Su’l pavé à St Jeanvrin

Publié le par nous-en-boischaut-sud

Ghislaine Gautron, (de la compagnie La Violette), présentait en avant première, ce 10 octobre à Saint Jeanvrin, son nouveau spectacle seule en scène « Su’l pavé » d’après des textes de Jehan-Rictus.

Avec Jehan-Rictus nous sommes à Paris au tournant des années 1900 ; pas dans le Paris des beaux quartiers, dans celui des bas-fonds, là où on utilise le parler populaire et l’argot de l’époque.

Installée « su’l pavé » avec sa valise (mais quand même avec sa nappe !) elle raconte « Pauvre Julien ». Elle explique bien au commissaire l’histoire de ce pauvre Julien, le matelassier amoureux d’une si belle fille, mais… ; on sent bien qu’il s’est passé quelque chose de grave : « Malgré tout ça, il l’aimait bien », « Bien sûr y faut faire glisser la poussière ». Pour la description d’un milieu social, entre humour et misère, ce texte est magnifique ; peut-être que certains féministes d’aujourd’hui trouveraient à redire dans les clichés véhiculés sur la femme, mais c’était une époque !

Su’l pavé à St JeanvrinSu’l pavé à St Jeanvrin
Su’l pavé à St JeanvrinSu’l pavé à St Jeanvrin

Une petite pause et nous retrouvons Ghislaine dans le même décor pour un autre texte de Jehan-Rictus : « Le revenant » tiré du recueil « Soliloque d’un pauvre ».

Qu’est-ce qu’elle voit notre clocharde, là au coin d’une rue : Jésus ! Il est revenu ! Imaginez l’émotion ! Imaginez le bruit que ça va faire dans les journaux, sûr que le pape et tous les puissants du monde y vont s’affoler ! Malgré tout son humour, ce texte là aurait pu choquer les autorités ecclésiastiques par quelques affirmations bien dites, pourtant Léon Bloy (qu’on ne pourrait taxer d’antichristianisme) considérait Jehan-Rictus comme le dernier poète catholique sans le savoir…

Su’l pavé à St JeanvrinSu’l pavé à St Jeanvrin

Avec ces deux textes c’est plus d’une heure de monologue que nous offre Ghislaine ; une heure pendant laquelle Ghislaine seule en scène, sans fioritures et dans une grande sobriété de moyens, tient son public, elle garde le rythme, fait passer toutes les émotions de cette poésie écrite dans le parler populaire parisien de l’époque. Les sentiments se succèdent, parfois contradictoires et juxtaposés, le spectateur suit, passant en un instant de l’amusement au rire, à l’émotion…

Outre l’énorme effort de mémorisation que nécessite une telle performance, c’est la qualité du rendu du texte qui impressionne.

Su’l pavé à St Jeanvrin

Nous connaissons bien Ghislaine Gautron depuis l’atelier théâtre de Saint Pierre et les filles de Saint Pierre, mais là elle a franchi un cap. Elle passe le 23 octobre à l’Accalandre à Reigny, ne manquez pas le rendez-vous.

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