Le château de la Roche Guillebaud et le roman « Mauprat »
Dans le cadre du programme estival du Pays d’Huriel « La Plume et le Chemin » consacré à George Sand, une balade commentée était proposée au château de La Roche Guillebaud, décor du roman « Mauprat» de George Sand.
Ainsi, nous nous sommes retrouvés, ce 17 juillet, une bonne quinzaine de participants à St Eloy d’Allier, près du lac de Sidiailles, autour de Bernard Duplaix, historien de la région d’Huriel, notre guide de ce jour.
Après environ 800m de marche, pas toujours facile, dans le magnifique décor de la vallée de l’Arnon, nous nous retrouvons face aux ruines du château de la Roche Guillebaud.
Dans son roman « Mauprat » écrit en 1837, George Sand nous le décrit ainsi :
D’autres lieux ont été proposés comme source d’inspiration pour Mauprat : Le Chassaing, Lys St Georges, Ste Sévère… mais l’identification de Mauprat à la Roche Guillebaud n’est désormais plus contestée. Ici on y retrouve tout : la topographie, le couvert végétal… Alors, George Sand est-elle venue à la Roche Guillebaud ? Compte-tenu de la précision des descriptions et de l’absence d’autres sources d’information dont elle pouvait disposer, on peut le penser. Cependant il n’existe aucune preuve de son passage, aucun écrit. Mais, pour cette période notre connaissance de son emploi du temps est lacunaire, son agenda ne commence qu’en 1852 or le roman a été écrit en 1837. La distance entre Nohant et la Roche Guillebaud est de plus de 45km, ce qui est tout de même considérable pour une escapade à cheval mais non insurmontable.
Bernard Duplaix nous fait un bref résumé de ce roman, protéiforme : roman noir, roman d’amour, roman socialiste …
Mais revenons au château de la Roche Guillebaud et son aspect historique tel que nous le transmet Bernard Duplaix.
Le château aurait été construit fin 10ème début 11ème. Il dépendait des princes de Déols. Il occupe une enceinte de 6600m2, entourée de fossés. Le donjon de 12m de haut comporte quatre salles réparties sur trois étages et possède une basse cour et un souterrain permettant de s'en échapper.
La raison de cette construction est assez mystérieuse. En effet sa position défensive est faible (tapi au fond d’un ravin comme le signale George Sand), dans un endroit désert, sans intérêt stratégique. Certains historiens ont avancé l’idée qu’il serait là pour se défendre des pillards (Vikings), mais l’endroit serait vraiment très mal choisi. D’autres historiens pensent qu’il a été construit pour cacher un magot : possible mais il n’y a aucune preuve. Le mystère reste entier, mais ce château ressemble fort à un château-refuge.
Après Raoul vint Guillaume de la Roche Guillebaud qui eut trois enfants : Guillaume, Amblard et Alard. Alard épouse Agnès des Aix et ont une fille Alix.
C’est alors qu’entre dans l’histoire Robert d’Abrissel. Réformateur des mœurs de l’Eglise, le Pape lui confie une mission apostolique. Sa réputation de sainteté se répand, une foule de 200 à 300 fidèles le suit constamment. Il fonde l’abbaye de Fontevraud en 1101, monastère double, d’hommes et de femmes, dont la direction est assurée par une femme.
Robert d’Abrissel passe à la Roche Guillebaud pour y rencontrer Agnès dont il connait la réputation de piété. A la suite de cette visite, Agnès va rompre avec Alard (Alix a alors 7 ans) et suivre Robert d’Abrissel. Lorsque Robert d’Abrissel fonde le prieuré d’Orsan, il en confie alors la direction à Agnès.
On ne connait pas la suite de la vie d’Alix mais le Dr Piquand, dans ses « Légendes Bourbonnaises » en donne une version mythique.
On y retrouve Alix à l’âge de 20 ans, toujours à La Roche Guillebaud. Passe Louis, un beau troubadour qui chante merveilleusement bien. Alix en tombe follement amoureuse. Elle veut l’épouser mais Alard s’y oppose fermement et met en cage à la Roche Guillebaud Louis, le beau rossignol. Alix se laisse mourir de chagrin.
Depuis, certains soirs on peut entendre la voix gémissante de Louis et les sanglots d’Alix.
Après ce récit littéraire, historique et légendaire, Bernard Duplaix nous montre une copie du testament d’Alard de Guillebaud daté de 1120 : oui, neuf cents ans plus tard il reste des traces d’Alard de Guillebaud, cet homme a réellement existé !
Mais revenons au château. Un petit sentier, escarpé et parfois glissant, nous permet de descendre au pied du château. Les piles du pont d’accès apparaissent impressionnantes au pied de l’eau calme du lac. Cependant la végétation commence à envahir le site, des arbustes s’agrippent au rocher pouvant peut-être à terme en menacer l’intégrité.
Un autre chemin courant au milieu de la bruyère, magnifique en cette saison, nous mène à un belvédère : une belle vue du château dans « son écrin de verdure ».
Ainsi que nous le signale Bernard Duplaix, avec ce roman et celui des Maîtres Sonneurs, George Sand jette un pont entre Berry et Bourbonnais : deux provinces qui vivent côte à côte, bien semblables par beaucoup d’aspects mais qui regardent dans des directions différentes sans beaucoup se voir. C’est dommage ! Cette remarque est toujours valable de nos jours. Gageons que l’association « Dans les pas des Maîtres Sonneurs » contribue à resserrer les liens entre ces deux provinces.
Parmi les participants à cette balade commentée autour du château de la Roche Guillebaud il y avait les propriétaires du gite situé tout à côté, en plein cœur du bourg de St Eloy d’Allier. A l’issue de la balade ils nous ont très gentiment invités autour d’un café. Le gite est vraiment splendide et l’accueil … excellent ! Si de vos amis ont envie de passer quelques jours auprès du lac de Sidiailles, ce serait vraiment une très bonne idée de les contacter.
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