Moulins et le Centre National du Costume de Scène avec Châteaumeillant Nature
Ce 10 septembre au matin, le grand car des transports Micheline se remplissait : 57 personnes, il ne reste plus qu’une place de libre, le malade de dernière heure est un impondérable ! Et à 8h pile le car démarre en direction de Moulins pour une visite de la ville mais d’abord du musée de costume de scène. Nous y arrivons à 10h.
Ancienne caserne reconvertie en musée, le Centre National du Costume de Scène est le conservatoire des costumes de scène de l’Opéra de Paris.
Dans une scénographie rappelant les opéras de Paris (Garnier et Bastille) avec le plafond de l’Opéra Garnier peint par Chagall projeté sur le plafond de la caserne (le « plafond de Chagall » a été déposé sur l’ancien plafond peint par Lenepveu, noircit par l’éclairage d’époque, mais il est amovible), c’est un voyage dans l’histoire de l’Opéra de Paris qui nous est proposé, par le biais du costume.
L’Opéra Garnier est inauguré le 5 janvier 1875. A cette époque, la même personne est en charge des costumes de toutes les productions de l’Opéra : le dessinateur de costumes. La règle est la fidélité à la reconstitution historique de la période imposée par le livret avec quatre périodes phares : l’antiquité, le moyen-âge, la Renaissance et la période des Valois. Le dessinateur est alors un érudit : historien et archéologue, il n’a pas droit à la fantaisie. D’un point de vue pratique, ces costumes d’époque ne sont pas toujours confortables à porter !
Othello (1894) // Les Huguenots (1875)
A partir de 1914, sous la direction de Rouché, lui-même inspiré par Diaghilev, décors et costumes sont réalisés par les mêmes artistes attachés à la production pour obtenir une unité stylistique de l’œuvre, fini le dessinateur de costume unique. A cette époque l’Opéra s’attache les plus grands artistes : Chagall, Cocteau, Derain font œuvre de peintre-costumier et imposent leur esthétique.
Salade (1935) D. Milhaud – costume A. Derain // Antigone – A. Honegger costume J. Cocteau (1943)
Les années 50 sont une époque de fantaisie et de couleur, la gamme des textiles et des couleurs s’élargit avec l’apparition des matières artificielles. Le costume se décore de galons, broderies mécaniques, plumes, pierres, tissus peints ; les productions sont somptueuses.
Dom Juan (1956) – Mozart // Le chevalier errant – J.Ibert (1950)
Les années 60 voient la remise en cause de la société, une période de crise aussi pour l’Opéra avec une baisse de la fréquentation. L’opéra phare de la période est Carmen : une femme du peuple, tout un symbole de l’évolution de la société.
Tannhauser (1963) R. Wagner // La femme sans ombre R. Strauss (1972)
De 1973 à 1980 sont les « années Liebermann » elles voient la primauté du metteur en scène dans les productions de l’Opéra avec l’arrivée de grands noms : Chéreau, Strehler … Le costume est au service de l’œuvre, les nouveaux matériaux s’imposent.
Les noces de Figaro – A. Mozart (1973) Strehler // Elektra – R Strauss (1974)
1980-2004 Alors que l’opéra Bastille se profile et que Noureïev est à la direction de la danse, les costumes deviennent d’une grande richesse artistique et « baroques ». Avec l’avènement de l’Opéra Bastille, le nombre de costumes devient impressionnant.
Le vaisseau fantôme // Médéa - 2002
2005-2014, la modernité entre à l’Opéra. Les œuvres lyriques reçoivent souvent des mises en scène décalées. Les costumes du quotidien font leur entrée à l’Opéra en décalage complet avec l’époque où se déroule le livret. On retrouve des vêtements achetés dans le commerce.
La petite renarde rusée (2008) //
2014-2019 Les metteurs en scène cherchent à relier le thème de l’œuvre au monde actuel.
