Confluence sur le thème de l’eau à Sidiailles
Ce 21 janvier Confluence, le ciné-club de Sidiailles nous offrait une séance sur le thème de l’eau avec, pour sa partie principale, un documentaire de Patricio Guzmàn : « Le bouton de nacre ».
En première partie était invité notre écrivain écologue Denis Dupic qui ne va pas nous parler de son livre « Histoire d’eau » mais nous raconter une des histoires de son prochain livre « Les contes du grand chêne » évoquant l’arrivée fantastique de l’eau sur terre. Ces histoires lui ont été transmises par un vieux paysan d’apparence frustre mais resté très lié à la nature. Cette proximité a développé chez lui un imaginaire qui est une autre source d’accès au savoir. Denis Dupic agit ici en traducteur de l’oral vers l’écrit ; à découvrir très bientôt sur tous les salons du livre de la région !
De son côté, Marie-Claude Lecable nous offre une très belle exposition de toiles, également le thème de l’eau avec des couleurs lumineuses. On remarquera un grand format (non photographié), une vague, qui fait irrésistiblement penser à Hokusai, mais sans le bateau !
Mais revenons à notre film principal « Le bouton de nacre » de Patricio Guzmàn sorti en 2015 et pour lequel il a obtenu l’Ours d’Argent du meilleur scénario à Berlin.
L’aspect esthétique de ce film est remarquable, les images sont superbes (le thème de l’eau s’y prête parfaitement). L‘eau y est présentée sous toutes ses formes de la goutte, de la grêle, du glacier… avec tous les sons associés.
Puis nous retrouvons le Chili d’où est originaire le réalisateur du film Patricio Guzmàn, un pays avec 4000km de côte et qui pourtant est essentiellement tourné vers les terres.
Le Chili, ce pays si long que les écoliers ne le voient jamais en entier, est toujours représenté sur les cartes scolaires en trois parties : le nord, le centre et le sud. Au nord le désert le plus aride de la planète (Atacama) se couvre de télescopes qui scrutent loin dans l’espace, loin dans le temps, pour découvrir la présence d’énormes quantités d’eau qui lui manquent tant.
Au sud, dans l’archipel de Patagonie, les peuples autochtones nomadisaient à bord de leurs radeaux. Pour eux, l’eau était source de toute vie et ils se nourrissaient essentiellement de coquillages.
Le film fait la part belle à ces peuples autochtones : Kawésqar, Yagan, Tehuelches …, donnant la parole à leurs derniers représentants sur terre, les faisant parler leur langue (où il n’y a pas de mot pour Dieu ou pour police !).
Leurs peuples ont été décimés à la suite du contact avec les européens, en particulier dans l’ile de Dawson où ils ont été regroupés pour leur évangélisation. Retour vers leurs ancêtres qui se peignaient le corps en symbolisant le cosmos, là où se projetterait leur âme après leur mort ; clin d’œil à Atacama où on observe ce même cosmos.
Nous retrouvons l’ile maudite de Dawson qui après avoir décimés les peuples autochtones a servi de camp de concentration sous Pinochet. Et nous voici dans l’atroce de ces années de plomb où la mer a été utilisée comme cimetière pour les corps martyrisés. L’eau pour cacher l’innommable !
Un film qui s’inscrit dans une brulante actualité pour les combats d’aujourd’hui : l’écologie et la violence, le droit des peuples.