Estève et Culan
Maurice Estève est un peintre qui a marqué le 20ème siècle. Sa célébrité a traversé presque tout le siècle dernier.
A la fin de la visite guidée de la ville de Culan du 11 aout 2017( http://nous-en-boischaut-sud.over-blog.com/2017/08/culan-c-est-toute-une-histoire.html), nous avons été accueillis, avec une extrême gentillesse, par Mme Estève dans la maison qui a vu naître son mari. Dans la pièce, autour d’une grande table vitrine, des affiches, deux tableaux inachevés et tout le matériel du peintre : ses pinceaux, son petit bureau qui supporte sa grande palette, ses nombreux tubes de peinture et d’aquarelle encore bien rangés dans leurs tiroirs …
Maurice Estève est né le 2 mai 1904 à Culan dans la maison de ses grands-parents, dans les faubourgs. Il y restera jusqu’en 1912 et il fréquentera l’école communale alors que ses parents vivaient et travaillaient à Paris. Il restera très attaché à ses grands-parents, qui l’ont entouré de leur affection et de leur sagesse.
En 1913, il rejoint ses parents à Paris où il découvre par hasard le Musée du Louvre qui l’émerveille. Il reviendra à Culan pour l’été et il y restera pendant toute la durée de la guerre. Il dessine déjà et peint de petites gouaches, encouragé par son instituteur.
Il retournera à Paris en 1918. Son père le placera dans différents ateliers, en apprentissage d’un métier manuel car pour son père il est hors de question que son fils devienne un intellectuel ! D’un atelier de typographe il gardera en mémoire l’odeur de l’encre d’imprimerie, puis chez un installateur de magasin il montrera son don pour le dessin. Malgré les difficultés il revient toujours à la peinture.
Maurice Estève est un autodidacte. Sans avoir fréquenté aucune école au-delà de la classe du certificat d’études, il côtoie le monde de la culture dans sa diversité et en est fort apprécié. Marqué par le souvenir de la première guerre mondiale, il s’affirme comme anarchiste, mais non violent !
Sa première exposition particulière est présentée à Paris en 1930. C’est la crise de 1929, il ne vendra aucun tableau ! Il n’aura plus d’exposition personnelle jusqu’en 1948, ce sera alors dans le cadre de sa collaboration avec la galerie Carré (Paris).
De retour à Culan en 1942, il loue la bergerie du Pétru, pour peindre dans le plus grand calme. Il dira y avoir été impressionné par le passage des saisons face à l’immobilité de sa toile.
Sa notoriété internationale débute en 1936 lorsque, sur les conseils de Braque, on lui demande d’exposer à Stockholm aux côtés de Picasso, Braque, Matisse et Fernand Léger. Ce fut un grand succès et le musée de Göteborg (Suède) lui achète sa première toile. Depuis ce temps-là, Maurice Estève est particulièrement connu et apprécié en Scandinavie.
Par la suite, la carrière de Maurice Estève est faite de périodes d’ombres et de lumières tandis que sa notoriété s’étend des pays nordiques à la Suisse,à l’Allemagne ,à la France …
En 1986, la Poste lui rend hommage en éditant un timbre à partir d’un de ses tableaux: "Skybet" . Le premier jour d’émission du timbre-poste se déroule à Culan, dans les salles du château, en présence d’Estève. Ce jour- là une foule énorme avait envahi les rues de Culan, et les culanais s’en souviennent encore !
En 1987, la ville de Bourges lui consacre un musée, dans l’hôtel des Echevins, présentant son œuvre de 1918 à 1988, grâce à une donation importante de Maurice Estève et de son épouse Monique.
Pour ses tableaux de sa période figurative des années 40, Maurice Estève choisit de peindre des paysages familiers, des thèmes simples qui lui permettent de traduire la vie de l’objet au-delà de l’apparence formelle. Dans sa série sur les métiers, il va rechercher le lien entre l’objet et le geste. Son œuvre se caractérise par deux mots clés : équilibre et rythme.
Maurice Estève est un grand coloriste, il utilise des couleurs pures, il ne mélange jamais les couleurs, il les superpose. Il utilise une très grande palette et un pinceau par couleur. Il s’est confronté à diverses techniques : dessins, aquarelles, collages … mais pour lui la peinture reste l’art majeur. Au cours de sa longue carrière il n’a cependant peint que 818 tableaux à l’huile, ce qui est peu, mais chaque tableau pouvait être travaillé plusieurs fois avant qu’il le considère comme terminé !
Le choix du titre d’un tableau était comme une aventure : il fallait que la sonorité du mot s’accorde avec le tableau, quitte à inventer des mots ! Mme Estève évoque ses promenades en voiture, notant les noms des lieux- dits qui étaient ensuite repris, modifiés…
De caractère discret, Maurice Estève n’aimait pas l’imprévu, toujours soucieux de protéger sa concentration sur son travail. La mort tourmentait Estève par son côté imprévisible : Quand? Où? Comment ?
Maurice Estève, qui a vécu principalement à Paris, est décédé le 27 Juin 2001 à Culan où il revenait régulièrement pour se ressourcer. Il est enterré dans le cimetière de Culan .