Une lumière dans la nuit à Sidiailles : le ciné-club Confluence
Le ciné-club de Sidiailles, Confluence, poursuit son petit bonhomme de succès ! Ce mardi 5 novembre au soir, encore une petite trentaine de spectateurs était présents pour une vraie séance de ciné-club avec sa première partie, son grand film suivi d’un large espace de discussion et de convivialité. Pourtant le thème du jour était assez peu glamour : la réinsertion post-carcérale !
En première partie, Lou-Anne nous a présenté le fruit de deux ans de travail en compagnie de deux de ses collègues, étudiantes éducatrices spécialisées, à Clermont Ferrand : un travail très complet sur la problématique de la réinsertion post-carcérale, de son aspect théorique à la hiérarchisation des problèmes et l’identification des blocages à la réinsertion ; celle-ci étant tellement difficile entre les à-priori de l’extérieur et l’isolement social des anciens détenus.
Nous ne nous étendrons pas sur le contenu de ce travail, nos étudiantes en présenteront une version complète lors d’une expo-conférence le 15 novembre à Châteaumeillant. Nous aurons l’occasion d’en reparler. Ce que nous voudrions souligner, c’est la personnalité de Lou-Anne : très équilibrée, souple et solide ; des qualités majeures pour la conduite du métier dans lequel elle s’engage.
Le film du jour « Je verrais toujours vos visages », est un film de Jeanne Herry sorti en 2023 et qui a connu un beau succès. Ce film présente la justice restaurative en France : un processus qui propose à des personnes victimes d’agression de dialoguer avec des auteurs d’infraction de même type, tout cela dans un cadre sécurisé.
Ce film n’est pas un documentaire mais il y ressemble tant les acteurs sont dans leurs personnages. Nous suivons deux situations : d’une part la rencontre de trois victimes (vol à l’arraché, braquage, cambriolage) avec trois détenus pour des faits similaires et d’autre part une victime de viols incestueux à la recherche de dialogue avec son violeur de frère. Ces rencontres se font en présence de professionnels ou de bénévoles qui sont chargés de sécuriser les rencontres.
Dialogues toujours sur le fil du rasoir, toujours avec respect et beaucoup d’émotions, c’est un hommage émouvant à ces intermédiaires qui permettent le dialogue dans ces conditions extrêmes.
Quel est le bilan de cette justice restaurative ? Selon le film, elle parait être plutôt efficace pour permettre aux victimes de passer à autre chose ; pour les détenus, la réponse est plus incertaine : cette action seule est loin d’être suffisante pour assurer une bonne réinsertion à la sortie et éviter la récidive.
Après ce film très fort, Odette et Lou-Anne animent la discussion avec le public sur les systèmes de réinsertion post-carcéraux possibles en notant que la réinsertion est « un sport de combat » ! Puis la discussion évolue sur la prévention en regrettant que les moyens mis en place autrefois aient été supprimés (ilotiers par exemple).
La difficulté fondamentale dans notre société est la perte du lien social. Le lien social, c’est justement ce qui se tisse ici, au ciné-club de Sidiailles ! Merci à Odette et Jean-Jacques Mitterrand d’avoir créé et de faire vivre ce lieu de rencontre et d’animation à Sidiailles.