Le Châtelet en Berry et ses deux églises: St Martial et Puyferrant
Pour la visite des églises du Châtelet organisée par l’office de tourisme Berry Grand Sud, nous avions rendez-vous avec Méline à la mairie du Châtelet, devant la statue de Gaston Guillemin, célèbre vielleux mais dont le père, tailleur de pierre a participé à la construction de l’église St Martial. Justement, nous y allons à St Martial, mais pour cela il faut monter la côte !
L’église a été construite en 1887, comme indiqué sur la façade, à la place d’une ancienne chapelle castrale, le château est juste à côté. A première vue, des voûtes plein cintre, on pourrait se croire au moyen âge, mais elle est très élevée cette église, rien de roman donc. Des chapiteaux très finement décorés, un curieux clocher octogonal : le style est éclectique.
Sur le fronton entre l’alpha et l’oméga le christ est représenté au centre par l’agneau pascal.
A l’entrée, d’un côté le blason de Jeanne d’Arc avec les croix de lys et l’épée soutenant la couronne de l’autre St Michel terrassant le dragon (il est à pied, pas à cheval comme St Georges), l’entrée en matière est très guerrière !
A l’intérieur, la première impression : l’église est très lumineuse, éclairée par de larges ouvertures dans les bas-côtés aussi bien qu’en haut de la nef, vraiment rien de médiéval ! Des voutes plein cintre, tant dans la nef que dans les bas-côtés mais très larges avec des croisées d’ogives à quatre pans comportant, ou non, des clés de voutes décorées.
Le chœur abrite un maître autel majestueux avec un bas relief représentant une descente de croix. La couleur verte indique que, d’un point de vue liturgique, nous sommes un jour ordinaire.
Le mobilier est élégant : on retrouve Jeanne d’Arc, une belle chaire en bois, au fond de l’église une reproduction sympathique exécutée par un enfant de chœur, du tableau de Vermeer : le Christ dans la maison de Marthe et Marie.
De cette église, il se dégage une impression de clarté, d’espace et d’élégance.
Redescendons donc du bourg castral pour remonter sur l’autre colline : Puyferrand, le domaine des chanoines de St Augustin où ils fondèrent une abbaye au 12ème siècle sur ce qui est aujourd’hui une belle place bien ombragée.
De cette abbaye il ne reste plus que l’église. A cette église abbatiale a été adjointe au 13ème siècle une nef pour les paroissiens, si l’église est romane, l’influence gothique se fait sentir pour la deuxième nef. Ce n’est qu’au 19ème siècle qu’une ouverture a été pratiquée entre les deux nefs.
Sur la porte un « graffiti » marqué à la craie : 20CMB22. –De quoi s’agit-il ? Eh bien cette église est sous la protection des rois mages pour 2022 : on reconnait bien la date, 2022 qui entoure les lettres, CBM ce sont les rois mages: Caspar, Balthasar, Melchior(en allemand, la tradition est germanique), mais pour les initiés cela signifie aussi « Christus benedictat mensionem » (le Christ a béni cette maison). Cette inscription est donc apposée pour l’Epiphanie.
Entrant dans l’église, le contraste est saisissant avec St Martial : ici tout est sombre, massif. Mais derrière cette sobriété, le décor est plus subtil : les piliers sont formés de pierres couleurs assorties, les chapiteaux sont sculptés moins finement certes qu’à St Martial mais les siècles ont passé.
Le chœur comporte sept stalles provenant du prieuré d’Orsan et quelques belles statues.
Dans la nef huit grands tableaux, dont l’origine n’est pas très claire, ils viennent d’être restaurés, ils sont lumineux, mais on remarque aussi une belle piéta du 15ème siècle en bois polychrome.
A l’extérieur, une pierre de l’édifice est creusée de sillons : la pierre à vœux, même si on ne sait plus guère quels vœux elle était chargée d’exaucer !
Ces deux églises sont toujours en service pour les paroissiens du Châtelet. Deux églises, est-ce bien utile aujourd’hui avec la baisse de la fréquentation religieuse ? Eh bien l’une sert l’été, pour sa fraicheur (Puyferrand), l’autre sert l’hiver pour sa proximité du bourg (St Martial) !