Ecologie et biodiversité dans le cadre de la création d’un parc naturel régional

Publié le par nous-en-boischaut-sud

En introduction à un colloque intitulé « La place de l’homme dans un parc naturel régional » qui s’est tenu à Châteaumeillant le 15 octobre, Christian Lévêque, écologue et président honoraire de l’Académie d’Agriculture de France, nous a délivré quelques données de base sur l’écologie et la biodiversité en précisant bien que la nature est à la fois un élément concret mais aussi une représentation sociale subjective : chacun a sa propre représentation de la nature et de la biodiversité.

Ecologie et biodiversité dans le cadre de la création d’un parc naturel régional
  • Le système écologique qui est le notre aujourd’hui est la résultante des évolutions qui se sont produites au cours des millénaires sous l’influence de la circulation et de la modification des espèces. Le système écologique a constamment été  soumis à des perturbations (dont le climat est la principale), le système réagit mais il ne revient jamais exactement  à son état antérieur. Le système écologique est en ajustement perpétuel et l’équilibre est un mythe.                            
  • En Europe,  la biodiversité « naturelle », indépendante de l’homme, n’existe pas. Les espèces ont toujours voyagé (notamment de la région ponto-caspienne vers l’ouest européen) et depuis le néolithique,  elles évoluent dans des systèmes écologiques constamment créés et aménagés par l’agriculture. La biodiversité européenne s’est co-construite avec l’homme et il n’existe pas de système de référence originel.
  • La nature n’est pas intrinsèquement bonne. S’il faut protéger la nature, l’homme, comme toutes les espèces, doit également s’en protéger. Le succès de l’espèce humaine, comme de toutes les autres espèces présentes sur terre, a résidé dans sa capacité à se protéger de la nature (prédateurs, maladies, virus …).
  • Lorsque l’homme modifie la nature, qu’il restaure ou aménage, il détruit un système écologique et en construit un autre. Dans cette opération, à la fois on perd une biodiversité et on en gagne une autre. Le choix de l’aménagement n’est pas une question d’écologie mais une question de société. Notre bocage avec sa grande biodiversité est une création de l’homme à partir de forêts ou de landes dans lesquelles la biodiversité était bien moindre ; la Camargue site naturel  tant vanté est un paysage totalement artificiel créé par des canaux pour l’élevage. De même le lac de Der, haut lieu de naturalité a été créé par l’homme grâce à des barrages sur la Marne … ce qui ne serait plus possible aujourd’hui.
  • Au moins depuis le 19ème siècle, deux visions de la nature s’affrontent :
  • une représentation bucolique portée par la bourgeoisie urbaine et les artistes. C’est une nature sacralisée (romantisme, esthétique) qui protège les paysages et créé des aires protégées (des hommes). Elle souhaite la restauration d’une nature vierge non artificialisée (regard sur le passé).
  • une vision du monde rural qui voit en la nature un monde dont il faut se protéger (des ravageurs des cultures, des vecteurs de maladies, des aléas climatiques...). C’est une nature vécue avec une approche utilitariste : il faut profiter des ressources en les  gérant au mieux et d’autre part,  il faut se protéger de la nature en luttant contre les « nuisibles ».  Il s’agit de co-construire un système écologique en s’adaptant et en anticipant (regard sur l’avenir).
  • Le futur est difficile à prévoir en raison des aléas et des incertitudes des modélisations. Néanmoins, quelque soient nos actions, et compte-tenu de la forte inertie du système, le réchauffement climatique est installé pour une longue durée. Ce changement climatique entrainera probablement une diminution des écoulements fluviaux (avec la possibilité d’à-secs). Le contrefort pyrénéen et le bassin parisien risquent d’être les plus touchés. Ces évolutions doivent être anticipées pour s’y adapter.

La suite du colloque a ensuite bifurqué vers des questions politiques et la promotion d’un nouveau parti écologique ; le thème titre « la place de l’homme dans un parc naturel régional » n’a été abordé que par des auditeurs extérieurs à l’organisation qui ont posé les questions, légitimes, de la place des chasseurs et de la régulation des espèces (sangliers) ou de  la place des forestiers dans un parc naturel régional.

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