Rencontre avec Hubert Haddad à Vesdun

Publié le par nous-en-boischaut-sud

Le format de ces « Mille lectures d’hiver » organisé par « Ballade en Boischaut », le service culturel de Berry Grand Sud, sous l’égide de  Ciclic s’était largement étoffé ce 26 novembre à Vesdun pour la rencontre avec Hubert Haddad car non seulement deux lecteurs : Anne Elisabeth Prin et Baptiste Kubich, nous ont lu des extraits des livres d’Hubert Haddad ;  mais cette séance a surtout permis à l’auteur de nous ouvrir largement sur son monde. Malgré la froidure, le public avait répondu présent.

Rencontre avec Hubert Haddad à Vesdun

Malgré la froidure, le public avait répondu présent.

La première lecture est extraite des « Coïncidences exagérées » ce qui permet à Hubert Haddad de revenir sur ses origines et ses premiers pas avec la littérature.

Rencontre avec Hubert Haddad à Vesdun

Il est issu d’un milieu où il n’y avait pas de  livres (ou un seul, ce qui est pire !) : un père marbrier Kabyle, une mère juive du Maghreb. Ses parents parlent arabe mais veulent que leurs enfants parlent français, il est alors en situation de rupture linguistique. Ne pouvant échanger par la langue il se tourne vers l’écriture. A l’époque, au tout début des années 50, il est un des rares émigrés à Paris. A l’école il est l’étranger, souvent victime de brimades. Ce sont les petites blessures dans la confrontation avec le monde qui font les écrivains, l’art nait de la fragilité. Son premier souvenir de lecture est Baudelaire qui l’ouvre à la littérature.

Le titre de ce livre vient de coïncidences vécues par l’auteur et qui défient toutes les lois de la statistique : le jour même des attentats au Bataclan, il était invité dans l’immeuble voisin, mais son frère meurt à l’hôpital de tout autre chose, il n’ira pas au Bataclan. Dans le même temps,  le paquebot sur lequel se trouve  sa sœur fait naufrage  dans l’Antarctique : c’en est trop, les coïncidences sont exagérées !

Lui même se définit comme un écrivain de l’imaginaire pour lequel chaque livre est tout autre que le précédent. Il est issu du Maghreb, terre de bien des invasions, donc de beaucoup d’horreurs, mais après les horreurs la situation s’apaise et une nouvelle civilisation se créé.

La deuxième lecture concerne ses réflexions à propos de Rimbaud : « Les illuminations » et « La saison en enfer ».

Pour Hubert Haddad, l’homme est l’inverse du déterminisme. C’est le langage qui est le propre de l’homme, qui lui permet de nommer ses affects. La parole permet de convoquer l’absence, c’est ce qui permet la création. A 17 ans, en une centaine de pages, Rimbaud bouscule la poésie et la littérature. Il y a peut-être chez Victor Hugo des fulgurances dignes de Rimbaud mais elles sont noyées dans le lyrisme.

La troisième lecture porte sur l’art de la nouvelle. Elle est comparée  au saut à la perche elle comprend la phase d’élan, la cristallisation, le travail en finesse pour éviter et contourner l’obstacle ensuite vient l’apothéose finale.

Rencontre avec Hubert Haddad à Vesdun

Pour Bourdieu, la nouvelle se définit comme « Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? »

Hubert Haddad revient sur son expérience d’éducateur de rue au cours de laquelle il a développé des ateliers d’écriture. Les enfants  sont des génies possibles et il faut libérer leur imaginaire et éliminer les peurs. L’écriture en est un moyen et la nouvelle la forme la plus adaptée. L’écriture n’est ni une grâce (conception à la française) ni un travail (conception américaine) mais un savant mélange des deux. Hubert Haddad a publié environ 70 nouvelles dont la plupart sont regroupées dans « Les nouvelles du jour et de la nuit » avec 2 tomes : « le jour », et « la nuit ».

Quatrième lecture tirée de « Perdu dans un profond sommeil » : dans un texte très descriptif, on suit Namor sur sa mule qui  erre dans un paysage improbable.

Rencontre avec Hubert Haddad à Vesdun

Pour Hubert Hadad, il existe deux façons d’écrire un roman : soit le sujet est prégnant et on le suit, soit on se laisse guider par l’imaginaire. « Perdu dans un profond sommeil » relève de la 2è façon : à l’origine,  l’histoire s’est construite autour d’une mule menée par  Namor (anagramme de roman) puis se sont agglomérés des personnages qui tous portent un drame. Ensuite l’histoire dévie vers la création mythique du cirque et ce cirque donne un sens au drame de chacun.

Dans le cas de « Palestine » ou « Opium Poppy » le sujet de base ce sont les enfants soldats. Hubert Haddad est parti au Rwanda à la recherche d’un sujet.  Là,  il rencontre des enfants qui voulaient écrire sur leur histoire. Mais lui-même ne trouve pas son sujet. Revenu à Paris il rencontre des réfugiés afghans dans les rues, alors le roman devient impératif.

Cinquième lecture : « La sirène d’Isée »

Rencontre avec Hubert Haddad à Vesdun

C’est le dernier roman  d’Hubert Haddad, il a été écrit pendant le confinement. L’écriture donne une dimension fantastique et mythique à ce qu’on a vécu. Il y a des images de bord de mer, en Tunisie, à Naples, du Vésuve… On vit dans nos songes et le sacré intervient. Un monde se met en place, c’est une confrontation avec l’inconnu.

L’écriture c’est un rythme, une scansion, ceux-ci  interagissent avec le mystère humain. Ensuite c’est le lecteur qui redonne vie à cette épreuve, l’auteur ne peut pas parler de son œuvre !

Sixième lecture : quelques haïkus

Hubert Haddad est passionné par le Japon. » Le peintre d’éventails » aborde la sagesse nippone sous l’œil d’un jardinier peintre. La séance se termine par la lecture de quelques uns des 700 haïkus qu’Hubert Haddad a signés.

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