Violoncelle et piano : A. Taupin et L. Roumet à Châteaumeillant

Publié le par nous-en-boischaut-sud

Comme chaque deuxième vendredi de chaque mois, le Pôle Culturel de l'étang Merlin ouvrait ses portes pour un nouveau spectacle. C'est un concert classique qui nous était offert, en ce 13 septembre 2019, par l'association Culture Patrimoine et Terroir de Châteaumeillant.

Un public nombreux se pressait dans les gradins. Au mois de juillet dernier on avait pu apprécier la pose d'une climatisation bienvenue. Finies les suées dans les hautes rangées du lieu baignés dans la moiteur des soirs d'été ! Eh bien, de nouveaux investissements ont encore amélioré le spectacle. On ne reconnaît plus la scène avec son habillage très professionnel.

Elle paraît avoir grandi tout à coup. La structure métallique qui la délimite permettra un éclairage digne de ce nom et la pose de décors. Les rideaux noirs qui la drapent mettent en valeur les acteurs et les musiciens.

Violoncelle et piano : A. Taupin et L. Roumet à Châteaumeillant

Jean-Luc Daugeron qui présente la soirée, comme d'habitude, y fait allusion, parlant du nouveau confort d'écoute et de vision … aborde le sujet des fauteuils qui restent encore inconfortables mais la municipalité y pense et, sait-on jamais ... peut-être dans l'avenir …

Mais le plus important, ce sont les musiciens que nous allons écouter :

Le concert commence avec la pianiste Laurence ROUMET qui nous offre deux pièces de Frédéric CHOPIN :

un Nocturne d'abord, musique intimiste comme il se doit. Nous sommes immédiatement séduits par la délicatesse du toucher de cette grande pianiste et la subtilité de ses nuances qui nous font entrer doucement dans l'univers poétique de Chopin, lui aussi, un être si délicat.

La délicatesse n'exclut pas la force comme nous pourrons l'entendre dans le Scherzo n°2 qui n'est pas la plaisanterie que son nom indique.

Dès la fin du XVIIe siècle, le Scherzo a peu à peu remplacé le menuet dans les sonates et les symphonies, il en a gardé le caractère léger et ternaire. Avec Beethoven, il a pris des dimensions et un caractère exceptionnel.

Celui que Laurence Roumet nous donne à entendre fait se succéder des petits groupes de notes légères et des accords ou successions d'arpèges qui donnent un caractère plus percutant et presque sauvage parfois à cette longue pièce qui se suffit à elle même. De chauds applaudissements célèbrent cette superbe prestation.

Violoncelle et piano : A. Taupin et L. Roumet à ChâteaumeillantVioloncelle et piano : A. Taupin et L. Roumet à Châteaumeillant

C'est le violoncelliste André TAUPIN qui prend la place de Laurence Roumet et nous fait le cadeau de la Première Suite pour Violoncelle seul de Jean-Sébastien BACH. Monsieur Taupin nous explique  ce qu'est une suite depuis la renaissance et jusqu'à la fin de la période baroque : c'est une suite de danses qui, pour Bach,  se suivent toujours dans le même ordre : un prélude, une allemande, une courante, une sarabande (qui malgré son nom est une danse lente et devient, chez J.-S. Bach, une méditation – presque une prière, nous glisse André Taupin), deux menuets qui s'enchaînent (dans les première et deuxième suites, remplacées par des bourrées ou des gavottes dans les quatre suivantes),  et se terminent toutes par une gigue, danse à rythme ternaire très enlevée.

Les six pièces d'une même suite sont écrites dans la même tonalité (sol majeur pour la première) et la succession « sol – ré - si » que nous entendons au début du prélude se retrouveront ensuite dans les cinq autres pièces.

Le génie de  J.-S. Bach nous fait entendre non seulement une mélodie au violoncelle mais toute une harmonie qui l'enveloppe comme s'il y avait plusieurs instruments. Le public communie pleinement avec cette musique.

Violoncelle et piano : A. Taupin et L. Roumet à ChâteaumeillantVioloncelle et piano : A. Taupin et L. Roumet à Châteaumeillant

André Taupin a certainement senti la grande qualité de cette écoute ; il nous offre donc, en plus, le prélude, l'allemande et la courante de la deuxième suite écrite cette fois en ré mineur.

Des tonnerres d'applaudissements viendront célébrer ce grand moment de musique.

Violoncelle et piano : A. Taupin et L. Roumet à Châteaumeillant

Après un court entracte, Laurence Roumet et André Taupin reviendront ensemble nous offrir la Sonate Arpeggione de Franz SCHUBERT.

Cette célèbre pièce a été écrite, en 1824 pour piano-forte et un instrument tout juste inventé (en 1823) par le facteur de guitares  viennois STAUFER qui l'appela guitare d'amour et que l'on a appelé guitare-violoncelle ou arpeggione.

Cet instrument avait les mêmes dimensions qu'un violoncelle, sa table voûtée et son chevalet mais la forme d'une guitare, 24 frettes métalliques qui lui permettaient d'aller très haut dans l'aigu. Ses six cordes étaient accordées comme une guitare ; il se jouait à l'aide d'un archet comme le violoncelle.

Schubert a lui-même surnommé cette Sonate en la mineur (qui a reçu le numéro D 821 au catalogue) arpeggione … nom qu'elle a gardé  ensuite.

Cet instrument, l'arpeggione n'a pas eu beaucoup de succès (notamment parce qu'il manquait de puissance dans les graves, et que ses six cordes rendaient difficile à jouer) et si la sonate est restée célèbre, on la joue depuis en transcription pour violoncelle … et quelquefois pour alto. Composée en 1824, elle ne fut publiée qu'après la mort de Schubert en 1871.(Nicolas Deletaille, violoncelliste belge, joue la sonate sur un arpeggione construit à son attention par le luthier Benjamin Labrique(2001).

Avec Schubert,  c'est l'élégance et la souplesse des mélodies que le talent de nos interprètes rendront à merveille. Durant une demi-heure, les trois mouvements de cette belle sonate (Allegro moderato, Adagio, Allegretto) nous plongeront dans un ravissement que les applaudissements de la fin essaieront de rendre. Un grand merci à ces artistes de haut niveau ; leurs élèves respectifs ont bien de la chance de les entendre régulièrement et recevoir leur enseignement.

Violoncelle et piano : A. Taupin et L. Roumet à ChâteaumeillantVioloncelle et piano : A. Taupin et L. Roumet à Châteaumeillant

Quelle belle soirée avec des compositeurs tels que Chopin, Bach et Schubert et des interprètes d'un tel talent.

On redemande de tels concerts !

Régine

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