De l’hippodrome de Lignières à Hooker Berry : hippisme en Boischaut-Sud
Ce vendredi 29 novembre, le Crédit Agricole de Châteaumeillant avait invité, pour une conférence au Pôle de l’étang Merlin à Châteaumeillant, Emmanuel Lagarde, gestionnaire de l ‘hippodrome de Lignières, et Michel Aladenise, propriétaire de Hooker Berry, le cheval star vainqueur du Prix d’Amérique 2023, qui est né à Vicq-Exemplet et auquel la commune a rendu hommage par une place avec sa statue.
Tout d’abord, Emmanuel Lagarde rappelle l’importance économique de la filière équine qui, avec un million de chevaux (à comparer à 7.5 millions de bovins) génère 180.000 emplois car il faut en moyenne une personne pour quatre poulinières (pas comme les bovins !). C’est un élevage très diffus : sur les 34.000 élevages, 80% n’ont qu’une ou deux poulinières, rares sont les élevages comme celui de Michel Aladenise à Vicq-Exemplet qui en ont une vingtaine.
Le monde des chevaux se divise en trois grandes filières : l’élevage de chevaux de course (190.000) qui est une activité agricole, les chevaux de sport (450.000) qui est une activité sportive rattachée à la fédération française d’équitation (cette fédération est la 4ème plus importante fédération sportive, très féminisée, c’est la 1ère activité sportive féminine) et les chevaux de trait, activité plus marginale avec 58.000 chevaux ; à cela il faut ajouter 230.000 poneys et 82.000 ânes.
Concentrons nous sur le monde des courses avec près de chez nous l’hippodrome de Lignières, qui a 145 ans d’âge. Il est dû à la famille BOURBON de Lignières : la Société des Courses de Lignières (qui n’est pas une société mais une association loi de 1901) a été fondée en 1879. Le site de 130ha a été repris en 2006 par le Conseil Départemental. Il reçoit 150.000 visiteurs par an (2ème site le plus visité du Cher). C’est un poumon économique majeur pour la région de Lignières. Il s’y déroule une soixantaine de jours de manifestations par an.
Le monde des courses génère 10 milliards d’€uros d’enjeux par an ; ce sont ces enjeux qui alimentent le système. Sur cette somme, 7 milliards sont reversés aux parieurs, un peu plus d’un milliard est prélevé par l’état et le reste revient à la filière professionnelle, ce qui a représenté 876 millions d’€ en 2010. Mais depuis 2010 le secteur des jeux d’argent en ligne est ouvert à la concurrence et le montant des paris au PMU s’en ressent !
A Lignières une bonne journée de course hippodrome, c’est 25.000€ de jeux sur l’hippodrome ; pour des courses PMU le montant des jeux à Lignières est de 300.000€.
Dans le cadre de l’élevage de chevaux de course comme activité agricole, les courses sont le moyen privilégié de sélection des reproducteurs. Chaque cheval court dans sa catégorie en fonction de son âge, de son sexe et de ses performances passées de sorte à ce que chacun trouve sa place dans le classement. Après la course, le prix est attribué au propriétaire du cheval (alors que dans les concours sportifs c’est le cavalier qui empoche le gain).
Mais le propriétaire n’est bien sûr pas le seul acteur et les gains sont répartis entre propriétaire (67%), entraineur (10%), naisseur (12.5%), jockey (7%). Ainsi le naisseur touche une partie des gains du cheval même s’il n’en n’est plus le propriétaire : le but est de promouvoir des élevages performants et stables via la sélection des reproducteurs.
Pour chaque course les sept premiers reçoivent une allocation (45% au premier, puis 25%, 14%, 8%, 5%, 2% et 1%).
Les sommes en jeu étant considérables, le système est très règlementé et transparent pour apporter une garantie aux parieurs qui alimentent le système : les contrôles de dopage sont omniprésents, les enquêtes sont diligentées sur chaque propriétaire, toutes les informations concernant les chevaux, les entraineurs, les propriétaires... sont publiques.
Mais revenons sur Hooker Berry, vainqueur du Prix d’Amérique 2023. Il s’est à nouveau qualifié pour l’édition 2025 en terminant 3ème du grand prix de Bretagne (les 4 premiers sont qualifiés). Un car sera affrété au départ de La Châtre pour assister à ce Grand Prix d'Amérique 2025 : 60€/personne, renseignez-vous !
Hooker Berry a gagné ses premières courses à l’âge de 2 ans (Lyon, Vichy) ce qui lui a permis de monter de catégorie en catégorie et disputer les semi-classiques puis les classiques à Vincennes par exemple. Il a gagné le prix d’Amérique à l’âge de 5 ans, (ce qui est l’âge moyen des vainqueurs), maintenant il semble un peu plus paresseux aux entrainements ! Un cheval peut courir jusqu’à 10-11 ans.
Hooker Berry est entrainé par Jean Michel Bazire. Le choix des courses à disputer revient à l’entraineur en accord avec le propriétaire. Il dépend des aptitudes du cheval (pointe de vitesse, train, virages…). Le driver applique les consignes de l’entraineur Jean Michel Bazire. Celui-ci ne travaille qu’avec des éleveurs pratiquant une sélection génétique sur le long terme.
Michel Aladenise a gardé toute la famille de Hooker Berry. Il a maintenant une très bonne base génétique et 80% de ses poulains ont réussi les épreuves de sélection (30% pour l’ensemble des éleveurs). Mais il faut rester prudent précise Michel Aladenise : sur 11.000 poulains par an, 3.000 réussissent aux épreuves de sélection mais seulement 1.000 gagnent leur vie !
L’élevage français est reconnu de très bonne qualité, notamment grâce aux courses bien dotées (les Etats-Unis sont un cas à part à cause des règlementations différentes liées au dopage). Le Berry est une grande région d’élevage équin en France, même s’il est loin derrière la Normandie ou la Mayenne. Cette activité économique est une chance pour notre territoire qui bénéficie de la proximité de l’hippodrome de Lignières (situé sur la commune de la Celle Condé !).
Après cette conférence une petite tombola a permis de distribuer des places d’entrée à l’hippodrome de Lignières ainsi que des souvenirs aux couleurs d’Hooker Berry, rose et noir ( exemple tee-shirt, casquette, écharpe, affiches.)
La soirée s’est terminée par des discussions informelles autour d’un verre permettant des échanges des nombreux participants avec les orateurs.