Peer Ghynt à Cluis-Dessous

Dans la forteresse de Cluis-Dessous, en plein air, était donné du 20 au 30 juillet la pièce d’Ibsen « Peer Gynt ».

Cette pièce est un défi pour tout metteur en scène : l’action se passe en Norvège, dans les montagnes et lors d’un mariage, mais elle se passe aussi en Afrique, elle se passe sur mer et fait une large incursion dans le monde des trolls ; de plus elle comporte un nombre très important de rôles ! De surcroit, la pièce de théâtre bénéficie d’un accompagnement musical du compositeur norvégien, Edward GRIEG, dont on ne saurait se passer, mais qui nécessite évidemment un orchestre et  un chœur !

C’est donc à cette montagne que s’est attelé le « Manteau d’Arlequin ». Certes la compagnie n’en est pas à son coup d’essai puisque depuis 1959 elle utilise le cadre magnifique de la forteresse de Cluis-Dessous pour ses représentations estivales à grand spectacle. Cette année, c’est plus d’une trentaine d’acteurs et figurants, un orchestre d’une dizaine de musiciens et un chœur qu’il a fallu mobiliser. En plus de l’orchestre et du chœur, une double scène en ombres chinoises a été mise en place, permettant d’élargir les possibilités de la mise en scène. Mais le succès est à la hauteur des moyens mis en œuvre et cette fois-ci encore, le succès est là avec 200 spectateurs par représentation.

Peer Gynt est ce garçon hâbleur, menteur qui fait le désespoir de sa mère, sa mère qui pourtant l’aimera toujours et le soutiendra toujours (un très beau rôle). Mis à l’écart de la société à cause de ses frasques, un choc  le fera rencontrer le monde des trolls. C’est le roi des trolls qui délivrera ce qui est peut être le message clé d’Ibsen dans cette pièce : « soit toi-même ».

Une fiancée providentielle, Solveig, se présente, fille forte, courageuse, déterminée et fidèle (autre beau rôle) mais Peer Gynt, inconstant, esquive.

Fuyant ce monde, on retrouve Peer Gynt trente ans plus tard en Afrique ayant fait fortune, en particulier dans le trafic d’esclaves. Cependant, trahi par ses comparses, il se retrouve à nouveau ruiné.

Revenant dans les pays nordiques et après un naufrage,  Peer Gynt se trouve confronté à la mort sous plusieurs formes. Au moment de faire le bilan de sa vie, lui qui n’a jamais eu le courage d’être lui-même : pas de paradis, pas d’enfer non plus car il n’a pas commis de grands péchés, il sera condamné à « aller se faire refondre dans une cuillère » comme un bouton raté !

Cette farce poético-philosophico-comique est magnifiquement interprétée par la troupe du Manteau d’Arlequin, aux premiers rangs de laquelle Peer Gynt jeune (Baptiste Barnes) et vieux (Didier Fauguet), mais aussi la mère de Peer Gynt (Aude de Rouffignac), Solveig (Caroline Pillay), le roi des trolles (Stéphane Roussillat) ou le fondeur de boutons (Arnault de Laitre), sans oublier tous les figurants (hommes, femmes, ados et enfants) qui permettent à cette pièce d’atteindre le statut de « grand spectacle ».