Vesdun, c’est toute une histoire !
Dans le cadre des visites organisées par l’office de tourisme Berry Grand Sud, Mr Bernard Chauvelot nous faisait visiter Vesdun ce jeudi 29 juillet.
Vesdun, ainsi que l'indique la toponymie, a une origine gauloise mais il ne reste rien de cette période. Le bourg se situait originellement au village de « La rue du pré » tandis qu'un prieuré était installé à l'emplacement actuel de l'église.
En 1569 le duc des Deux-Ponts, à la tête d'une armée de reitres, dévaste toute la région sur son passage et rase Vesdun. Seul le prieuré, défendu par une enceinte cernée de douves, résiste.
Les moines cachent leur trésor dans le chœur de leur église. Les piliers du chœur portent encore la marque des systèmes de protection mis en place par les moines tandis que l'extérieur révèle le point d'attaque des reitres.
Un petit tour nous permet de deviner l'emplacement des douves qui cernaient le prieuré, elles étaient à l'emplacement de l'actuelle rue de la cure. Sur le parcours, quelques éléments pourraient être les vestiges d'anciennes fortifications.
Une maison insère dans son mur ce qui pourrait bien être une urne funéraire romaine sectionnée.
L'église, l'ancienne église prieurale, date du début du 12éme siècle. Seul le chœur est de cette époque. Il conserve des fresques récemment restaurées. L’une représente des scènes de l’enfance du Christ : l’annonciation, la visitation et la nativité avec une représentation rare de la Vierge gésine, l’autre fresque représente une scène de l’adoration des Mages.
Les chapiteaux sont sculptés mais leur interprétation est aujourd’hui délicate.
Cette église, dédiée à Saint Cyr, comporte deux tableaux d’un peintre local (Carrion ?) peints à la fin de la guerre de 14. L’un évoque le martyr de saint Cyr, enfant, l’autre accompagne la liste des enfants de Vesdun morts pour la France. La violence et le traumatisme causés par la guerre transparaissent dans ces œuvres. Dans chaque tableau, l’auteur a inséré des éléments personnels : la demeure familiale apparait en arrière fond du martyr de saint Cyr, tandis qu’il évoque clairement son frère dans l’autre tableau.
La deuxième partie de la visite s’intéresse à l’histoire économique de Vesdun. Le jardin de la mairie évoque le passé viticole de Vesdun. Situé loin des parts et à l’écart des grands axes, le vignoble de Vesdun n’a été touché que tardivement par le phylloxéra venu d’Amérique par les ports. Ce retard lui a permis de s’emparer de marchés abandonnés par d’autres. Ainsi des fortunes se sont faites et ont permis l’édification de demeures cossues telle celle maintenant occupée par la mairie de Vesdun.
Un autre aspect de la vie économique de Vesdun nous est proposé au château de La Cour. Ce site a une riche histoire puisque le premier document le concernant date de 1407 et qu’il est décrit dans les terriers de Culan de 1580 et 1780. Il est dans la même famille depuis 1596 et a appartenu à Jean Yel, faisant partie de la cour du prince ottoman Cem, fils de Mehmed II exilé en France après la mort de son père. Celui-ci a laissé son monogramme sur la grille d’entrée.
A l’origine, le château de La Cour est une grande maison bourgeoise qui sert de régie à une dizaine de fermes organisées selon les principes des physiocrates du 18ème siècle : chaque ferme ayant accès à un ruisseau, et comportant des côtes saines et des plantations de châtaigniers.
Les produits des fermes étaient commercialisés aux marchés de Chambérat. L’arrivée du chemin de fer dans les années 1880 a permis de diversifier les débouchés.
De possession bourgeoise, le domaine est ensuite devenu un fief noble ce qui explique la présence d’un pigeonnier. Il comprend également une chapelle privée.
Actuellement, la ferme de la réserve, tout à côté, est occupée par Mr Vincent Chauvelot et est dédiée à la viticulture.
Vincent Chauvelot nous présente son exploitation menée en agriculture biologique, comprenant environ 3.5 ha de vigne sur l’aire d’appellation Châteaumeillant. Il produit des vins rouge et gris à partir de cépages pinot et gamay et des vins blancs avec des sauvignons et du chardonnay.
Une part de l’exploitation viticole est maintenant plantée en genouillet. Ce cépage longtemps oublié pourrait retrouver un intérêt certain avec l’évolution actuelle du climat : murissant plus tardivement, il exprime maintenant tous ses arômes à la période des vendanges et pourrait être une voie pour ralentir l’augmentation continue du degré d’alcool des vins résultant du réchauffement climatique.
Une petite dégustation nous permet d’apprécier la qualité de la production.