Plantes pour vannerie à Sidiailles
Le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE Brenne Berry) organisait ce 21 octobre une sortie à Sidiailles pour découvrir les plantes que l’on peut utiliser pour la vannerie. Le rendez-vous était au pont des Chetz, Mélanie nous y attendait.
La vannerie est une activité très ancienne même si elle laisse peu de traces archéologiques car elle utilise des matériaux très périssables. Elle est attestée depuis le mésolithique mais elle est probablement antérieure (même les chimpanzés pratiquent la vannerie pour faire leur couche !). Les usages sont variés : protection (clôtures, barrières), contenant (paniers), structures qui seront enduites ultérieurement …
Pour être utilisés en vannerie, les matériaux doivent être souples et suffisamment long (pour faire le tressage) ou solides (pour réaliser l’armature) ; beaucoup de plantes répondent à ces critères. Alors on fait un petit tour !
A côté de nous une touffe de noisetiers reconnaissables à la présence de chatons. Les noisetiers forment souvent des cépées d‘où on peut prélever une tige longue de l’année sans départ de branche (les nœuds sont des points de fragilité). Le noisetier est utilisé surtout pour les anses ou les hauts de panier, on peut également l’utiliser sous forme de lattes. Pour l’assouplir le vannier le « chauffe » sur son genou en le frottant sur le « trou du vannier ».
Le lierre est très souple, on teste la souplesse en faisant le tour de son doigt. Il faut utiliser le lierre tombant qui ne comporte pas de griffes pour s’accrocher au bois : les griffes nuisent à la souplesse.
Le chèvrefeuille offre des tiges très longues et très souples, la partie racinaire est également très intéressante.
La ronce est la préférée de Mélanie ! Il faut la fendre (l’idéal est de la fendre en 5 car la tige est pentagonale) et enlever la moelle. Ce travail doit être fait immédiatement après la récolte mais après séchage elle se conserve très bien. La ronce permet des liens très solides qui ne se rétractent pas. Les vanniers l’utilisent (entre autre) pour fabriquer les yeux des paniers (les Romains l’utilisaient pour attacher les prisonniers !).
Le saule est le roi des plantes à vannerie, on utilise son brin de l’année : l’osier. L’osier permet d’obtenir des brins longs sans départ de feuilles ; ils sont souples et surtout ils se conservent très bien dans l’eau.
La clématite (et le houblon), s’utilise entière ou fendue. Elle se conserve bouillie, ce qui lui donne une belle couleur jaune. La clématite est très utilisée pour faire les couronnes ; en tressant des couronnes entre elles on obtient des anses.
Le fusain est également souple et solide, il se prête bien à la fabrication des arceaux secondaires pour des structures (paniers).
Le châtaignier est très solide et résistant. C’est le matériau roi pour la fabrication des armatures et aussi pour tresser des lattes. Il résiste bien au pourrissement et aux insectes.
Le cornouiller sanguin est souple, sa couleur rouge est intéressante. Il peut également se fendre mais les rejets sans branches sont souvent assez courts.
Le houx et le fragon (faux houx) sont également souples et solides, le houx est utilisé aussi pour la fabrication de fendoirs.
Les rejets de l’année du peuplier peuvent être utilisés.
Le troène lui aussi très souple convient également pour la vannerie.
Dans le tilleul, on utilise le liber, juste sous l’écorce, il est utilisé pour la fabrication de cordelettes ; pour cela il faut le faire tremper longuement afin que la structure se désagrège.
Les orties sont également utilisées pour faire des cordelettes : on les fait sécher puis on les réhydrate avant utilisation
Nous avons parcouru quelques centaines de mètres depuis le pont des Chetz et nous avons découvert une quinzaine de matériaux pour la vannerie ! Il en existe bien d’autres, facilement accessibles : jonc, molinié, pervenche … Ces plantes se récoltent généralement l’hiver quand la sève est descendue. Il est peut être un peu tôt aujourd’hui, néanmoins nous récoltons quelques échantillons pour faire des essais.
Mélanie nous montre quelques techniques pour « chauffer » le brin et le rendre plus souple, ainsi que pour le fendage (attention, le couteau ne se déplace pas, c’est la tige que l’on avance !).
Mais maintenant quelle sorte de vannerie réaliser ? En quelques minutes nous n’allons pas faire un panier ! Mélanie nous propose d’abord une couronne : facile avec du lierre ou du chèvrefeuille. Ensuite nous passons à une vannerie aléatoire, enchevêtrements plus ou moins irrégulier pour obtenir la forme désirée. C’est ainsi que font les animaux qui tissent : tisserin, mésange, rat des moissons, fourmis, chimpanzés…
Pour nous ce sera un poisson !
De retour à notre point de départ, Mélanie sort de son sac tous ses trésors de vannerie utilisant plein de matériaux différents et générant toutes sortes de formes.
La vannerie c’est tout un monde, un monde qui permet de créer plein de choses diverses et variées à partir de matériaux qu’on trouve à portée de notre main dans la nature. Et la recherche des matériaux n’est pas le moindre des plaisirs de cette activité créatrice !