Les juifs à Châteaumeillant pendant l’occupation – Enfants de Paris (1939-1945)

Publié le par nous-en-boischaut-sud

En 1942-43, Châteaumeillant a accueilli plus de 140 juifs originaires principalement du 11ème arrondissement de Paris. Ils se cacheront dans des fermes ou dans le bourg. De faux papiers d’identité leur seront fournis, fabriqués notamment par Harry Bonjour, notre photographe. Ils vivront néanmoins de façon presque normale : les enfants étant scolarisés, les adultes travaillant. Ils doivent à la complicité de la population et des gendarmes d’être protégés jusqu’à la fin de la guerre, seuls trois d’entre eux seront déportés.

« Dès que Raveau, gendarme à la brigade de Châteaumeillant, était prévenu d’une opération imminente, il passait chez René Dupuis, notre pâtissier, et lâchait négligemment « triste besogne ce soir ». Celui-ci prévenait aussitôt le réseau de la résistance communiste et les juifs étaient immédiatement alertés et «  planqués" (Roger Sandrier : « Avant l’oubli … RESISTANCE)

Parmi ces juifs réfugiés à Châteaumeillant, Ida Rozenberg. Pour elle, la parution du livre de Roger Sandrier qui participa activement à la protection des familles juives de Châteaumeillant fut un déclic : « Sans eux, nous ne serions plus là ! ». C’est à l’initiative d’Ida Rozenberg qu’une plaque de remerciement à la population de Châteaumeillant a été apposée le 20 novembre 2004 sur le chapitre. Ce fut un évènement de grand retentissement en présence des descendants des familles sauvées, de la population et de la presse nationale.

Ce 7 décembre 2018, elle est revenue accompagnée de toute sa famille et pour l’accueillir la population de Châteaumeillant s’est déplacée nombreuse malgré le temps pluvieux : des personnalités, des survivants de l’époque, les associations d’anciens combattants mais aussi beaucoup de personnes simplement intéressées par l’histoire de cette époque avec en tête les enfants des écoles.

Les juifs à Châteaumeillant pendant l’occupation – Enfants de Paris (1939-1945)Les juifs à Châteaumeillant pendant l’occupation – Enfants de Paris (1939-1945)
Les juifs à Châteaumeillant pendant l’occupation – Enfants de Paris (1939-1945)Les juifs à Châteaumeillant pendant l’occupation – Enfants de Paris (1939-1945)

A l’invitation de Mr le Maire, Ida Rozenberg revient sur cette époque, remercie, cite des noms même si, comme elle le souligne, la liste n’est pas exhaustive. Mais aujourd’hui, c’est l’occasion de célébrer le travail de son fils Philippe Apeloig qui publie un livre « Enfants de Paris 1939-1945 » où sont recensées les plaques commémoratives, et ce livre s’ouvre sur la plaque commémorative de Châteaumeillant.

Nous retrouvons Philippe Apeloig dans la salle Georges de Vandègre pour une présentation de ce livre.

Les juifs à Châteaumeillant pendant l’occupation – Enfants de Paris (1939-1945)Les juifs à Châteaumeillant pendant l’occupation – Enfants de Paris (1939-1945)

Lors de sa « période américaine » Philippe a été marqué par « The Wall », l’œuvre de Maya Lin en hommage aux soldats américains morts au Viêt-Nam ainsi que par les installations éphémères nées après le 11 septembre avec la mention « Missing ».

 Il note que de son côté, Paris compte beaucoup de plaques commémoratives, notamment de la période 1939-1945. Elles sont nombreuses et pourtant deviennent invisibles. Son but a été de les rendre à la lumière.

Pour cela, son travail s’inspire de Brassaï  qui photographie graffitis et signes grattés sur les murs de Paris, mais aussi du court-métrage d’Agnès Varda « Les Dites Cariatides » qui débusque les cariatides sur les façades. L’idée germe alors de faire un livre de ces plaques commémoratives à l’instar du travail d’Ed Ruscha sur les parkings (déserts) de Los Angeles qui frise l’abstraction.

Avec sa jeune équipe, il s’attelle au recensement de toutes les plaques de Paris puis les photographie. Ensuite, le travail sur la photographie est important pour rendre lisible toutes ces plaques, les « nettoyer », éliminer les souillures du temps.

Les juifs à Châteaumeillant pendant l’occupation – Enfants de Paris (1939-1945)Les juifs à Châteaumeillant pendant l’occupation – Enfants de Paris (1939-1945)

On retrouve des plaques commémoratives de « Morts pour la France » essentiellement lors de la libération de Paris mais aussi des plaques consacrées aux « Justes » ; quelques personnes célèbres mais beaucoup d’anonymes. Des noms reviennent plusieurs fois : Pierre Brossolette, Marcel Rajman…

Une caractéristique notable: la plupart de ces disparus sont morts très jeunes (17 ans, 20 ans) d’où le titre du livre : entre « Enfants du Paradis », « enfant de la Patrie », finalement, ce sera « Enfants de Paris ». Et toujours sur ces plaques, le message « Souvenez-vous … »

Les juifs à Châteaumeillant pendant l’occupation – Enfants de Paris (1939-1945)

Pour réaliser son œuvre, Philippe Apeloig n’oublie pas qu’il est typographe et designer, c’est un livre d’art qu’il nous propose et non un livre d’histoire. Toute la diversité des compositions typographiques est mise en valeur. Pour le texte du livre, il a choisi un mélange de deux typographies : l’une allemande, l’autre française, tandis que la première page est bleue, la dernière rouge et le livre est blanc, clin d’œil.

Et la première plaque commémorative présentée n’est pas de Paris mais de Châteaumeillant.

A la suite de l’exposé du « making-off » de son livre, une file se forme pour les dédicaces, tandis qu’à l’autre bout de la pièce quelques vétérans de l’époque se souviennent en consultant avec Ida Rozenberg les photos de classe de l’époque où petits juifs parisiens côtoient petits castelmeillantais…

Les juifs à Châteaumeillant pendant l’occupation – Enfants de Paris (1939-1945)Les juifs à Châteaumeillant pendant l’occupation – Enfants de Paris (1939-1945)
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article