Henri Jossant, sculpteur berruyer à redécouvrir

Publié le par nous-en-boischaut-sud

Ce vendredi 22 juillet, dans le cadre des conférences « Ecoutez-voir », dans la cour du château du Plaix à St Hilaire en Lignières, Christian Roth, ancien président de la société d’archéologie et d’histoire du Berry, évoquait Henri Jossant, sculpteur berruyer reconnu, talentueux mais aujourd’hui bien oublié un siècle après sa mort. Plusieurs membres de la famille Jossant étaient présents dans la cour du château pour cet évènement.

Henri Jossant, sculpteur berruyer à redécouvrir

Henri Jossant, né à Bourges en 1869, était le fils de Jean, lui aussi sculpteur, et le petit-fils de vignerons de Bourges. Son père, Jean a travaillé à Paris à la restauration de bâtiments historiques, a participé à la construction de la basilique ND des enfants à Châteauneuf...

Après l’école primaire supérieure, son fils Henri entre à l’Ecole Nationale d’Art de Bourges où il reçoit entre 1886 et 1890 de nombreux prix et mentions. Il rejoint ensuite l’Ecole d’Arts décoratifs de Paris mais, modeste et timide, la vie parisienne ne lui convient pas. Il retourne en sa ville de Bourges où il devient élève praticien de Charles Pêtre le directeur de l’école d’art de Bourges avant d’être nommé lui-même professeur de sculpture et modelage en 1902, ce qu’il restera jusqu’à sa mort en 1921. La première exposition de ses œuvres à Paris date de 1892 et il expose chaque année soit à Bourges (1897 avec médaille, 1905), soit à Châteauroux, soit à Nevers (1909). Il est très assidu au Salon des artistes français (Grand Palais, à Paris). Dès cette époque c’est un artiste bien reconnu mais il reste d’un caractère discret.

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Il travaille beaucoup à la restauration des monuments historiques (cathédrale de Bourges, palais Jacques Cœur, hôtel Lallemand, palais du Duc Jean. Il travaille également dans le neuf : chambre des métiers de Bourges, cheminée de la bibliothèque de Bourges, hôtel des Postes. Il œuvre aussi bien le bois, la pierre, le bronze, le plâtre …

Henri Jossant, sculpteur berruyer à redécouvrirHenri Jossant, sculpteur berruyer à redécouvrir

Mais toutes ces œuvres de commande sont anonymes et aujourd’hui peu de gens savent que Jossant est l’auteur de ces travaux.

En liaison avec son intérêt pour le moyen-âge, il restaure les pleurants du Duc Jean. Un de ces pleurants sera acheté par Rodin et figure aujourd’hui au musée Rodin.

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Parmi les commandes publiques, il réalise deux médaillons en bronze en 1919 pour le monument des enfants du Cher (guerre de 1870-1871): celui du commandant Charles Martin et celui du colonel Auguste Vermeil.

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Mais ses principales œuvres sont réalisées pour des particuliers et demeurent du domaine privé : elles ne sont pas visibles et beaucoup ne sont connues que par des photos.

Il travaille beaucoup le bois dur (poirier) et réalise souvent des sculptures de grande taille avec ce bois d’une belle couleur orangée. Ses premiers modèles sont issus de son milieu familial (son père, le tailleur d’images, sa fille Solange…).

Henri Jossant, sculpteur berruyer à redécouvrirHenri Jossant, sculpteur berruyer à redécouvrir

Commande après commande, il réalise une galerie de portraits des personnalités locales du tournant des 19ème - 20ème siècles (Eugène Brisson, le maire de Bourges, Albert Hervé, le banquier…).

Henri Jossant, sculpteur berruyer à redécouvrirHenri Jossant, sculpteur berruyer à redécouvrir

Ses œuvres sont puissantes, sa sculpture précise, fouillée, vigoureuse ; il donne vie à ses personnages grâce à un regard qui impose une forte présence de son modèle.

Sa dernière œuvre (1921) est un plâtre de Marcel Plaisant, grand juriste et diplomate berruyer, qui fût également son élève à l’école des beaux arts de Bourges. Une statue en bronze a été tirée de ce plâtre, elle est érigée à St Amand-Montrond entre le musée St Vic et l’école de musique.

Henri Jossant, sculpteur berruyer à redécouvrir

Après sa mort, ses élèves lui ont dédié une exposition en 1922. Celle-ci comportait une quarantaine d’œuvres, aujourd’hui seulement une douzaine sont repérées ! Beaucoup appartiennent au domaine privé et peut-être certaines dorment-elle dans quelque grenier !  Cherchez bien car maintenant va se poser la question de la conservation de cette œuvre.

Merci à Christian Roth pour cette conférence très documentée à la redécouverte d’un artiste majeur dont la modestie et la discrétion ont sans doute nuit au maintien de sa renommée.

Mais nous ne quittons pas ainsi Henri Jossant et le château du Plaix, la discussion se prolonge autour d’un en-cas préparé par l’équipe des Thiaulins avec un thème qui, comme toujours évoque la conférence : aujourd’hui ce seront les matériaux du sculpteur qui sont mis en avant : le manger (poireau- œuf, fromagée, meringue) évoque le blanc du plâtre et les boissons (vin gris et cidre) le rose oranger du bois.

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Prochaine conférence « Ecoutez-voir » : le 29 juillet « Gervais Bourdinat, un berrichon en Kanakie» par Dominique Deyber.

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