Connaissez-vous Robert Barriot ?

Publié le par nous-en-boischaut-sud

Ce peintre émailleur sculpteur berrichon est considéré par ses pairs comme un des plasticiens les plus doués de sa génération, Andreu Vilasis, le pape de l’émail,  le considère comme un « géant de l’émail, le plus grand émailleur de tous les temps » pourtant il est vrai qu’en dehors de la région de Chézal-Benoit / Lignières où il a passé la dernière partie de sa vie, cet artiste est maintenant peu connu.

Mic Baudimant a consacré la conférence « Ecoutez-voir » du 31 juillet à réhabiliter sa mémoire à l’occasion du cinquantenaire de son décès.

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Le père de Robert Barriot est percepteur à Cluis, c’est un homme attiré par l’art, il transmettra cette passion à son fils et, avec lui, il restaure la Vierge de Cluis.

En 1916, Robert Barriot « monte » à Paris pour faire l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs puis les Beaux Arts. A Paris, il fait la rencontre d’un autre berrichon : Jean Baffier qui l’influencera fortement et dont il suivra le conseil : « L’art ne s’apprend pas à l’école, toute recherche est personnelle. »

Dans l’entre deux guerres, il navigue dans le Paris artistique de l’époque, côtoie tous les courants artistiques mais n’appartient à aucun. Touche à tout, il se forme à de très nombreuses techniques artistiques (il en maitrisera 24) mais surtout la gravure, le vitrail, l’émail et tout se qui touche au verre et à la céramique. Parallèlement il s’intéresse aux costumes de théâtre, travaille pour Mistinguett, Pierre Brasseur, les Ballets russes … Il ne conçoit pas de frontière entre art et artisanat (en ce sens, il ne comprend pas l’art abstrait).

 

Catholique pratiquant, il s’implique à partir des années 30 dans le renouveau de l’art sacré qui sous la houlette du cardinal Verdier cherche à contrecarrer l’influence montante du Front Populaire.

En 1931, il réalise la façade en grès émaillé de Notre Dame des Missions à Epinay sur Seine

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Pour l’exposition universelle de 1937 il participe à la décoration du pavillon Berry-Nivernais (avec un travail sur l’aluminium) et du pavillon de l’artisanat.

Mais le grand chantier de sa vie d’artiste est, à partir de 1938, la réalisation d’un retable de sept panneaux pour décorer le maitre-autel de l’église Ste Odile (Paris 17ème).  Ce retable de sept fois 3.1mx0.8m reste la plus grande œuvre émaillée au monde !

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La guerre interrompt le chantier, Robert Barriot se réfugie à Argenton. Il réalise une danse macabre (fresque de 6mx1.1m) inspirée de l’actualité (il sera visiter par un soldat allemand, qui, l’esprit particulièrement ouvert, lui demandera de la cacher mais ne lui créera pas d’ennui !).

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De retour à Ste Odile après la guerre, il installe sa famille dans l’auditorium de l’église qui lui sert à la fois de logement et de salle d’exposition !

En 1953, le nouveau curé  de l’église Ste Odile, plus rigoriste, le chasse de l’auditorium. Robert achète à Chezal Benoit le château de La Bruyère (en bien piteux état). Là, malgré un mode de vie décalé, il s’attire la sympathie de la population à cause de sa grande gentillesse. Il vivra ici jusqu’à son décès en 1970 dans un grand dénuement en en travaillant d’arrache-pied.

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Il invite enfants et gens modestes dans sa demeure, il cherche à développer le tourisme, et là, il créé !

L’ensemble des œuvres de Robert Barriot est marqué par la sincérité de l’artiste. La première partie de son œuvre est influencée par les arts déco, il réalise des verreries et des grès (devenus rares).

Connaissez-vous Robert Barriot ?

Son approche de l’émail est d’abord traditionnelle puis il repense la technique en travaillant sur des cuivres oxydés qui à l’émaillage donnent des tons chauds, il fait renaitre des couleurs inclassables, les bleu de cuivre et rouge de cuivre qui n’apparaissent qu’à la cuisson. Il réalise des œuvres de grande taille (nécessitant des fours non conventionnels). Il est attiré par les visages, notamment de gens qui souffrent. Il tire un grande part de son inspiration du Berry : portraits de Jean Baffier, Maurice Rollinat, Jacques Cœur, Jeanne de France …, il s’inspire des légendes berrichonnes, illustre des œuvres de George Sand. Il projettera d’illustrer une histoire du Berry des bituriges à nos jours en incunables !

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Au château de la Bruyère, il n’aura de cesse de continuer ses recherches artistiques et de créer. Cependant un certain découragement le gagnera à la fin de sa vie constatant le peu d’intérêt que rencontre son travail.

Robert Barriot a conservé de très nombreuses œuvres (lorsqu’il vendait une œuvre, il en récréait un exemplaire pour lui !), aujourd’hui elles ne cherchent aujourd’hui qu’à s’exposer. Quelques unes sont visibles au château du Plaix pour quelque temps encore.

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La conférence se termine par une vidéo de Robert Barriot réalisant « La fade enfantant ».

Après cette belle conférence, les Thiaulins rendent une nouvelle fois hommage à Robert Barriot par un petit mangement : émaux de légumes, tarte au barriot, pain béni !

Connaissez-vous Robert Barriot ?

La prochaine conférence « Ecoutez-voir » sera consacrée à Jean Baffier. Elle se déroulera le 7 aout, toujours dans la cour du château du Plaix, à la tombée de la nuit.

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