Vigne et savoirs oubliés à Néret
Ce dimanche 9 septembre 2012, l’association « Sentier de l’ô vi ve » fête la vigne et les savoirs oubliés à Néret.
Et la fête commence le matin par des randonnées permettant de découvrir les sentiers de Néret avec ravitaillements à base de produits locaux. C’est là une promenade apéritive pour mieux apprécier le repas auquel plus de 130 convives ont pris part. Poule au pot et clafoutis ont été unanimement salués.
Le début d’après midi est culturel avec la conférence de Jacques Aubourg sur le genouillet, cépage typiquement berrichon qui a fait les beaux jours du grand vignoble d’Issoudun jusqu’à l’arrivée du phylloxéra.
Ce cépage avait complètement disparu puis quelques pieds ont été retrouvés, par hasard, dans la vigne d’un petit récoltant indépendant près d’Issoudun et maintenant, grâce à l’action acharnée de l’URGB (Union pour la préservation et la valorisation des Ressources Génétiques du Berry) il est inscrit au catalogue des variétés cultivables en France.
Cette action obstinée s’inscrit dans le cadre de la préservation de la diversité génétique qui a été si considérablement réduite au cours du 20ème siècle. Ainsi , parmi les 5000 cépages de vigne existants, l’essentiel de la production viticole est assuré par moins de 1% de ces variétés. Pourtant la qualité d’un vin résulte le plus souvent de l’assemblage des cépages qui le compose (le Châteauneuf du Pape comprend pas moins de 13 cépages) et c’est dans cet assemblage, ainsi que dans la notion de terroir, que réside la différentiation des vins français face aux vins de cépage homogène produits chez les nouveaux pays producteurs.
Et notre genouillet a toute sa place, en cépage pur mais surtout sans doute en assemblage. Certes il n’est pas précoce, inconvénient mineur en ces temps de vendanges plus tardives ; il est un peu sensible à la pourriture si le climat est humide, mais il peut apporter son potentiel de conservation et de vieillissement : le vin de genouillet se bonifie pendant au moins une quinzaine d’années.
Grâce à Marylin Smith, de Quincy et Pierre Picot, de Châteaumeillant, une première récolte de genouillet a eu lieu à Quincy. Ainsi la conférence a pu se terminer par une dégustation de ce fameux genouillet !
Bien que le vin proposé soit encore trop jeune (2 ans), il se révèle léger et agréable à boire ; certains y ont retrouvé des arômes d’épices et de fruits rouges ou noirs.
Sortant de la salle de conférence, dehors la fête bat son plein. L’association « Sentier de l’ô vi ve » propose les produits issus de sa vigne- verger, éventuellement un peu transformés en confitures ou jus de raisin.
Pour apprendre les recettes de cuisine traditionnelles, tel le radillat, il faut s’y prendre jeune, on va vous montrer ! En cas de besoin, Maggy Cluzel n’est pas loin, elle présente son livre de recettes, une référence.
Un peu plus loin, les artisans travaillent sous nos yeux ou nous proposent leur production. Tiens ! Madame la potière de Vicq Exemplet est venue en voisine.
Dans un coin, quelques outils anciens que l’on trouvait dans toutes les fermes : une « braye » pour obtenir la filasse de chanvre, une « chieube » ou banc d’âne, pour chapuser le bois.
Mais c’est l’heure de la lessive, voici les lavandières qui arrivent pour se rendre au lavoir. Là, on tape et on frotte, et on dormira mieux ce soir !
Mais voici d’autres personnes qui dormiront bien après cette journée de travail : les tailleurs de pierre de la Forepabe ; ils travaillent dur, mais le résultat est là.
Dans une salle, à l’abri de la poussière, les délicats travaux de dentelle, broderies, couture, décoration de fleurs séchées , sans oublier les nounours sont présentés.
Mais le clou de la fête est sans doute notre « musicien de légume » qui vous fait une flute avec une carotte, un hautbois à partir d’une sucrine ou un saxo avec un concombre, et le son y est !
Les enfants ne sont pas oubliés avec la pêche miraculeuse ou le chamboule-tout,
pour petits et grands, un petit tour en calèche à ânes. Et tout cela est en musique.
C’est bien beau la fête, mais c’est du boulot tout ça.
Cette année encore, l’association « Sentier de l’ô vi ve » nous a offert une belle journée chaleureuse et conviviale. On reviendra avec plaisir l’année prochaine !