Eglises peintes en Boischaut-Sud : Lourouer St Laurent, St Chartier
En ce 21 juillet, nous avions rendez-vous à Lourouer St Laurent avec Gérard Guillaume pour une visite de cette église remarquablement décorée.
Ici était un oratoire. En berrichon, l’oratoire va se prononcer « l’ouratouère » ainsi on comprend mieux comment est né le nom de Lourouer. Ce lieu, dépendant de l’abbaye bénédictine de Massay ou de Déols, ce n’est pas très clair, a d’abord été sous le patronage de St Pardoux puis est passé sous celui de St Laurent, signe de l’extension de l’influence des saints du « nord (val de Loire) au détriment de ceux du « sud » (Limousin) !
L’église date du 12ème siècle avec ses arcs en plein cintre mais une voûte en arc brisé pour accéder à une chapelle latérale indique une modification postérieure (13ème ?). Le chœur a été également modifié à plusieurs reprises (allongé puis rehaussé : 15ème ?) et une chapelle latérale a été ajoutée au 16ème sous l’égide des seigneurs d’Ars.
Mais la caractéristique principale de cette église est la variété des fresques, peintures et décors qui ornent les murs.
La plus ancienne fresque date du début du 12ème, située sur le mur est de la nef, elle est de très belle facture. La partie qui subsiste aujourd’hui est limitée, on reconnait les éléments d’une Vierge à l’enfant.
Au milieu du mur sud de la nef, un groupe de 4 personnages (dont le troisième pourrait être Jésus) daterait de la fin du 12ème siècle.
Les autres fresques sont du 13ème siècle, réalisées sans doute en plusieurs campagnes et à plusieurs époques. On découvre une scène de crucifixion sur le mur est de la nef, le repas de Jésus chez Simon le pharisien (avec Marie de Béthanie qui essuie les pieds du Christ avec sa chevelure), les signes du zodiaque, St Nicolas qui sort les enfants ressuscités du saloir …
Ainsi différentes fresques ont été peintes successivement sur les murs de la nef, les nouvelles fresques recouvrant les anciennes. A cette époque, les fresques servaient à l’édification des fidèles. Leur but est de délivrer un message et, au cours du temps, le message à diffuser change, c’est pourquoi de nouvelles fresques sont réalisées !
La superposition des fresques dans le chœur montre que celui-ci a été surélevé (15ème ?). Au centre de la partie ancienne, un chevalier lutte contre un basilicoq (monstre hybride entre un coq et un serpent) symbolisant la lutte du bien (le chevalier au sud) contre le mal (le dragon au nord).
Le chœur est décoré de boiseries de type Versailles (mais le style ne s’est imposé en Berry que 50 à 100 ans plus tard)
Quant au chemin de croix, il a été sculpté par l’abbé Aymond, oui, le curé de Thevet St Julien et de Vicq-Exemplet ! L’expressivité de la sculpture st remarquable.
Pour la petite histoire, dans les archives de l’église a été retrouvé un cantique à chanter à la messe de minuit due l’abbé Ribot : « A la mort du grand cardinal, chacun doit se bien réjouir car il ne fera plus de mal à ceux qu’il a tant fait souffrir » ; pas très canonique !
Après cette visite de Lourouer St Laurent et de ses peintures médiévales, nous continuons à l’église de St Chartier pour un décor d’une autre époque.
Car à St Chartier, si le lieu de culte est ancien, fondé par St Chartier lui-même au 6ème siècle et que l’église est du 11ème siècle, celle-ci fut restaurée en 1863 et c’est un décor 19ème qui nous apparait.
La tribune en métal de Théret date du début du 20ème siècle. La nef est décorée de tableaux marouflés peints par Mailleau, ils représentent d’une part Ste Solange, patronne du Berry et d’autre part une vue de St Chartier.
A noter dans la chapelle du clocher, une piéta du 15ème qui exprime une humanité plus bien grande que les représentations médiévales antérieures qui paraissent figées ; la société évolue, ce qui génère des angoisses.
Le grand homme pour l’église de St Chartier est l’abbé Emile Jacob (1867-1953) qui résida à la cure pendant 62 ans. Homme de lettres (sous le pseudonyme d’Hector de Corlay) il fut l’ami de Mailleau, Nigond …)
Et puisque nous sommes à St Chartier, haut lieu du roman « Les Maîtres Sonneurs » de George Sand, Gérard Guillaume termine la visite à la cornemuse !
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