Haut les branches ! En randonnant à Pouligny Notre Dame
A l’invitation des randonnées accompagnées au Pays de George Sand, plus de 130 participants partant de la salle des fêtes de Pouligny Notre Dame se sont vite retrouvés dans des entiers étroits entourés d’arbres, une occasion pour rencontrer nos amis Noirs du Berry et quelques autres poneys.
Passant près d’un pré où paissaient les vaches il y a encore peu de temps (des traces au sol nous le montre !), nous faisons la rencontre de la compagnie « A tirelarigot ».
Les deux actrices nous racontent à leur façon plutôt déjantée, la création du monde : un monde où les arbres et les humains ne forment qu’un, les humarbres ; il y avait les sages et il y avait les agités mais tous se reconnaissaient et se comprenaient « Salut vieille branche ! », ils avaient les mêmes feuilles, sauf que les agités n’en avaient que deux !
Nous reprenons la route en sentant bien que cette belle unité entre ces personnages aux caractères différents est fragile.
Au détour d’un sentier, nous croisons une ferme avec sa grange à porteau, typique de la région. Nous sommes tout près de la Creuse, la géologie est un peu différente et le granite domine, cela se voit dans la construction des maisons !
Une petite croix massive à un croisement. Un peu plus loin, nous en trouverons une plus ouvragée, mais là, c’est que nous nous sommes trompés de route, demi-tour !
Par les chemins encaissés entourés de fougères, nous rejoignons le point de ravitaillement où nous sommes accueillis par les propriétaires dans leur ferme comportant également une grange à porteau.
Le ravitaillement des randonnées accompagnées au pays de George Sand, c’est le règne des produits locaux. Aujourd’hui nous donnerons une mention spéciale à la galette aux pommes de terre et aux escargots de C. Loriot.
Quelques sentiers plus tard nous retrouvons nos deux actrices de « A tirelarigot » pour la suite de l’histoire.
Eh bien oui, les humains et les arbres ne se comprennent plus. Les humains ont inventé la tronçonneuse, alors là, rien ne va plus ! Catastrophe.
Encore un peu de sentiers dans les bois avant d’arriver à La Saugouse, lieu de notre repas, nous nous installons au frais dans une belle grange, instant de repos.
Repartant dans la forêt, nous atteignons rapidement le « Signal du Fragne » (ou Terrier de Randoin), le plus haut point du département de l’Indre (il ne fait que 457 m, il se situe à la limite de la Creuse mais sur le territoire de la commune de Pouligny Notre Dame). Il est en pleine forêt mais dès qu’on en sort, le paysage se découvre.
Ici est le domaine du granite, et au milieu de la forêt nous nous retrouvons au milieu d’un éboulis d’énormes blocs de granite. René nous explique que cet éboulis, provoqué par l’érosion, a été exploité pour la taille de pierres pour la construction. Les ouvriers perçaient des trous en ligne dans la roche puis y inséraient des coins de bois sec. En humidifiant ces coins, le bois se dilatait et faisait éclater le rocher. Des échantillons de blocs exploités se rencontrent à côté des éboulis.
Reprenant notre marche, juste avant la sortie du bois, nous retrouvons nos deux actrices pour la fin de l’histoire. Car devant les misères infligées par les humains aux arbres, ceux-ci vont se rebiffer : leurs fruits deviennent immangeables, leur bois devient inutilisable … Mais c’est grâce aux enfants que la concorde entre arbres et humains se retrouvera !
Un grand bravo à nos actrices pour la qualité de leur spectacle « Haut les branches »
Encore quelques kilomètres à parcourir, quelques granges à porteaux à découvrir, quelques arbres magnifiques à croiser, taillés à bonne hauteur par les vaches, et nous rejoignons Pouligny Notre Dame.
A l’approche du bourg, les chemins deviennent des routes, le soleil cogne sur le bitume et c’est avec plaisir que nous retrouvons, après ces 18km de marche, la salle des fêtes de Pouligny où la municipalité nous offre un pot de l’amitié bienvenu.
LES GRANGES A PORTEAUX
Les « granges à porteaux » également appelées « granges à auvent » ou « granges avancées » apparaissent dans les campagnes au 18e siècle et sont un élément emblématique du patrimoine architectural du Boischaud Sud.
La grange à porteaux est un lieu éminemment fonctionnel, c’est aussi un signe et un symbole dans l’exploitation agricole.
FONCTIONNEL, il l’est pour le bon déroulement des activités agricoles, il est le prolongement, à l’abri, de la cour.
L’auvent sert à tous les types d’activité :
On y tue le cochon, on y pratique le battage au fléau, on y suspend les harnachements, on y dépose les outils, on y décharge et on y stocke la récolte à l’abri des intempéries. De son chaffaud pendent les bottes de haricots, d’ail ou d’oignons.
Les appentis reçoivent la volaille, les lapins, les cochons, etc.
SIGNE : le porche, avant-corps sur murs porteurs, peut être considéré comme le signe de la sécurité de la propriété, voire de la prospérité.
C’est le lieu privilégié des rites de passage : la récolte une fois franchie le porche est à l’abri, la survie est assurée.
Mais ce peut être aussi un symbole dans la mesure où, le jour des noces, dont le repas copieux se prenait souvent à son abri, s’y déroulaient des rituels, offrandes agraires et rituels de fécondité.
Les granges sont en général en calcaire pour les murs de couleur ocre, de bois pour les éléments de structure et de tuiles plates du pays pour la toiture, tuiles dites de type « berrichon ». La « terracotta » patinée se caractérise par des tonalités plus sombres que celles de la tuile romaine.
D'après :
JY Hugoniot :"Maisons paysannes en Berry" Royer Ed. (1994)
https://www.pays-lachatre-berry.com/up/actualites/Le%20Chassin.pdf