Pyrénées ou le voyage de l’été 1843, chez Maurice Sand

Publié le par nous-en-boischaut-sud

Julien Rochefort est seul sur la scène du théâtre Maurice Sand de La Châtre ce 1er décembre. Dans un décor minimaliste, Julien Rochefort est Victor Hugo.

C’est un Victor Hugo de 41 ans qui a décidé de voyager dans les Pyrénées et de prendre ses eaux à Cauteret, un Victor Hugo qui écrit régulièrement son journal de voyage qu’il pensait publier à son retour ; la tragédie finale ruinera ce projet.

 Dans ses descriptions des paysages, Victor Hugo est peintre, il est un observateur attentif des gens qu’il croise, et il promène partout son esprit plein d’humour. Mais Victor Hugo est un homme déjà célèbre qui doit enfoncer son chapeau sur le visage pour ne pas être reconnu.

Julien Rochefort, habillé en jeune bourgeois élégant avec une diction parfaite et un débit plutôt rapide apporte ce texte sur scène avec une sorte de délicatesse et de passion.

crédit photo : Fabienne Rappeneau

crédit photo : Fabienne Rappeneau

Avec beaucoup d’humour, Victor Hugo donne la vision fugace des villes qu’il traverse par malle-poste (« Etampe : une grosse tour aperçue au-dessus des toits »,  « Blois : un pont avec un obélisque pompadour ») devinant que ce type de vision sera bientôt celle du voyageur avec le train, prémonition. Prémonition encore lorsqu’il nous parle de Biarritz, petit village agreste et rustique mais s’il devient à la mode,  « il sera pris du mauvais appétit de l’argent »; par contre son jugement sur l’ile d’Oléron n’est pas vraiment prémonitoire, c’est une sombre vision : « grand cercueil couché dans la mer » et ravagé par la fièvre des marais, il en repartira tout de suite !

Ces textes de voyage sont émaillés de lettres à sa famille, en particulier à sa fille Léopoldine, 19 ans qui vient de se marier.

Son arrivée à Bayonne lui rappelle des souvenirs d’enfance, réminiscences de son passage pour rejoindre son père en Espagne lors des guerres napoléoniennes. Cette évocation de lieux, de souvenirs d’enfance, n’est pas sans rappeler Proust avant l’heure.

crédit photo : Fabienne Rappeneau

crédit photo : Fabienne Rappeneau

Sur le retour, à Rochefort, l’étape d’avant La Rochelle où il doit récupérer son courrier en poste restante, il tombe à l’hôtel sur un journal ; c’est ainsi qu’il apprend que sa fille Léopoldine s’est noyée dans la Seine. Le carnet de voyage s’arrête brutalement. Il ne sera publié que cinq ans après sa mort.

Avant cette fin tragique, Victor Hugo nous offre un texte plein d’humour et néanmoins très littéraire. En 1h10 de monologue, sans emphase exagérée, Julien Rochefort est totalement habité par le personnage de Victor Hugo. Voilà une belle performance d’artiste, mais celui-ci a de qui tenir !

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