Théâtre à Lacs : Repose de Hanokh Levin
Théatralacs nous a proposé ce samedi 10 mars une adaptation de la dernière pièce écrite par l’auteur israélien Hanok Levin quelque temps avant sa mort : « Repose ». « Repose est une comédie, mais une comédie où la mort est omniprésente, pas une mort dramatique, non, ce serait plutôt une bonne affaire, la mort !
Hanokh Levin retrouve ses origines slaves pour cette pièce, il s’est inspiré de trois récits de Tchekhov mais Tchekhov lui-même y a intégré des récits et légendes slaves : thèmes intemporels.
Le Vieux est fabricant de cercueils dans un pauvre village russe, il n’y a pas de sot métier, il faut bien vivre, surtout que notre fabricant de cercueil est plutôt avare. Il n’y a que de vieilles gens dans ce village pourtant on n’y meure guère, pas de guerre, pas d’épidémie. Et le sort veut que la première personne que la Faucheuse emporte soit sa femme, la Vieille (pour notre avare, le cercueil, c’est une dépense ou une recette ?). Mais cette mort est l’occasion de se remettre en question : qu’a-t-il fait pour sa femme qui l’a accompagné pendant 50 ans, qu’a-t-il fait de sa vie, qu’a-t-il fait de son intelligence ? Il a vécu, tout simplement, voilà le destin de notre humble humanité.
Cette belle pièce balance constamment entre drôlerie et réflexion quasi philosophique.
La vie dans ce village russe perdu quelque part entre Shanghai et Paris, c’est aussi le passage de la carriole (magnifique décor) qui fait la navette entre les deux bourgs voisins. Dans cette carriole, les habitués : deux ivrognes invétérés, deux putains exubérantes qui racontent leurs aventures, tandis que le cocher, qui vient de perdre son fils, ne réussit pas à confier son chagrin à ses passagers, rien qu’à son cheval, solitude de notre humanité.
Et la mort est toujours présente, la Vieille est morte, mais elle est morte heureuse, délivrée, accompagnée par les anges. Une jeune femme passe, son jeune enfant a été ébouillanté, elle cherche un infirmier, scène slave sous les saules au bord de l’eau. Les anges viendront et repartiront avant de l’aider pour le passage. De l’au-delà, l’enfant transmettra l’expression de sa sérénité à sa mère. Le Vieux mourra aussi, une bonne affaire ma foi, plus de dépenses !
Tout ce carnaval est accompagné par la musique jouée en live avec deux accordéons.
A l’automne de sa vie, n’est-il pas temps de faire les comptes, les pertes et les profits. Cette vie que nous avons vécue, aurait-elle pu être autre. Aurions-nous pu en changer le cours ?
Notre regard sur le monde et les êtres qui nous entourent, notre écoute de l’autre, ont-ils été suffisants. Sommes-nous, toute notre vie, passés à côté des choses importantes. C’est toute notre humanité qui est interpelée.
Entre fable et interrogations philosophiques, cette pièce est remarquablement interprétée par les acteurs de Théâtralacs. Elle nous fascine, nous prend à la gorge entre sa profondeur et sa légèreté ; une expérience à vivre.
Théâtralacs interprétera à nouveau « Repose » samedi 17 mars à Lacs avant de la jouer à Argenton/Creuse.