arnon, le château est construit sur la rive gauche de l’Arnon.
Un peu d’histoire ! Au 12ème siècle, Culan dépendant de la Maison de Déols est rattaché à la terre d’Aliénor d’Aquitaine. Mais lorsqu’ Aliénor d’Aquitaine, après avoir été répudiée par le roi de France Louis VII, épouse Henri Plantagenêt, futur roi d’Angleterre, Culan passe dans la mouvance anglaise. Le château de Culan devient un site stratégique à la frontière entre les terres du roi de France et celles du roi d’Angleterre. En 1188, le roi de France Philippe Auguste attaque et détruit le château de Culan. Il sera reconstruit peu après mais ses systèmes de défense seront à nouveau détruits au moment de la Fronde en 1652, le château appartenant alors au Grand Condé.
Au Moyen Age, l’histoire de Culan est dominée par la figure de l’amiral de Culant, c’est un personnage très important du royaume de France. Avec son cousin Jean de Brosse (de Boussac), il est aux cotés de Jeanne d Arc pendant la guerre de cent ans. Il accompagne Charles VII lors de son couronnement dans la cathédrale de Reims.
Mais revenons à Culan. Avant 1844 et la construction du pont routier, la route Clermont – Châteauroux passait par la rue des faubourgs, en contrebas du champ de foire, elle traversait l’Arnon au vieux pont. Epique la montée en voiture à cheval !
Quittant le champ de foire, nous passons devant l’ancienne gendarmerie, eh oui, Culan possédait sa gendarmerie de 1872 à 1920.
2- Nous arrivons à la place de la Grand Croix. Nous sommes à l’extérieur des remparts de la ville, dans le faubourg. Là, était une léproserie, devant s’étendait le cimetière.
3- Un peu plus loin, nous arrivons à l’emplacement d’une porte à péage, du rempart du 15ème siècle.
4- Nous sommes sur la place St Ursin, sur laquelle était située la chapelle St Ursin (12è -18è siècle ) et son cimetière attenant, avant que celui-ci ne soit transféré hors des murs du rempart. A la place de cette chapelle, disparue à la fin du 18è, se trouve aujourd’hui l’Hôtel de Ville. Le bâtiment imposant, inauguré à la fin du 19è siècle, rappelle l’importance de Culan à cette époque, avec ses très nombreuses foires, qui duraient souvent plusieurs jours de suite !
La rue de l’église, entre la chapelle St Ursin et la chapelle castrale est la grande rue de Culan le long de laquelle se trouvent les maisons de tous les notables de la ville : baillis, notaires, huissiers … On retrouve la demeure du bailli Desjobert, celle de la famille Dantigny…
5- La place neuve date du 19è. Elle permet de relier l’ancienne ville avec la nouvelle route de Montluçon. De là, on peut apercevoir les restes de l’ancien rempart de la ville avec son fossé.
6- La place de la halle. Culan possédait une ancienne halle comparable à celles de Lignières ou de Ste Sévère. Sur cette place, au moyen-âge, on trouvait le four banal, mais aussi le pilori ! La dernière condamnation à mort à Culan a été prononcée en 1786, elle eut lieu par lapidation.
7- Nous arrivons à l’église qui a subi de nombreuses transformations. La nef date du 15ème siècle et le clocher de 1624, le chœur a été construit au dessus de l’ancienne chapelle castrale ; curieusement le portail est roman, de style poitevin avec son décor. Il s’agit donc d’un réemploi mais son origine reste inconnue. Cette église est devenue paroissiale en 1630.
A l’intérieur se trouvait une statue de la Notre Dame de Prahas du 16ème en bois doré avec des pierres semi précieuses dans la couronne. Cette dernière ayant été volée en 2003, une copie a été réalisée et un pèlerinage a lieu chaque année, le week-end qui suit le 15 août. A cette occasion la statue est portée en procession jusqu’à la chapelle de Prahas.
8- A côté de l’église, le presbytère est une belle maison construite par le prince de Croÿ, à la fin du 18è. A l’arrière de l’église l’ancienne chapelle castrale est nettement visible, sous l’église actuelle, avec son portail roman qui donnait directement sur la cour du château.
9- Nous descendons la rue George Sand – anciens fossés des remparts du château – c’était une ancienne rue commerçante. Une échoppe rappelle le style du moyen âge, cependant elle est du 17ème siècle !
10- Une petite halte devant le château, notamment pour admirer les hourds en bois de châtaignier. Ils sont d’époque et datent du XVè siècle, ce qui est très rare en France.
Le Prince de Croÿ fut le dernier seigneur de Culan. Après la révolution française le château a été vendu à plusieurs familles bourgeoises de Culan.
En 1955- 1960 le château a été racheté par Mr Ferragut qui l’a ouvert au public et a su lui redonner une certaine notoriété en organisant des expositions prestigieuses .Puis il a appartenu à la famille Flament et aujourd’hui il appartient à la famille Marquis.
Nous descendons la rue du puits grimé – faubourg artisan de la ville – avec ses maisons commerçantes des 16-17ème siècles. Sur le bord de la rue, un puits caché (grimé comme le nom de la rue l’indique) !
Après avoir franchi l’ancienne porte de La Vau, nous arrivons au Vieux Pont qui lui n’est pas romain comme semble l’indiquer le nom de la rue ! Deux de ses arches sont de 1690, une de 1811 et la quatrième de 1945. Cependant sa construction rappelle celle d’un pont du Moyen Age, avec son tablier en dos d’âne, ses quatre arches en plein-cintre, ses avant-becs en triangle, et ses arrière- becs en trapèze. C’est là que passait la route Clermont-Tours avant la construction du pont neuf en 1844.
De l’autre côté du pont se trouve la maison natale du peintre Maurice Estève. A l’issue de cette visite d’une très grande richesse, nous avons été reçus par Mme Estève dans l’atelier du peintre. Nous reparlerons du peintre Maurice Estève (1904-2001) dans un prochain article !