Les petits fruits de nos bouchures
Dans le cadre de l’inventaire de la biodiversité communale, la mairie de Marçais organisait le 7 octobre, en collaboration avec Nature 18, une sortie pour découvrir les petits fruits de nos bouchures.
Mais d’abord, qu’est-ce qu’un fruit ? C’est quelque chose qui est issue d’une fleur et qui contient des graines. La poire est un fruit, mais le melon est également un fruit, tout comme la tomate ou la courgette. Mais tous les fruits ne sont pas comestibles, beaucoup sont toxiques.
Allons voir sur le terrain, du côté du Breuil.
Au bord du chemin, un chêne celui-là est pédonculé : le gland est porté par un long pédoncule. Le gland peut être comestible mais c’est bourré de tanin. Pour le consommer, plusieurs recettes sont possibles : soit le torréfier et obtenir un ersatz du café, soit le faire bouillir et longuement éliminer l’eau de cuisson.
Un églantier sur le talus, c’est le rosier sauvage. Son fruit, le cynorhodon, est garni de graines et de poils à l’intérieur, mais la chair est délicieuse, douce et acidulée ; il est excellent en confitures, il suffit d’éliminer poils et graines en passant dans un moulin à légume. Sur certains rosiers apparaissent des touffes de poils, c’est une gale et si on ouvre on trouve une larve, mais c’est comestible aussi ! Grillé cela a un petit goût de noisette.
A côté un autre fruit qui ressemble au cynorhodon, mais il provient d’une liane, le tamier (herbe aux femmes battues), le fruit murit à la même époque que le cynorhodon, mais lui est toxique.
Le lierre commence tout juste à fleurir, c’est une aubaine pour les abeilles qui commencent à manquer de nourriture. Les fruits, noirs, apparaitront en hiver, ils sont toxiques pour nous mais sont une source de nourriture précieuse pour nombre d’animaux.
Le fusain avec ses fruits rouges en bonnet carré (bonnet d’évêque) est également toxique. Avec sa graine, orange vif il donne de belles décorations.
Le fruit de l’aubépine, la cenelle, ressemble également au cynorhodon, elle est aussi comestible mais ses qualités gustatives sont bien moindres.
La prunelle est également présente en ce moment mais elle ne se récolte qu’après les premières gelées. Vous êtes pressés et il n’y a pas de gelées en vue ? Mettez-les deux ou trois jours au congélateur !
Un petit coup d’œil au chemin sur lequel nous nous promenons, nous sommes maintenant en forêt, mais en regardant bien, on remarque que les chênes majestueux bordant le chemin ont été étêtés. De tels têtards ne sont adaptés que dans des haies et non en forêt. Nous sommes donc dans une forêt d’origine récente qui s’est installée à la suite de la déprise agricole. De même ces buttes de terre qui bordent le chemin sont le résultat d’arbres plessés pendant des siècles pour former des clôtures autour des prés. Au cours du temps la terre s’est accumulée sur le plessage, des végétaux ont poussé, formant ainsi ces buttes.
Devant nous, ce poirier réellement imposant est peut-être le vestige d’un arbre autrefois cultivé, en tout cas il est très vieux !
Plus discret, un néflier, c’est un cousin de l’aubépine, la feuille est très douce. Son fruit était autrefois recherché et se consomme blet. Cet arbre est difficile à multiplier, depuis qu’il n’est plus cultivé il devient rare.
Quelques pommiers sauvages sont disséminés dans la haie. Les pommes, souvent très dures, étaient autrefois utilisées pour leur jus ou consommées cuites.
Un cormier avait été repéré lors d’une sortie précédente, nous le cherchons. En fait nous le trouvons grâce à des feuilles tombées à terre ; elles ressemblent à celles du sorbier, arbre de la même famille. Notre cormier est très élancé et là haut, s’il a des cormes, elles ne sont pas visibles. Il fournit un bois précieux utilisé en particulier pour la fabrication de cornemuses !
Le nerprun purgatif porte également ses petits fruits noirs en ce moment. Attention, ils sont toxiques ! L’arbre est reconnaissable à son épine située au bout de la branche.
Enfin, de retour au Breuil nous rencontrons un sureau. Il ne faut pas confondre le sureau yèble, grande plante herbacées dont les fruits sont toxiques, avec le sureau noir arbuste qui donne des fruits comestibles et très bons, notamment utilisés en confiture.
Notre petite balade est terminée, elle n’a pas été bien longue, tout au plus deux km aller-retour, mais au cours de cette balade nous avons tout de même rencontré plus d’une douzaine de fruits différents, signe de la richesse de la biodiversité locale.