Les fêtes mangeoires au Plaix avec les Thiaulins

Dans le cadre du cycle de conférences « Ecoutez-voir » organisé par le Thiaulins de Lignières dans leur château du Plaix, la troisième séance était consacrée aux « fêtes mangeoires » et présentée par Amaury Babault, lui-même thiaulin, rabouilleux mais surtout spécialiste et chercheur es traditions locales.

C’est donc avec plaisir qu’à la tombée de la nuit nous nous sommes glissés dans la cour du château du Plaix ce vendredi 30 aout. Nous étions une bonne cinquantaine, dûment contrôlés sanitairement, dans ce cadre magique.

Après une courte introduction de Mic Baudimant en maitre de cérémonie, la parole est à Amaury.

Les fêtes mangeoires sont, comme leur nom l’indique, d’une part des fêtes, avec la notion de partage qui s’y attache, et d’autre part des moments de profusion de bonne chère en des temps ou le manque était la règle. Ces fêtes ne se sont pas spécifiques au Berry mais se sont déroulées dans toute l’Europe.

Elles ont lieu lors de fêtes calendaires (surtout l’hiver, temps calme pour le travail des champs) et également à l’occasion de rites de passage (communion, conscription) ou pour les grands travaux agricoles (foins, moisson, batteuse, vendange).

Ces fêtes se déroulaient à l’origine à la maison, au domaine ou en plein air, mais elles se sont,  au cours du temps, déplacées vers les restaurants ou hôtels.

L’abondance des victuailles rappelle le mythe du pays de cocagne. Il est illustré en chanson (interprétée par la Dédé Duffault) mais aussi en peinture par Breughel avec « le repas de noce ». Au-delà de l’abondance, l’excès est aussi montré du doigt, ce n’est pas une vertu très chrétienne !

Avec Amaury Babault, nous suivons ces fêtes mangeoires tout au long de l’année.

Les 12 jours de Noël. On ne parle pas alors de dinde ou de bûche mais de Naulet, d’oublis ou de brulot. Les cadeaux sont aussi des friandises à manger : orange, sucre d’orge … mais au fil des années sous la pression du grand commerce les cadeaux changent de nature au détriment des friandises. Pour le jour des Rois, non seulement on mange la galette mais en plus on fait un « repas des dimanches »

Les jours gras. Le mardi gras est le jour des crêpes (toujours sucrées en Berry), dans le nord du Berry, ce sont les sanciaux (qui sont des crêpes très épaisses) elles peuvent être fourrés de fruits séchés. C’est le moment des animaux gras (en particulier les bœufs vilés que l’on fait défiler avant de les consommer). On mange soupe grasse et viande de boucherie (carpe farcie dans le nord de l’Indre).

C’est la première occasion de quête des conscrits pour pourvoir à leur banquet, ensuite toute la communauté mange ensemble les beignets.

Les saints de la terre (Vincent, Blaise), sont dignement fêtés avec galette le matin et banquet avant le bal. Cette tradition perdure bien aujourd’hui sans changement majeur, comme à Châteaumeillant : pain béni à la messe, la galette après la messe  accompagnée des vins de Chateaumeillant, occasion de goûter différentes productions, le repas – (apéritif, entrée, poisson, viande, fromage, salade, dessert et café – accompagnés toujours et bien évidemment du vin de nos producteurs locaux) et le bal le soir !

Pâques a son pâté qui n’a rien de spécifiquement berrichon mais qui s’étend dans toute l’Europe, avec une question lancinante : pâte feuilletée ou pâte brisée ? Cela dépend surtout du talent de la cuisinière ! Pâques c’est le moment des œufs (les poules ne savaient pas qu’on ne mangeait pas d’œufs pendant le Carême, elles ont continué à pondre !). C’est le moment des œufs durs (salade aux œufs durs à Néret) et des omelettes (à l’oseille) avec les œufs collectés par les conscrits.

La communion, qui est un rite de passage au sortir de l’enfance, occasion d’un repas de famille même si l’apparition de la pièce montée est récente. Le repas est bien arrosé (avec la première goutte d’eau de vie pour le communiant), ce qui rend les Vêpres bien difficiles !

Les grands travaux agricoles (foins, moisson, batteuse, vendanges), sont des moments de partage tant du labeur que du repas. La maitresse de maison est jugée sur ce dernier.

La saint cochon, pendant l’hiver où on fait les stocks de viande. Les voisins décalent leur « saint cochon » pour favoriser les échanges.

Daniel Bernard rappelle que ces fêtes mangeoires sont historiquement relativement récentes (début-mi 19^ème siècle), il a fallut qu’une certaine aisance s’installe pour les voir apparaitre.

Après ce brillant exposé par Amaury Babault, on passe aux travaux pratiques réalisés par toute l’équipe thiauline avec pâtés de Pâques, crêpes, pains d’épices, beignets et naulets. Les Thiaulins avaient fait fort pour cette fois, il faut dire que l’occasion s’y prêtait.

Tout cela était arrosé de vin gris, de cidre mais aussi de limonade de sureau, intéressante cette innovation !

Pour poursuivre sur ce thème l’exposition « Le Berry passe à table » est à voir tous les week-ends et jours fériés jusqu’en septembre au château du Plaix.

La prochaine (et dernière) conférence du cycle de conférence 2021 « Ecoutez-voir » se tiendra le 6 aout et sera consacrée à la vigne et au vignerons en Berry.