Entre chien et loup à Ste Sévère sur le sentier des Maîtres Sonneurs

La désormais traditionnelle balade « entre chien et loup » organisée par l’association « Sur les pas des Maîtres Sonneurs » avait lieu cette année le 14 juin au départ de Ste Sévère. Cette balade, entrecoupée d’animations « contées et musiquées » a pour but de promouvoir le Sentier des Maitres Sonneurs qui, entre Nohant et Huriel, suit le parcours décrit par George Sand dans son roman « Les Maîtres Sonneurs ».

Ainsi vers 17h30, malgré la chaleur et le risque d’orage marcheurs et musiciens se sont retrouvés autour de la halle de Ste Sévère. Une douzaine de musiciens étaient venus, principalement des conservatoires de Bourges, Nevers et Issoudun. Si vous réunissez autant de musiciens dans un même lieu, ils ne peuvent pas s’empêcher de jouer ensemble… pour notre plus grand bonheur !

Mais pourquoi se retrouver à Ste Sévère ? Outre le fait que Ste Sévère se situe sur le sentier des Maîtres Sonneurs, Vinciane, guide conférencière à Nohant, nous donne bien d’autres éléments.

George Sand connaissait bien Sainte-Sévère où elle est passée souvent dès les années 1830, notamment pour se rendre à Boussac et aux Pierres Jaumâtres. Elle appréciait l’aspect romantique des lieux, avec ce qu’elle nomme la « tour des Anglais », ou la Côte Perdrix, toute proche. Pour certains voyages elle était accompagnée de Frédéric Chopin, qui est donc également passé par Ste Sévère.

Ste Sévère apparait principalement dans « Mauprat », publié en 1837. George Sand y raconte les amours contrariés entre deux cousins issus de deux branches différentes de la même famille : d’une part les « bons » Mauprat, aux idées avancées, avec Edmée et d’autre part les « mauvais » Mauprat, bornés et peu éduqués avec Bernard. George Sand situe la famille des « bons » Mauprat au château de Ste Sévère. Finalement, c’est la fille, qui élèvera le niveau culturel du garçon et rendra possible le mariage.

Dans ce roman, l’esprit naturaliste de George Sand se fait jour avec la description de « La Varenne », le domaine des Mauprat au sol pauvre. De son côté, Maurice Sand a représenté une coupe stratigraphique du Berry où il note bien la transition entre les terres acides, prolongement du Massif Central et les terres argilo-calcaires du nord du Berry en notant la différence de végétation sur ces deux régions naturelles : par exemple, la digitale n’est présente que sur les terres acides.

Maurice Sand a également réalisé plusieurs dessins de Ste Sévère, notamment de la place et de l’Auberge de l’Ecu.

Ste Sévère apparait également dans un article de George Sand pour « L’Illustration » en 1847 « Un coin de la Marche et du Berry » où elle mentionne que la moitié de la tour, qu’elle nomme la Tour des Anglais, s’est effondrée l’année précédente. Elle prédisait alors sa disparition prochaine, mais les ruines ont résisté, jusqu’à ce jour.

Et maintenant la randonnée commence … bon d’abord juste un saut de puce pour rejoindre le château de Ste Sévère où nous sommes reçus par les propriétaires qui ont renommé ce château en « La Maison d’Edmée » en hommage à George Sand et à son roman « Mauprat ». Ils ont entrepris une ambitieuse restauration du château pour proposer des animations culturelles ainsi que la possibilité de séjours.

Le parc du château débouche sur une grande terrasse dominant une vue magnifique sur la vallée de l’Indre et le bocage du Boischaut sud.

Alors cette fois-ci c’est le vrai départ de la randonnée : une descente vers la vallée de l’Indre occupée par l’élevage et, puisque Maurice Sand en avait parlé, tout le monde recherche la digitale. Et sur le chemin nous en trouverons des digitales, bien fleuries !

Le chemin bien ombragé nous conduit au château du Mont où nous sommes magnifiquement reçus par Mme Magnier, la propriétaire des lieux, qui a acquis cette demeure en l’état de ruines pour la restaurer en cette superbe forteresse médiévale qu’elle est devenue.

Dans un appentis nos cornemuseux s’installent accompagnés par une percussion.

Dans la grande salle du château, Mme Maignier nous offre un somptueux ravitaillement de qualité. Un grand merci à elle !

Nous repartons du château vers Belfat où nous rejoignons le tracé du sentier des Maîtres Sonneurs, longeant le Rio Brûlé avec de très belles échappées vers la vallée ; un beau sentier bien ombragé, agréable cet été.

Quittant la vallée du Rio Brûlé, Ste Sévère se dévoile avec la vue caractéristique sur le clocher de l’église et la tour. Nous traversons l’Indre avec de mystérieux ronds de pierre dans l’eau (cressonnières ?).

Déjà des notes de musique s’échappent, nos musiciens sont installés sur la butte, aux Terriers de Ste Sévère. Mic prend la parole et nous ramène aux roman « Les Maitres Sonneurs ». Il nous lit, sur Internet, modernité oblige, le passage où le « Grand Bûcheux » enseigne à Joseph les modes mineur et majeur. Selon Mic, d’après les descriptions qu’en fait George Sand, c’est ici, aux Terriers, qu’elle situe cette action du roman. Et  Mic reprend la chanson des « Trois Fendeux » qui illustre ce passage.

Trois fendeux y avait / Au printemps sur l'herbette / Trois fendeux y avait / Parlant à la fillette ; / J'entends le rossignolet / J'entends le rossignolet ...

Plus que quelques centaines de mètres pour rejoindre la halle de Ste Sévère où Mr le Maire nous offre l’apéritif, avec le radillat qui l'accompagne, en rappelant une autre figure marquante de la cité : Jacques Tati.