Merlusines en se baladant au Châtelet en Berry

Vous savez ce que sont les merlusines ? En Berry, ce sont les épis de faitage en poterie que l’on trouve à l’angle des toitures à pans multiples. Ils permettent d’en assurer l’étanchéité  en recouvrant la partie saillante de la charpente.

Ils s’appellent ainsi en hommage à la fée Mélusine (en Berry, on dit Merlusine: mère des Lusignan car ce sont eux qui ont importé la légende de la fée Mélusine). Mélusine devient serpent au-dessous du nombril chaque samedi par punition pour avoir jadis enfermé son père. Notre fée épouse un Lusignan mais lui fait promettre de ne jamais chercher à la voir le samedi. Le mari promet mais évidemment le jour arrive où il cherche à la voir, et ce jour là Mélusine s’échappe par la fenêtre, aussi légère que si elle avait des ailes.

Cette légende a été propagée dans la contrée par les Fradet, propriétaires de Châteaumeillant, dont la famille était alliée aux Lusignan (une statue en bronze de la fée Mélusine trônait sur le château de Châteaumeillant jusqu’à la révolution).

En souvenir de cette fenêtre d’où s’est échappée la fée, les épis de faitage s’appellent chez nous des merlusines.

A l’origine ce sont de simples pots de terre renversés et  vernissés, chez nous, les plus anciennes sont rondes comme sur le toit de l’ancienne mairie du Châtelet.

Traditionnellement elles représentent une poule et ses poussins, symboles du foyer,  tandis que le coq peut être présent à un autre endroit de la charpente. Dans notre secteur les anciennes merlusines étaient fabriquées à la poterie de Verneuil sur Igneraie, mais aujourd’hui c’est une spécialité des potiers des Archers, en particulier de Mr et Mme Delmotte.

On en voit de belles sur les lucarnes de quelques maisons aux toits pentus près du château.

Nous arrivons devant l’église St Martial, édifice du 14^ème siècle qui fut rasé et reconstruit au 19^ème siècle avec l’aide de la population. Les vitraux laissent la trace de certains donateurs comme cette Agathe Baucheron.  

Cette église est construite à proximité (mais à l’extérieur) des remparts du château. Ceux-ci, imposants (1.70m d’épaisseur) n’ont jamais été réellement attaqués. Le château a passé sans encombre les guerres de religion mais s’est dégradé naturellement faute d’entretien. Au 20^ème siècle des bâtiments ont été construits qui ont longtemps abrités l’Aremc organisant des séjours musicaux pour les enfants.  

Du château originel, seuls restent quelques fragments de remparts protégés par un fossé impressionnant d’une vingtaine de mètres de profondeur. Les illustrations anciennes montrent un bel édifice. Le plan de la ville du Châtelet, en cercles concentriques laisse entrevoir un bourg ramassé autour de son château dans une boucle de la rivière Portefeuille. Le Châtelet était très certainement une place importante, mais il ne reste aucune archive !

Descendant pour rejoindre Puyferrant, nous retrouvons nos maisons berrichonnes qui ont conservé la tradition des merlusines en les adaptant au goût du jour. On y trouve des hirondelles des pigeons ou des chouettes mais nombreuses sont les traditionnelles merlusines avec la poule et ses poussins accompagnées parfois de motifs plus modernes.

Parfois, les merlusines donnent des indications sur les goûts de leur propriétaire. Ainsi, sur la route de St Amand, on trouve une merlusine représentant un joueur de vielle ; à côté était un café, sa merlusine n’est pas en reste !

Les épis de faitage peuvent également être en zinc, (mais peut-on parler de merlusine dans ce cas) et certains font aussi office de girouette mais c’est également le cas de certaines merlusines en poterie.

Une simple petite visite dans nos villages recèle pour nous plein de découvertes si on lève les yeux.

Cet été des visites sont organisées tous les jeudis à l’office de tourisme du Châtelet, profitez-en !