A la découverte de Verneuil sur Igneraie avec Châteaumeillant Nature

Publié le par nous-en-boischaut-sud

En ce 22 aout bien ensoleillé, Châteaumeillant Nature était en visite à Verneuil sur Igneraie.

A l’église de Verneuil, nous sommes accueillis par Edith Jouhanneau et Pierre Rauzy qui seront nos guides pour ces découvertes.

Tout d’abord, Edith Jouhanneau nous présente Verneuil dans sa petite église. Elle date du 12ème siècle et a été remaniée au 19ème.

A la découverte de Verneuil sur Igneraie avec Châteaumeillant Nature

Potiers et tuiliers ont fait la richesse de Verneuil. Ils sont représentés par leur saint patron dans l’église : Saint Hilaire pour les potiers et Saint André pour les tuiliers y ont chacun leur statue. Un autre « saint » a son importance à Verneuil : Saint Généfort, nous en reparlerons. A la Révolution, les statues furent en grand danger ; un potier, Silvain Alaphilippe se proposa de les brûler, son four étant allumé dit-il ;  ce qu’il ne fit pas et ainsi les sauva.

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L’activité potière est très ancienne à Verneuil puisqu’on a retrouvé une voûte de four de l’époque gallo-romaine ; tout cela est dû à la présence de très bonne terre pour cette industrie. Au 19ème siècle, 19 poteries fonctionnaient à Verneuil. Les potiers étaient souvent des potiers-paysans. En 1940, il en restait 3 ; la dernière poterie a fermé ses portes en 2019.

Au 19ème siècle, il y avait également 4 à 5 tuiliers à Verneuil. A partir des années 1860, Mr Naud, propriétaire du château de Saint Chartier rachète toutes les petites tuileries de la région pour les moderniser. La tuilerie de Verneuil compta jusqu’à 100-120 ouvriers. Près de la tuilerie, un quartier important hébergeait ces familles. La tuilerie a fermé en 1983, les tuiles étant concurrencées par les parpaings moins chers.

La prospérité de Verneuil au 19ème siècle lui a valu d’être une des premières communes possédant une école et une poste, mais à son grand regret,  elle ne put avoir de gare pour écouler sa production, la gare la plus proche étant à La Beauce.

Parmi les personnes importantes de Verneuil, Hilaire de Vesvre et l’abbé Jacob ont fait beaucoup pour la sauvegarde de la mémoire de la commune. L’abbé Jacob (Hector de Corlay de son nom de plume) procura un logis aux Epingués pour son ami le peintre Fernand Maillaud. Avec le poète Fernand Nigond, dans les années 1900-1914, ils créèrent un cénacle artistique à Verneuil, très intégré dans la population. Un médaillon rappelle cet épisode à l’extérieur de l’église.

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Une autre personnalité marquante de la commune est l’abbé Debourges, curé pour la paroisse, exorciste pour le diocèse.

Après cette halte dans la fraiche église, nous rejoignons un beau chemin bien ombragé pour atteindre la fontaine de Saint Généfort.

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Cette fontaine était l’objet d’un important pèlerinage chaque 21 février. Il était destiné aux enfants chétifs et souffreteux et, après des incantations rituelles, l’eau de la fontaine  était censée les rendre « forts et beaux ». Elle était également censée donner de la vigueur aux maris ! Ce pèlerinage fut interdit pas l’archevêque de Bourges et la statue de saint Généfort dans l’église fut détruite.

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Nous reprenons notre promenade vers le haut du village ; le nom des rues évoque le passé potier du village avec le nom des potiers, nous croisons les vestiges d’anciens fours potiers. Sur la place se prépare la fête de la peinture, c’est l’ancienne fête du « Sans-besoin» qui se perpétue depuis 1869. Autrefois, c’était une foire où les potiers proposaient leur production. Aujourd’hui , c’est le coq au vin qui règne entre la brocante et les artistes  venus peindre sur site.

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Près de la place du village est l’ancienne demeure d’un potier marquant de Verneuil : Paul Demeure. Edith a remis en service le tour de potier de son grand père dans un atelier conservé en son état. Mathilde, l’arrière petite fille de Paul Demeure nous fait une démonstration de poterie avec le tour de l’époque : un tour à bâton. Ce système déjà connu dans l’antiquité est resté en service en Berry jusqu’à la dernière guerre. C’est une activité très physique qui a un inconvénient majeur : il fonctionne en discontinu ; on doit lancer le tour avec le bâton puis lâcher le bâton pour tourner la pièce tant que la vitesse de rotation est suffisante, avant de relancer le système.

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Après le tournage, la pièce est mise à sécher environ une semaine avant cuisson. Avec les fours actuels la cuisson est faite en deux étapes : la première cuisson est faite à 1050°C avant l’émaillage qui permet de rendre l’objet étanche puis la pièce émaillée est cuite à 1320°C.

