Entre Napoli et la Russie, belcanto à Châteaumeillant
François Soulet fut d’abord ténor de l’Opéra de Paris. Il est premier prix international de chant et d’opérette ; Elena Voznesenskaya est soprano et pianiste concertiste. Elle a obtenu un masque d’or au Théâtre du Bolchoï. Ils se sont produits ensemble sur les plus grandes scènes internationales ; vendredi dernier ils étaient à Châteaumeillant au Pôle Culturel de l’Etang Merlin !
Certes, la scène n’était pas à la hauteur de la qualité de tels artistes, mais peu importe, car c’est un récital entre amis qu’ils nous ont offert en toute intimité. Ce fut un récital lyrique dans une atmosphère détendue, où les échanges fusaient entre les artistes et le public. La scène du Pôle de l’Etang Merlin se prête bien à cela ; rien à voir avec les scènes plutôt guindées où se déroulent la plupart des spectacles lyriques.
Eléna et François nous ont fait découvrir alternativement chacun leur univers : entre les chansons traditionnelles russes d’Eléna et la gaité des chansons napolitaines de François, les interprètes allant même, la plupart du temps, jusqu’à nous traduire les paroles des chants traditionnels.
Côté russe, la plupart des chansons traditionnelles ont un petit air mélancolique. Comme dans les contes, la belle-mère est une méchante femme. Certaines de ses romances ont été collectées et arrangées par P. Tchaïkovski, on y trouve aussi des musiques de films soviétiques des années 30. Pour trouver un peu de gaité il faut se tourner vers les chansons tsiganes.
Côté napolitain, c’est une tout autre atmosphère : ici on parle d’amour et de soleil ! Nous sommes dans le domaine du belcanto. Caruso lui-même a popularisé bon nombre de ces chants traditionnels.
Nous ne commenterons pas la prestation des artistes, la qualité est bien au-delà de ce que nous pourrions dire. Sans doute, n’avons-nous jamais entendu de telles voix à Châteaumeillant !
Pour le final, nos deux artistes nous ont interprété un air de la Traviata : Libiamo (buvons). Parfois, cet air est chanté un verre de champagne à la main. Mais là, pas de champagne, ni de vodka, ni de lacrima christi et même, pas de petit gris de Chateaumeillant, mais…… une jolie rose.
Le public était venu nombreux, il a fait une ovation debout aux deux artistes.
Après la représentation, Eléna et François sont gentiment restés dans la salle pour parler avec leur public et signer des autographes à tous ceux qui le souhaitaient.
Nous les retrouvons ce dimanche 13 mai à l’église de Chateaumeillant où ils nous proposent un concert de chants sacrés.
Ce concert est pour eux, dans un premier temps, l’occasion de nous présenter quelques uns de leurs élèves déjà en mesure de se présenter au public et valoriser ainsi leur travail commun. Le résultat ne fait rougir ni professeurs ni élèves, mais nous nous rendons compte à l’écoute d’Eléna et de François que la route est longue et difficile. Cependant, pour chanter comme Eléna tel un rossignol, il faut peut-être avoir au départ quelques atouts innés.
La deuxième partie du concert était animée par Eléna et François, Elena tenant à la fois la partie accompagnement piano et la partie chant. Les œuvres choisies de grands maîtres (Haendel, Mozart, Verdi, Purcell, Bach, Donizetti, Bizet, Franck, Cassini, Euzet, Tchesnokov, Botcharov, et chants grégoriens) tant pour les élèves que pour les artistes, étaient toutes difficiles et magnifiques voire sublimes.
Il y eut peu de monde pour assister à ce superbe concert, il faut le reconnaitre et le regretter, mais la concurrence dans la région, ce dimanche 13 mai, était sévère : fêtes de printemps et marchés aux fleurs à Culan et Fresselines … fête patronale et pèlerinage à Sainte-Sévère, diverses expositions - ateliers créatifs, ateliers d’art – le festival DEBUSSY à la Grange aux Pianos de Chassignolles et surtout le concert d’inauguration de l’orgue restauré de l’Eglise de La Châtre.
En cause, peut-être aussi, le temps plutôt maussade qui n’incitait pas vraiment à sortir, surtout pour nos ainés plus âgés.