L’abbaye de Puyferrand au Chatelet en Berry

Pour nous Puyferrand c’est une belle église dans un écrin de verdure, ombragée par de beaux arbres et qui domine le bourg du Chatelet un peu à l’écart. Mais c’est aussi le reste d’une abbaye qui fut puissante jusqu’au 16^ème siècle. En cette matinée très chaude du 26 juillet, l’office de tourisme du Chatelet nous en propose une visite guidée.

Arrivant sur cette belle place, on remarque effectivement à droite de l’église un terrain qui fut le lieu du cloitre, tandis que des murs, aujourd’hui propriété privée indiquent toute l’étendue de l’abbaye.

La première mention de l’abbaye de Puyferrand date de 1029 (à cause d’un différent avec l’abbaye d’Orsan). Elle est alors occupée par des moines de l’ordre de St Augustin et elle dépend de Déols.

L’église actuelle comporte deux parties, celle réservée aux moines est du 12^ème siècle, elle est de style roman, tandis que la chapelle St Blaise attenante, du 13^ème avec des influences gothiques, est destinée aux paroissiens, les deux édifices seront séparés par un mur jusqu’au 19^ème. Devant l’église est la pierre des morts où reposait le cercueil avant la cérémonie religieuse.

Sur le mur de l’église, on remarque d’importantes traces d’usure, pourtant la construction n’est pas réalisée dans une pierre friable : les pèlerins frottaient le mur pour récupérer de la poudre qu’ils ajoutaient à leur gourde d’eau bénite, un porte-bonheur ! Au-dessus du porche de l’église, trois arcades aveugles dont les chapiteaux sont sculptés de scènes champêtres. L’abbaye était riche et tenait sa prospérité de l’exploitation des nombreuses terres qui l’entourait.

En 1569, pendant les guerres de religions, Wolfgang des Deux Ponts et ses rustres, pille l’abbaye et l’incendie. Les moines ont juste le temps de s’échapper par les souterrains. L’abbaye est laissée à l’abandon. A la fin du 17^ème, Pierre de Gaussens, l’abbé commendataire, restaure, mais uniquement l’église.

Entrons donc dans cette église. A l’entrée, en haut du chapiteau gauche du porche, un chat nous accueille, le diable ! Il est maintenu à l’écart par cinq billettes (toujours un nombre impair).

Pour accéder au chœur, deux passages berrichons permettent de faire communiquer le chœur et la nef sans passer par l’allée centrale tandis que deux secretarias (petite pièce servant de sacristie) sont logés de chaque côté du sanctuaire. Le chœur est supporté par de belles colonnes colorées ; elles ne sont pas peintes mais réalisées avec un assemblage de pierres de couleurs différentes !

 Sept stalles en bois sculptées rappellent la fonction d’abbaye, mais elles proviennent d’Orsan.

Une statue en bois de St Antoine, avec son cochon, des statues de Ste Agathe et de St Denis ornent le chœur, elles datent des 15^ème-16^ème siècles, à noter les 17 têtes de diable supportant la statue de St Denis !

Dans la nef une belle piéta du 15^ème siècle.

A l’entrée un bénitier renaissance, il est encastré dans le mur et on voit difficilement son évacuation d’eau : l’eau bénite utilisée lors du baptême devenait impure et ne devait pas être réutilisée, elle était donc évacuée.

La nef de la chapelle St Blaise conserve huit tableaux de grande taille, (en 1906, ils étaient douze !) ils ont été récemment restaurés et ont retrouvé leur luminosité. On ne sait pas vraiment à quelle occasion ils sont arrivés là !

Après cette visite de l’église une petite balade nous permet dans un premier temps de se rendre compte de l’étendue du monastère ; c’est maintenant une belle propriété privée (à l’exception de l’église). Puis, par des chemins ombragés en cette matinée déjà caniculaire, nous rejoignons le moulin du canard, autre lieu agréable parfaitement entretenu ; sur le parcours, de belle échappées vers Puyferrand dans sa verdure.

Sur le chemin du retour, arrivant sur Le Chatelet, nous dénichons tous les épis de faitage, les merlusines, mais de cela nous avons déjà parlé ! (Merlusines au Châtelet)