Eglises romanes et vitraux contemporains
Une bonne vingtaine de personnes se sont retrouvées ce samedi 22 septembre sur le champ de foire de Lignières pour un circuit organisé par Jean Mauret, Christian Cribellier et toute l’équipe de la Grange aux Verrières.
Ce circuit, d’une cinquantaine de km, nous a mené de Saint Symphorien à Chambon, Vallenay, La Celle Bruère, Saint Pierre les bois et Touchay. A chaque étape nous attendait une église, en général romane, modeste comme l’ancienne église de Vallenay, aujourd’hui désaffectée et en cours de restauration, ou plus imposante comme celle de La Celle Bruère.
Toutes ces églises, construites sur des plans assez similaires, ont su trouver leur propre personnalité, présentant des décors originaux, comme ce porche de l’église de Saint Symphorien, très original en Berry. Elles reflètent l’âme de leurs constructeurs, probablement locaux.
Bien sûr, en neuf siècles d’existence, des modifications ont été apportées, Christian Cribellier, en tant que conservateur du patrimoine avait qualité pour nous commenter chacune des visites.
Certains ajouts ont été apportés à la structure romane, comme le magnifique porche, très décoré de l’église de Chambon, mais nos bâtisseurs d’église ont également su intégrer dès l’origine des éléments antérieurs à leur construction romane, comme ces sculptures gallo-romaines sur la façade de l’église de La Celle Bruère.
Cette région calcaire est riche en pierres de taille dont certaines comme la pierre de La Celle est d’une grande qualité et permet de réaliser des sculptures de très grande finesse, comme bien sûr à l’église de La Celle Bruère.
Cependant, presque tous les édifices ont leurs chapiteaux sculptés, plus ou moins finement selon l’expertise de l’artiste et les moyens dont il disposait.
D’autres églises ont conservé des traces de fresques murales anciennes, telle Vallenay ; la restauration en cours permettra de se faire une meilleure idée de la qualité et de l’étendue de ces fresques.
Les vitraux sont avec les chapiteaux sculptés, le décor le plus présent dans les églises. La majorité d’entre eux date du 19ème siècle, un des âges d’or pour cette technique. Grâce à des commandes abondantes, de grands ateliers ont vu le jour. Travaillant avec une spécialisation des tâches, ils ont acquis une très grande maîtrise technique. Ces vitraux ont essentiellement des fonctions narratives et didactiques, ils se doivent d’enseigner la religion catholique aux fidèles et de les maintenir dans le droit chemin ; l’image figurative est dominante.
Le 19ème siècle a également produit, parfois en série, des vitraux moins didactiques qui bénéficient également de cette haute qualité technique.
L’église de Touchay, qui n’est pas romane puisque construite au 15ème siècle conserve quant à elle d’intéressants vitraux anciens, du 16è.
Dans la deuxième moitié du 20ème siècle, le vitrail s’affranchit de cette fonction religieuse pour y substituer une fonction plus spirituelle. Jean Mauret s’inscrit dans cette ligne et comme il le souligne, cette fonction spirituelle du vitrail, transformant la lumière pour éveiller les sens, était présente dès l’époque de construction de ces églises et est mentionnée par l’abbé Surger, mais elle s’est affadie au cours des siècles suivants.
Jean Mauret nous a présenté les techniques de fabrication des vitraux, de la fabrication ancienne du verre à la peinture, la gravure, le jaune d’argent …
Chacune des églises visitées présente certaines de ses réalisations. Les œuvres les plus anciennes que l’on a pu voir dans ce circuit soulignent l’architecture voisine et peuvent paraître assez strictes et symétriques.
Puis le dessin se libère, les symétries se cassent.
Des verres plus variés sont utilisés.
Mais toujours le but est là : la lumière interagit avec le vitrail et fait vibrer l’espace (mais la photo en rend difficilement compte).
Ah, bien sûr, on ne passe pas toute une journée sans manger ! Notre pique nique, c’était tout contre l’ancienne église de Vallenay, endroit charmant ; le temps et la température nous ont été cléments.