Jusque vers 1920 la poterie produisait essentiellement des pièces utilitaires (vaisselle) puis elle s’est tournée vers la poterie d’art, notamment avec les grès flammés.

Mais la cuisson se passe de l’autre côté de la cour où un four couché a été remis en état. Edith nous le fait visiter.

Le four a été construit sur un terrain légèrement en pente pour favoriser le tirage. Il est alimenté par deux alandiers. Le four était rempli par tous les objets répartis de façon judicieuse pour que chaque pièce reçoive la température adéquate sans toucher à sa voisine.

Il y avait deux fournées par an. Chaque fournée consommait de 12 à 15 stères de bois. Le four était chauffé vers 1000°C pendant 24h puis la température était montée à 1200°C en chauffant avec du petit bois.

Au cours du temps et des différentes cuissons, des vapeurs d’émail se sont condensées sur les parois du four ce qui donne un magnifique four vernissé tandis que des gouttelettes d’émail forment des stalactites vers les alandiers. Magnifique !

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Paul Demeure, célèbre pour ces émaux bleus, a été récompensé lors de l’exposition universelle de Paris en 1937. Quelques exemples de sa production sont présentés.

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Quittant l’atelier de Paul Demeure, une petite promenade nous fait rejoindre l’ancien lavoir restauré avant de prendre un agréable chemin ombragé nous menant au Petit Coudray  par l’allée Charles Duvernet.

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Au Petit Coudray, nous sommes accueillis par les propriétaires : Pierre et Lydie Rauzy qui courageusement travaillent pour restaurer cette demeure.

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Cette capitainerie trouve son origine au 13ème siècle. Elle a été modifiée aux 14ème -15ème siècles  puis aux 18ème-19ème siècles mais quand ils l’ont acquis en 1989, elle gisait au milieu des broussailles, la toiture était effondrée et un arbre poussait à l’intérieur ! Les enfants du village venaient y jouer.  les vitres étaient caillassées, les parquets dévastés.

Depuis 30 ans ils ont donc passé tous leur temps libre à dégager puis à restaurer cette demeure en conservant son authenticité. Le bâtiment présente une face arrière austère, peu éclairée, humide, qui rappelle le donjon du 13ème siècle à caractère défensif et, à l’avant, la façade restaurée au 18e siècle et restée telle qu’elle  est très bien éclairée. La demeure est telle que l’a connu George Sand, moderne à l’époque.

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Car cette demeure a toute une histoire. Au 19ème siècle le Petit Coudray appartenait à la famille Duvernet qui y passait la majeure partie de leur temps. Les Duvernet étaient les amis intimes des Dupin de Francueil à Nohant et Charles Duvernet était l’ami d’enfance d’Aurore Dupin, la future George Sand.

C’est dans cette demeure qu’Aurore Dupin rencontra Jules Sandeau qui allait révéler les talents littéraires de George Sand. « Jules vous expliquera ce que c’est pour nous le jardin du Coudray … le point de concours où nos deux planètes sont venues se rencontrer pour faire le voyage de la vie en commun » GS

Toute leur vie Charles Duvernet et George Sand sont restés des amis très proches et immanquablement tous les amis que George Sand recevait à Nohant se retrouvaient au Petit Coudray. Ainsi sont passés ici Chopin, Delacroix, Alexandre Dumas …et bien d’autres.

D’ailleurs, Eugène Delacroix a laissé un souvenir de son passage au Petit Coudray : dans son tableau « Le jardin de George SAND à Nohant » il a en fait représenté celui du Petit Coudray !

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Non content de restaurer la demeure, les Rauzy recherchent tous les documents se rapportant à cette demeure. Pierre, avec sa faconde méridionale, raconte que, lorsqu’ils faisaient les travaux, ils voyaient souvent des personnes les regardant travailler,  souvent des profs de français. C’est avec eux que les recherches historiques ont commencé !

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Et tout cela pourquoi ? Parce que dans les années 1980, alors que Pierre et Lydie Rauzy, originaires de Toulouse et instituteurs en région parisienne, cherchaient une petite fermette en Berry, à mi-chemin entre leur deux points d’attache. Ils n’ont pas trouvé ce qu’ils cherchaient mais on leur a montré cette « curiosité » à Verneuil. Leur amour des vieilles pierres n’a pu y résister : ils ne pouvaient pas laisser ça comme ça !

Et les travaux sont toujours en cours. Pierre Rauzy vient de restaurer magnifiquement le plafond d’une première pièce dite le « salon » …mais il reste encore d’autres pièces à restaurer  donc beaucoup  de travail en perspective.

Un grand merci à Edith Jouhanneau, à Pierre et Lydie Rauzy pour ces visites qui furent une découverte pour beaucoup.

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