La Bohème – C. Guth (2017) // Les Huguenots (2018)
Si Moulins tire son nom des nombreux moulins à farine qui étaient sur les ruisseaux se jetant dans l’Allier, il n’en existe plus aucun aujourd’hui. La ville est mentionnée dès 990, elle se situe à l’intersection de l’axe Paris-Lyon et l’axe religieux Souvigny-Cluny.
Si aujourd’hui elle n’est que la 3ème agglomération du département de l’Allier elle est la capitale historique du duché du Bourbonnais et recèle toute une histoire : des ducs de Bourbon sont issus les rois de France depuis Henri IV !
La Place d’Allier, ancienne place de lice, est l’ancienne grande place marchande de Moulins avec la grande fontaine de la colonne. Elle était bordée de boutiques dont « Le Grand Café », brasserie d’époque 1900, fréquentée en son temps par Coco Chanel. Petite curiosité, là haut incrustée dans une cheminée, un petit bourgeois juché sur son tonneau !
A 15h nous nous dirigeons vers le Jacquemart (en passant nous croisons la plus ancienne maison de Moulins, où aurait dormi Jeanne d’Arc). A 15h pile (réglé sur le satellite), du haut de son beffroi, les 4 automates du Jacquemart frappent la cloche pour carillonner l’heure. Sur cette place se trouvent également deux immeubles imposants : l’hôtel de ville et la caisse d’Epargne.
De là nous entrons dans le vieux quartier de Moulins, maisons à colombages des 15ème 16ème siècles avec des cours intérieures, pierres de grès décorées.
La cathédrale est composée de deux parties bien distinctes, à l’est, l’ancienne chapelle privée des ducs de Bourbon du 15ème siècle est de style gothique flamboyant et au 19ème siècle lorsque Moulins devint évêché, cette chapelle a été agrandie pour devenir cathédrale. A l’intérieur de magnifiques vitraux des 15-16ème siècles. Nous ne verrons pas le fameux triptyque du « Maitre de Moulins » mais une belle vierge noire (ou plutôt une Vierge romane en majesté, noircie à une certaine époque).
Le pavillon Anne de Beaujeu est le premier monument d’inspiration Renaissance en France, il renferme le musée départemental. A côté la maison Mantin (demeure-musée d’un bourgeois du 19ème siècle), un peu plus loin la tour Mal-coiffée, se situent, comme le pavillon Anne de Beaujeu, à l’emplacement de l’ancien château des ducs de Bourbon.
Sur le retour, nous faisons une halte au domaine Gardien, producteur de vins de St Pourçain où nous sommes accueillis par le propriétaire qui nous présente son exploitation. Ici c’est la 4ème génération de vignerons qui est à la manœuvre, la 5ème se prépare ! Sur 24ha sont cultivés gamay et pinot pour le rouge et le rosé, sauvignon, chardonnay et tressallier pour le blanc (le tressallier est un cépage local, on n’en trouve qu’à St Pourçain). Gamay et pinot sont généralement vinifier ensemble (50/50) mais certains pinots sont vinifiés séparément en fût de chêne.
Cinq personnes travaillent à plein temps sur l’exploitation, un peu plus l’hiver au moment de la taille, mais pour la vendange, pas besoin de personnel, c’est la machine qui s’en charge. Cette machine à vendanger, d’un coût élevé (245000€) est en Cuma entre trois vignerons.
Aujourd’hui la vendange est en cours. Les rendements sont faibles à cause de gelées printanières et de la sécheresse, mais, selon notre viticulteur, la qualité est au rendez-vous.
Après un petit film présentant les activités du domaine selon chaque saison, de la culture de la vigne, à la vendange, la mise en bouteille et l’expédition, nous passons à la dégustation.
Blanc (avec le tressallier apportant une certaine acidité), rosé, rouge « classique », rouge élevé en fût de chêne, tout nous est proposé. Avec 57 dégustateurs, toutes les opinions se retrouvent !
Après cet intermède dégustatif, nous reprenons la route vers Châteaumeillant ; arrivée vers 19h30 ; une belle journée !
C'était une sortie proposée dans : notre agenda